PSA : la réduction des émissions de CO2 se fera dans la douleur selon Carlos Tavares

Par Reuters  |   |  414  mots
Carlos Taveres, président du directoire de PSA ets peu amène au sujet de la transition écologique en cours dans le secteur de l'automobile.
Le président du directoire de PSA Carlos Tavares estime, dans un entretien au Figaro, que la volonté des Européens de réduire sensiblement les émissions de CO2 risque de fragiliser une filière automobile qui emploie 13 millions de personnes.

L'effort sera difficile et l'industrie automobile européenne pourrait y laisser des plumes. C'est en substance le message délivré par le président du directoire de PSA Carlos Tavares qui estime, dans un entretien au Figaro ce lundi 4 mars, que la volonté des Européens de réduire sensiblement les émissions de CO2 pourrait être à même de déstabiliser les entreprises automobile européennes. "Le vote du Parlement européen est un vote contre l'industrie européenne. (...) Le chemin qui est pris nous emmène dans l'impasse et ce sera très douloureux", prévient le dirigeant, qui est également président de l'Acea, dans l'entretien mis en ligne sur le site du Figaro à la veille de l'ouverture du salon de l'automobile de Genève.

" Cela met en risque les 13 millions de personnes qui travaillent dans notre industrie et cela déstabilisera très certainement nos sociétés européennes", ajoute Carlos Tavares, qui se défend de tout chantage à l'emploi. Sans remettre en question le passage aux véhicules électriques, le dirigeant du constructeur français estime que cette transition nécessite "un pilotage stratégique". Un raisonnement qui pousse le président du directoire de PSA à s'interroger, de fait, sur le financement de cette transition nécessaire.

"Le capital initial nécessaire est colossal"

"Comment les États, exsangues, au bout de leurs capacités d'endettement, de déficit et de pression fiscale, trouveront-ils l'argent pour financer les réseaux de chargement ?", questionne Carlos Tavares. La France et l'Allemagne ont promis mi-février une nouvelle politique industrielle volontariste prévoyant notamment la mise en place d'un consortium de production des batteries pour les véhicules électriques à travers un investissement commun de 1,7 milliard d'euros.

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"Nous avons étudié le sujet. Le capital initial nécessaire est colossal", estime pour sa part Carlos Tavares, selon lequel la réussite du projet dépendra de l'attitude des autorités européennes vis-à-vis de l'application des règles sur les aides d'Etat. "L'Union européenne sera-t-elle capable de s'élever à ce niveau de vision stratégique, au-delà des simples règles de concurrence intracommunautaires ?", s'interroge-t-il.

Ces déclarations interviennent alors que s'ouvre, ce mardi 5 mars, le salon automobile de Genève durant lequel les constructeurs présenteront de nombreux projets de véhicules électriques, fruits d'investissements massifs, dans un contexte assombri par les guerres commerciales et la peur d'un Brexit "dur".