Brexit : 6 dirigeants sur 10 redoutent un impact négatif sur l'économie

Face au scénario noir d'un Brexit sans accord, 60% des chefs d'entreprise, interrogés dans le cadre de "grande consultation" réalisée par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France, considèrent que ce divorce aurait des répercussions défavorables sur l'économie français.
Grégoire Normand
Le Brexit suscite doutes et interrogations chez les chefs d'entreprise.
Le Brexit suscite doutes et interrogations chez les chefs d'entreprise. (Crédits : Reuters/Benoit Tessier)

Alors que l'échéance du 29 mars approche à très grand pas, les chefs d'entreprise sont plongés dans le brouillard le plus total. Selon la dernière (*) "grande consultation" réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, 60% des patrons interrogés considèrent que le Brexit aura des répercussions négatives sur l'activité tricolore. Dans le même temps, 78% des chefs d'entreprise ne sont pas inquiets par ce divorce. Ce paradoxe illustre toutes les difficultés du Royaume-Uni à sortir de cette impasse qui dure depuis plus de deux ans et demi.

De leur côté, les Britanniques sont également dans l'incertitude la plus totale. La Première ministre, Theresa May, a proposé mardi 26 février aux députés britanniques, s'ils ne ratifient pas d'ici au 12 mars le projet d'accord de retrait négocié avec les Européens, de voter pour ou contre une sortie sans accord de l'UE  à la date prévue du 29 mars, puis sur un report "court et limité" du Brexit. Les milieux économiques et financiers des deux côtés de la Manche redoutent une sortie brutale du royaume alors que Londres représente un partenaire commercial et financier majeur pour le Vieux continent.

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Plus d'inquiétude dans le commerce

Les résultats du sondage indiquent d'importants contrastes selon les secteurs. Ainsi, 25% des répondants dans le commerce et dans les services redoutent le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. Dans l'industrie (14%) et la construction (10%), la part des dirigeants inquiets est beaucoup plus faible. Des secteurs pourraient être ainsi plus exposés que d'autres.

Dans un récent entretien accordé à La Tribune, le directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii) Sébastien Jean rappelait que "les secteurs les plus directement touchés seraient ceux ayant des chaînes d'approvisionnement complexes et réparties entre le Royaume-Uni et le continent, comme l'aéronautique ou l'automobile. L'agriculture pourrait également être touchée, il s'agit d'un secteur sensible pour la France dans ce contexte, notamment s'agissant des produits laitiers (fromages notamment), de l'élevage, du vin et des préparations alimentaires". Il existe des disparités selon la taille de l'entreprise. Ainsi, 22% des interrogés chez les sociétés ayant des effectifs  entre 0 et 9 salariés expriment des craintes. Chez les entreprises de plus de 10 salariés, cette proportion s'élève à 29%.

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Des conséquences négatives sur l'économie européenne

Interrogés sur les conséquences possibles d'un Brexit sans accord, 64% des chefs d'entreprise considèrent que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne aura des conséquences négatives sur l'économie du Vieux continent. 28% estiment qu'elle n'aura pas de conséquences et seulement 5% pensent qu'elle aura des impacts favorables.

Au niveau de l'économie tricolore, l'opinion des chefs d'entreprise est relativement similaire. Ils sont 60% à répondre que le Brexit aura des répercussions défavorables quand 29% pensent que cela n'aura pas de conséquences. Enfin, 86% des dirigeants jugent que le Brexit n'aura pas de répercussions sur leur entreprise.

Là encore, il existe de fortes divergences selon les secteurs. Ainsi, si 81% des chefs d'entreprise dans le commerce affirment que le Brexit aura des conséquences négatives sur l'économie européenne, ils sont 59% dans les services et 58% dans l'industrie à exprimer ce point de vue. A l'échelle de l'économie hexagonale, ce sont les dirigeants du commerce qui apparaissent les plus inquiets en proportion (75%).

Les chefs d'entreprise attachés à l'euro

Interrogés sur les réalisations de l'Union européenne, les chefs d'entreprise sont en majorité attachés à l'euro (60%). La monnaie unique,entrée en circulation le premier janvier 2002, demeure très populaire dans les entreprises de 10 salariés (68%) ou plus et dans le secteur des services (64%). Viennent ensuite la libre-circulation des personnes, des biens et des capitaux (37%) ou encore le programme d'échange Erasmus crée en 1987(33%). En revanche, les personnes interrogées (8%) semblent beaucoup moins attachées à la politique agricole commune (PAC).

Pour affronter les grands problèmes dans les années à venir, 49% des chefs d'entreprise interrogés pensent "qu'il faut renforcer les pouvoirs de décision de notre pays même si cela doit conduire à limiter ceux de l'Europe". A l'inverse, 29% déclarent qu'il faut renforcer les pouvoirs dé décision de l'Europe "même si cela doit conduire à limiter ceux de l'Europe". Enfin, 18% affirment qu'il ne faut rien changer à la situation actuelle. Concernant les prochaines élections européennes qui doivent avoir lieu le 26 mai prochain, 42% des chefs d'entreprise pensent que ces élections ne servent à rien tandis que 43% indiquent que le parlement européen ne sert à rien.

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L'optimisme se redresse

Après avoir fortement chuté entre octobre et décembre, l'indicateur qui mesure l'optimisme chez les chefs d'entreprise se redresse depuis janvier pour atteindre 96 contre 84 en décembre. Ce chiffre représentait le point le plus bas depuis janvier 2015. Et cette évolution est visible aussi bien chez les entreprises ayant entre 0 et 9 salariés que chez les entreprises ayant plus de 10 salariés dans leurs effectifs. Le sentiment qui domine l'état d'esprit des dirigeants est la confiance avec un bond de plus de 12 points par rapport à janvier.

Questionnés sur le contexte actuel, ils sont 52% à affirmer que c'est très bien en ce moment contre 45% en janvier. Concernant les perspectives, ils ne sont plus que 14% à penser que ce sera mieux demain contre 23% le mois précédent. La plupart des institutions internationales ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2019 et le coup de frein des grandes économies mondiales ne devraient pas améliorer les perspectives pour les chefs d'entreprise.

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Bandeau Grande Consultation

(*)Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 614 dirigeants d'entreprise La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. L'échantillon a été interrogé par téléphone. Les interviews ont été réalisées du mercredi 13 au mercredi 20 février 2019.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 28/02/2019 à 8:52
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Tu m'étonnes qu'ils soient rincés vu le nombre de fois qu'on leur demande depuis 3 ans: "Oui oui vous avez raison ça va être horrible ! Quoi !? Ben on sait pas mais ça va être horrible c'est sûr ! On pourrait passer à autre chose maintenant ?" Le...

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