Renault-Nissan : Emmanuel Macron militerait en coulisse pour une fusion

Par latribune.fr  |   |  469  mots
Emmanuel Macron demande à Carlos Ghosn une fusion entre Renault et Nissan, une intrusion stratégique que l'Etat français s'était jusque-là interdit de faire.
D'après Reuters, le ministre de l'Economie aurait exigé de Carlos Ghosn que celui-ci fusionne Renault et Nissan. Le patron des deux constructeurs alliés n'a jamais défendu un tel scénario, préférant celui d'une collaboration intégrée.

Réunion de crise mardi 3 novembre, révélations d'un projet de fusion le lendemain... Le bras de fer entre l'Etat et Carlos Ghosn, Pdg de Renault, prend de nouvelles proportions. L'agence de presse Reuters révèle qu'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, accentue la pression sur le patron de Renault pour le contraindre à fusionner Renault et Nissan.

Relations exécrables entre Carlos Ghosn et l'Etat

Cette information jette une lumière nouvelle sur les relations entre l'Etat et Carlos Ghosn, qui se sont largement détériorées depuis la montée de l'Etat dans le capital de Renault en avril dernier.

La montée de l'Etat dans le capital de Renault en avril dernier avait été mal vécu par le constructeur japonais qui, depuis, réclame un rééquilibrage des termes de l'alliance notamment en termes capitalistiques. Nissan ne possède ainsi aucun droits de vote dans le groupe français malgré sa participation de 15%.

L'Etat veut une fusion, Carlos Ghosn surtout pas

D'après Reuters, le ministère de l'Economie exhorte Carlos Ghosn depuis des mois à mettre sur pied une équipe travaillant sur les modalités d'une fusion des deux entreprises. Mais Carlos Ghosn s'y serait refusé. Celui qui est également PDG de Nissan n'a jamais défendu, publiquement du moins, l'idée d'une fusion, préférant construire une collaboration étroite et progressive afin de ne pas heurter les sensibilités culturelles des deux entreprises dont il sait qu'elles peuvent être source d'échec. Il s'appuie sur de nombreux exemples de fusions ratées pour des raisons de cultures managériales antagonistes: le rachat de Chrysler par Daimler, le rapprochement de Volkswagen avec Suzuki, ou même le mariage entre Renault et Volvo dans les années 1990.

De plus, le rapport de force entre les deux sociétés ne justifieraient pas la prise de contrôle de Nissan par Renault. Celui-ci est deux fois plus petit en termes de volumes de vente, et Nissan fournit près des deux tiers des profits de l'alliance. D'ailleurs, il serait question d'un rééquilibrage des termes de l'alliance où les deux parties détiendraient des participation croisées entre 25 et 35% du capital.

Le gouvernement tenu à l'écart des questions stratégiques

Jusque-là, le gouvernement ne s'était pas encore mêlé des orientations stratégiques de Renault. Sa montée dans le capital du constructeur automobile visait, officiellement, à faire adopter la règle des droits de vote double, que le conseil d'administration refusait.

Pourtant, la semaine dernière, Emmanuel Macron avait déclaré aux "Echos" qu'il partageait "avec Carlos Ghosn une vraie convergence de vues quant à la vision industrielle".

"Ma volonté, c'est que Renault réussisse avec l'alliance", a-t-il ajouté.

Avec cette phrase, il confortait ainsi la stratégie d'alliance menée par Carlos Ghosn.