Renault se prépare à une nouvelle offensive dans la voiture électrique

Par Nabil Bourassi  |   |  676  mots
Renault pourrait lancer une nouvelle génération de Zoé à partir de 2020 sur une même plateforme que la Nissan Leaf.
Après avoir mis en pause l'ambitieux programme de voiture électrique lancé en 2009, Renault réfléchit à le relancer et à l'étendre sur de nouveaux segments comme les utilitaires. Le groupe automobile français plancherait également sur une voiture électrique low cost qui lui permettrait de percer en Chine.

Renault repartirait à l'offensive dans la voiture électrique. D'après Les Echos, le groupe automobile français serait en train de réflechir à une extension de sa gamme électrique. Jusqu'ici, Carlos Ghosn avait exclu d'aller plus loin dans l'expérience électrique estimant que les quatre modèles proposés étaient suffisants pour couvrir les besoins du marché.

La Zoé, l'essentiel des ventes

En réalité, sur ces quatre modèles (Fluence, Kangoo, Twizy et Zoé), c'est la Zoé qui fait l'essentiel des ventes. Sur 30.000 voitures électriques vendues dans le monde en 2016, 24.000 sont des Zoé.

Mais Renault est désormais prêt à aller plus loin dans la voiture électrique. D'abord parce que cette technologie n'est plus taboue. L'opinion publique est plus ouverte sur le sujet, les pouvoirs publics investissent plus volontiers dans les infrastructures, et les concurrents multiplient les annonces.

Le groupe français serait donc prêt à repartir à la bataille. D'abord, en portant l'autonomie de l'actuelle Kangoo vers les 300 km, comme la Zoé, soit le double de l'autonomie actuelle. Toujours d'après Les Echos, il semblerait que Renault réfléchisse également à électrifier son Master. La marque au losange rejoindrait ainsi son allié Nissan qui propose déjà un utilitaire électrique (le e-NV200).

Renault et Nissan travailleraient également à une plateforme commune pour la génération suivante de leurs voitures électriques phares : la Zoé pour le premier, et la Leaf pour le second. Cette nouvelle génération ne serait toutefois pas lancée avant 2020.

Voiture électrique low cost, le véritable enjeu

En fait, c'est le projet de voiture électrique low cost de Renault révélée par Les Echos qui parait le plus intéressant. Celle-ci pourrait être issue d'une électrification de la plateforme qui a servi à construire le Kwid, la voiture à 3.500 euros commercialisée en Inde.

Ainsi, la voiture électrique que commercialiserait Renault en Chine pourrait coûter seulement 8.000 dollars hors subventions, soit trois à quatre fois moins qu'une Zoé. Bien sûr, il s'agirait d'une voiture low cost, et donc les prestations seront minimalistes : autonomie de 100 km, vitesse maximale de 100 km/h, des batteries achetées à des fabricants locaux...

"En Chine, on compte 500.000 véhicules électriques à basse vitesse qui ne sont pas homologués et comptabilisés dans les statistiques. L'idée est de s'insérer dans ce paysage", indique aux Echos Marc Soulas, ingénieur en chef du programme.

Pour Renault, l'enjeu est de pénétrer le marché des petites voitures électriques chinoises qui ont le vent en poupe, dans un contexte où les voitures thermiques sont contraintes par des réglementations restrictives. Renault se mesurerait alors, sur ce segment très spécifique, à des marques chinoises seulement, et espère ainsi tirer son épingle du jeu. Ce serait alors une véritable aubaine pour la marque française qui a ouvert sa première usine chinoise il y a quelques mois seulement, et qui donc, ne part de rien.

Carlos Ghosn a-t-il eu raison trop tôt ?

Rien ne dit toutefois si ce modèle sera commercialisé sous la marque Renault, ou sous le label Fengnuo, la marque que le français était tenue de lancée en Chine dans le cadre de sa licence d'implantation locale. Fengnuo commercialise déjà une Fluence rebaptisée E300 EV. Il est également possible que le modèle soit lancé sous les deux marques.

Carlos Ghosn doit probablement boire du petit lait. Il avait été le seul à lancer en 2009 d'ambitieux programmes électriques prophétisant une explosion du marché de l'électrique en 2020 avec 10% du marché. A l'époque, le patron de Renault-Nissan tablait notamment sur un cours du pétrole cher, plus de 100 dollars le baril. Entre-temps, celui-ci s'est effondré et tourne autour de 40-50 dollars. Peu de projections donnent la voiture électrique à plus de 2-3% du marché mondial à l'horizon 2020. En fait, Renault pense désormais à une autre échéance, autour de 2021-2022,  au cours de laquelle l'électrique verrait une nouvelle rupture technologique. C'est à ce moment-là que Renault espère voir enfin s'accomplir sa prémonition d'un boom de la voiture électrique.