Voitures électriques : pour contrer la menace de la Chine, Stellantis s’allie avec le constructeur chinois Leapmotor

Par latribune.fr  |   |  764  mots
Leapmotor propose en France, le T03, à 26.000 euros, en France pour répondre à la demande du marché en voitures électriques d'entrée de gamme. (Crédits : Leapmotor)
Stellantis va acquérir 20% du constructeur chinois de voitures électriques Leapmotor, alors que les marques européennes tentent d'éviter la débâcle sur un marché chinois très compétitif en coopérant avec des constructeurs locaux. Le constructeur français veut aussi aider la startup chinoise à s'implanter à l'international qui est déjà présente en France avec le T03, une voiture électrique entrée de gamme.

Alors que les constructeurs européens sont menacés par les constructeurs de voitures électriques chinois, Stellantis fait le choix de s'allier avec l'un d'eux pour mieux pour conquérir l'Europe. Le constructeur français a annoncé ce jeudi être monté au capital de la startup chinoise Leapmotor, méconnue en Europe, même si elle écoule chaque mois 10.000 voitures électriques en Chine.

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Les deux partenaires vont aussi créer une coentreprise pour développer les ventes de cette jeune pousse à l'international, en commençant par l'Europe à partir du second semestre 2024, selon un communiqué. Baptisée Leapmotor International, cette coentreprise sera détenue à 51% par Stellantis et détiendra « les droits exclusifs de fabrication, exportation et vente des produits Leapmotor en dehors de la Chine », est-il précisé.

Déjà 200 véhicules Leapmotor sur les routes françaises

« Nous estimons que le moment est idéal pour contribuer activement à la stratégie d'expansion internationale de Leapmotor, l'un des nouveaux acteurs les plus remarquables du secteur des véhicules électriques, qui partage avec nous le même esprit d'entreprise axé sur la technologie », a déclaré Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, groupe italo-franco-américain, cité dans le communiqué.

« Stellantis a également besoin d'une exposition au marché chinois. Nous n'avons pas eu beaucoup de succès en Chine, c'est pourquoi nous préférons nous appuyer sur un partenaire chinois. Pour gagner en Chine, il vaut mieux gagner avec une entreprise chinoise » a pu aussi préciser le patron de Stellantis lors d'une conférence de presse tenue à Hangzhou. « Leapmotor et (Le directeur général) Zhu apportent un profil unique de bonne gestion des finances de l'entreprise, un esprit flexible et une forte volonté de se développer dans le monde entier. Il s'agit d'une course de vitesse. Nous pouvons contribuer à améliorer cette vitesse », a-t-il aussi  déclaré, assis à côté de Zhu Jiangming, directeur général de Leapmotor.

 Avec 200 véhicules sur les routes françaises depuis le printemps dernier, Leapmotor espère obtenir toutes les autorisations nécessaires de l'Union européenne afin de se déployer plus largement en France, sa première cible en Europe. La start-up y propose déjà  le T03, à 26.000 euros en France pour répondre à la demande du marché en voitures électriques d'entrée de gamme.

Les constructeurs européens multiplient les partenariats en Chine

Stellantis était déjà engagé en Chine via une coentreprise avec le constructeur local Dongfeng Motor pour vendre ses voitures Peugeot et Citroën dans le pays. Mais le groupe a annoncé la semaine dernière vendre à Dongfeng les trois usines détenues par leur coentreprise, dans la ligne de sa « stratégie d'allègement » de ses actifs en Chine. « Dans les partenariats précédents, Stellantis n'était pas le promoteur du développement des marques chinoises à l'étranger. Si nous développons Leapmotor à l'étranger, cela lui permettra d'être plus compétitif sur le marché chinois », a expliqué Carlos Tavares. Ces derniers temps, les constructeurs européens multiplient les partenariats avec les entreprises chinoises pour conquérir la clientèle locale, à l'image de Volkswagen et de XPeng qui ont annoncé cet été le développement commun de modèles à destination du marché local. Une stratégie qui s'inscrit dans un contexte compliqué pour les constructeurs européens face à la Chine

Pour le secteur, la Chine a pris « dix ans d'avance » sur l'électrique

Ainsi mardi, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie a tenté de répondre aux inquiétudes de la filière automobile réunie à Paris, face à la « révolution » du tout électrique. Le ministre a promis « d'accompagner la filière » face à la nécessité de « passer en quelques années du siècle thermique au siècle électrique ». Il a insisté sur les dispositifs étatiques qui permettront selon lui de conjuguer passage à l'électrique, réindustrialisation française et souveraineté économique : « au 1er janvier 2024, toute la production de batteries électriques en France pourra bénéficier d'un crédit d'impôt », a-t-il promis, pour contrer une fabrication actuellement dominée par des groupes asiatiques. Pour Bruno Le Maire, « la Chine a pris cinq ans d'avance » sur l'électrique, le secteur évoque plutôt « dix ans ». « Ce n'est pas irrattrapable, mais cela suppose de mettre les bouchées doubles », a tenté de rassurer le ministre. Le gouvernement et le secteur doivent d'ici quelques jours signer un nouveau contrat de filière, qui prendra effet en 2027.

 (Avec agences )