Crédit immobilier : face à la montée des taux, les banques se disent prêtes à assouplir leurs conditions

Par latribune.fr  |   |  571  mots
Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF). (Crédits : DR)
Face au ralentissement de la production de crédits, les banques sont prêtes à imaginer des « dérogations » sur certains dossiers qui auraient du être refusés selon leurs critères initiaux. « Dans le cadre des critères actuels et si les autorités nous y invitent, nous sommes prêts à discuter », a affirmé Maya Atig, la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF).

Les candidats à la propriété le constatent depuis plusieurs mois, suite la montée des taux d'intérêts des banques centrales : les conditions de crédits se sont durcies pour les particuliers auprès des banques de détail. Alors que les établissements bancaires vendaient encore des prêts à taux zéro avant la période Covid, le taux moyen des crédits immobiliers (hors assurances et frais) a poursuivi sa hausse en avril, pour atteindre 3,15%, soit 11 points de base de plus, selon les derniers chiffres de l'Observatoire du Crédit Logement.

Face à ce « ralentissement notable » du crédit immobilier constaté depuis « début 2022 », les banques françaises sont prêtes à « discuter » d'assouplissements règlementaires, a déclaré vendredi la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Maya Atig.

Bruno Le Maire avait évoqué le 4 mai des « assouplissements » possibles aux règles en vigueur depuis le 1er janvier 2022. Le ministre de l'économie avait prévu d'évoquer les dérogations avec le gouverneur de la Banque de France, qui avait de son côté souligné ne pas vouloir « pousser au surendettement ».

Le production de crédits en jeu

Déjà, a été mis en place, pour les banques, la revalorisation du taux d'usure chaque mois (jusqu'en juillet). Ceci leur permet d'ajuster plus rapidement les taux au coût du refinancement. Le taux d'usure (assurances comprises) est d'ailleurs passé à 4,52% au 1er mai pour un crédit sur 20 ans.

« C'est une mesure positive » qui a « fluidifié la production » de crédit. Et cette production reste "forte" malgré le ralentissement, a relevé Mme Atig.

Malgré cela, alors que les banques centrales (Fed et BCE) ont finalement écarté l'idée de faire une pause dans le durcissement monétaire, face à une inflation persistante, les banques risquent de perdre encore une bonne partie de clients potentiels au crédit.

Résultat, elles sont prêtes à imaginer des « dérogations » sur certains dossiers qui auraient du être refusés selon leurs critères initiaux. « Dans le cadre des critères actuels et si les autorités nous y invitent, nous sommes prêts à discuter pour simplifier ces poches de dérogation sur les conditions d'octroi des crédits », a déclaré Maya Atig dans une interview vendredi au Parisien.

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Des dérogations, notamment pour les primo-accédants

Elle fait référence à la possibilité qu'ont les banques de déroger aux règles selon lesquelles elles ne peuvent prêter qu'à condition que le taux d'effort, c'est-à-dire le montant total des dépenses liées à l'habitation rapporté aux revenus, ne dépasse pas 35%, et pour 25 ans maximum (ou 27 ans en cas de travaux préalables à l'emménagement).

Les banques peuvent le faire pour 20% des crédits, à condition que ces dérogations concernent essentiellement l'acquisition d'une résidence principale et visent dans un tiers des cas à soutenir des primo-accédants.

Le directeur général adjoint de Société Générale Sébastien Proto, interrogé à l'occasion de la publication des résultats trimestriels de la banque vendredi, a abondé en ce sens.

« Nous soutenons comme nos pairs (...) une modification de certains curseurs" qui encadrent l'octroi du crédit immobilier, a-t-il indiqué, "et je pense notamment à ce qui concerne l'investissement locatif ».

(avec AFP)

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