L'opération coup de poing de la mairie de Paris met la pression sur Airbnb

Par latribune.fr  |   |  525  mots
La mairie de Paris a lancé depuis plusieurs mois une campagne de lutte contre la transformation illégale de logements en meublés touristiques.
La Mairie de Paris a lancé, hier mercredi et jusqu'à vendredi, une opération de contrôle des meublés touristiques à l'échelle de tout un quartier de la capitale. Parce que ces logements sont souvent occupés via des plateformes de location Internet comme Airbnb, leurs propriétaires sont accusés de faire grimper les prix.

La mairie de Paris emploie les grands moyens contre les locations touristiques illégales. En trois jours (du mercredi 20 mai au vendredi 22 mai), 65 à 80 immeubles situés dans le quartier du Marais (4e arrondissement de Paris) vont être contrôlés par une vingtaine d'agents de la direction logement et habitat, a affirmé mercredi à l'AFP l'adjoint en charge du Logement, Ian Brossat.

Pour repérer les logements en infraction, la Mairie s'est fondée sur "des signalements [1.500 par an]" et sur les informations que "les agents ont pu repérer sur les plateformes de location Internet [des annonces pour des meublés touristiques qu'on voit toute l'année sur les sites d'Airbnb, Housetrip, Wimdu]", a rapporté Ian Brossat.

Ampleur inhabituelle

Cette opération-là est d'une ampleur inhabituelle. Selon l'adjoint en charge du Logement, la mairie effectue chaque année 400 à 500 contrôles en moyenne, et 900 dossiers sont en cours d'instruction.

Pour mémoire, les règles sont les suivantes: les propriétaires peuvent louer pour de courtes durées leur résidence principale dans la limite de quatre mois par an; s'agissant des résidences secondaires, toute location doit faire l'objet d'une autorisation de la municipalité, a rappelé Ian Brossat.

Campagne de plusieurs mois

La mairie de Paris a lancé depuis plusieurs mois une campagne de lutte contre la transformation illégale de logements en meublés touristiques. Le phénomène est particulièrement aigu dans les arrondissements du centre de la capitale. Ainsi, le 4e arrondissement n'a pas été choisi par hasard: il a vu sa population chuter de 42.000 à 37.000 habitants entre 1990 et 2012.

Au total, près de 100.000 Parisiens sont dans l'attente d'un logement social, et le déséquilibre entre l'offre et la demande de logements dans le secteur privé est tel que les prix, à l'achat comme à la location, y sont plus de deux fois supérieurs aux plus grandes villes de province.

Paris ne se dit pourtant pas l'ennemi d'Airbnb

Paris ne mène pas pour autant une vraie guerre contre Airbnb. Lors de la visite de Brian Chesky, patron d'Airbnb, la mairie de la capitale n'avait pas caché l'intérêt que représente le site américain de location touristique.

"L'offre de logements est un outil important pour l'attractivité de Paris", a affirmé Bruno Julliard, hôte du jour de Brian Chesky à l'Hôtel de Ville. Le premier adjoint au maire de Paris, aussi chargé de la Culture, du Patrimoine et des Entreprises culturelles, évaluant le prix moyen de la nuitée dans un hôtel à 175 euros, a ajouté que:

"Airbnb est devenue une offre essentielle d'hébergement à Paris, notamment pour les plus jeunes. Ça répond aussi à un déficit de chambre d'hôtels."

Brian Chesky, le Pdg et fondateur du site, avait alors confirmé que son entreprise se chargerait de la collecte puis du versement de taxe de séjour acté en novembre dernier par les députés français. Ce dispositif prévoit que les hôtels non classés et les "établissements de caractéristiques équivalentes", comme les hébergements dits non traditionnels type Airbnb, Bedycasa ou encore Sejourning, seront taxés à hauteur de 0,75 euro contre 0,40 euros.