Logement intermédiaire : "Il faut un véritable choc d'offre ! " Hervé Legros, Alila

Par César Armand  |   |  541  mots
Le président-fondateur du groupe Alila, Hervé Legros. (Crédits : DR)
Selon un sondage Elabe pour le groupe Alila, l'immense majorité des locataires français estiment que le logement devrait être une priorité lors des prochaines élections municipales. Or, sur 10 logements sociaux construits, seul un est un logement intermédiaire, regrette le président-fondateur d'Alila, Hervé Legros, commanditaire de l'enquête...

LA TRIBUNE - Selon votre sondage Elabe (voir ci-dessous en bas de l'article, Ndlr), 78% des locataires estiment que le logement devrait être une priorité lors des prochaines élections municipales. A six mois du scrutin, trouvez-vous que ce soit le cas ?
HERVE LEGROS - Malheureusement non ! On parle beaucoup des questions liées à l'environnement, à la mobilité, à la sécurité mais très peu de logement. Pourtant cette étude vient souligner son importance aux yeux des Français. Ils ont raison ! Il faut les écouter !

C'est une situation incompréhensible pour laquelle je veux tirer la sonnette d'alarme à six mois des municipales : se loger à un prix raisonnable est de plus en plus compliqué pour des millions de Français des classes moyennes.

Et pourtant, il existe un dispositif simple qui leur est dédié : le logement intermédiaire (c'est-à-dire des logements neufs vendus à des prix 10 à 15% inférieurs au marché NDLR). Pourquoi les chiffres ne décollent pas massivement dans les métropoles ? Aujourd'hui sur 10 logements sociaux construits, 1 seul est un logement intermédiaire ! Cela prouve bien qu'il y a un problème et qu'il faut un véritable choc d'offre ! Les candidats aux municipales devraient se saisir de ce sujet.

Il faut inciter les métropoles à produire plus de de logements intermédiaires. Certains élus peuvent être réticents car ils pensent que c'est du locatif alors qu'ils privilégient les propriétaires mais la réalité du marché est différente. Il ne faut par confondre les locataires des produits de défiscalisation et ceux des logements intermédiaires ! Le propriétaire également n'est pas le même.

La majorité des sondés estime de même que cette échéance ne devrait pas interrompre la délivrance de permis de construire. Et vous, au quotidien, comment convainquez-vous les maires sortants d'autoriser vos projets ?

C'est un combat difficile que je mène chaque jour avec mes équipes. Convaincre nécessite de la détermination, de la proximité, de l'écoute mais je dirai que c'est surtout une approche au cas par cas.

En mars dernier, le Groupe Alila a lancé un appel aux Maires bâtisseurs pour que la construction de logements ne soit pas freinée par ces élections. Aujourd'hui, et à 6 mois du vote, cet appel devient, à travers cette étude, un appel clair des locataires pour la construction :  71% souhaitent que leurs maires continuent de délivrer des permis de construction dans leurs communes. Ils ont raison ! Il y a urgence !

Les deux tiers du panel sont "surpris" d'apprendre que 8 Français sur 10 sont éligibles au logement social. Comment expliquez-vous un tel résultat ?

Il y a sans doute des procédures trop complexes pour obtenir un logement social, un manque de pédagogie. Je pense surtout que de nombreux locataires se sont détournés du logement conventionné.

Je tiens à rappeler que toute personne « éligible » n'obtient malheureusement pas un logement social automatiquement. Pourquoi ? Car il manque des milliers de logements ; aujourd'hui 2 millions de personnes attendent un logement social. Cette liste ne fait que s'allonger depuis plus de 30 ans !

Comment faire face ? La seule solution c'est tout simplement de construire plus : bailleurs, collectivités, acteurs privés nous avons une responsabilité commune dans ce combat pour le logement pour tous.

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