Covid : feu vert du Royaume-Uni au vaccin français de Valneva sans ARN messager

Par Jérôme Cristiani  |   |  879  mots
(Crédits : Dado Ruvic)
En validant en premier le VLA2001, le Royaume-Uni a aussi fait du vaccin de Valneva, le premier vaccin "français" à être approuvé de ce côté-ci de l'Atlantique. Un vaccin très attendu à cause de sa technologie traditionnelle à virus inactivé qui pourrait convaincre les nombreux réfractaires aux vaccins conçus selon la technologie de l'ARN messager. À la reprise de la cotation des actions, à 13h30, le titre a bondi comme attendu.

[Article publié jeudi 14 avril 2022 à 11:15, mis à jour avec reprise de la cotation Bourse 13:45]

« Le vaccin contre le Covid-19 développé par Valneva a reçu aujourd'hui l'approbation réglementaire de l'Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA, Medecines Healthcare products Regulatory Agency) », a annoncé jeudi le régulateur britannique dans son communiqué.

La MHRA précise que le Royaume-Uni est le premier pays au monde à approuver le vaccin franco-autrichien contre le Covid-19 développé par le laboratoire Valneva.

« Le VLA2001 est actuellement le seul candidat vaccin inactivé et adjuvanté contre la COVID-19 en développement clinique en Europe», se félicite le laboratoire installé à Saint-Herblin (Nantes) ce matin dans son communiqué (*).

Le chemin conduisant à ce succès a cependant été parsemé de nombreux obstacles. Pour rappel, en septembre, le gouvernement britannique avait résilié un contrat d'approvisionnement de 1,4 milliard d'euros avec le laboratoire franco-autrichien qui devait livrer 100 millions de doses de son vaccin que le Royaume-Uni lui avait précommandées en février 2021. Le titre avait alors lourdement chuté.

| Lire: Vaccin anti-Covid-19 : Londres résilie son contrat avec Valneva qui plonge jusqu'à -44% en Bourse

Aujourd'hui, cette autorisation vient s'ajouter à celle reçue en mars 2022 par Valneva pour l'utilisation d'urgence de son sérum de la part du Royaume de Bahreïn, qui lui a acheté 1 million de doses.

Et le processus d'approbation par les autorités de l'UE est toujours en cours, le laboratoire ayant aussi signé un accord avec la Commission européenne pour la fourniture d'un maximum de 60 millions de doses sur deux ans en 2022 et 2023.

Au Royaume-Uni, ce processus d'approbation a été réalisé par la Commission indépendante des médicaments à usage humain et par son groupe de travail d'experts sur le Covid-19, qui, après avoir "soigneusement examiné les preuves disponibles", ont conclu que « le rapport bénéfice/risque est positif », a déclaré le professeur Munir Pirmohamed, président de cette commission, cité dans ce communiqué.

Un vaccin qui pourrait rassurer les réfractaires à l'ARNm

Concernant le périmètre d'utilisation du vaccin Valneva, celui-ci pourra être utilisé chez les personnes âgées de 18 à 50 ans, les première et deuxième doses devant être prises à au moins 28 jours d'intervalle.

Avantage, ce vaccin peut être stocké à la température de réfrigérateurs classiques, ce qui facilite son utilisation.

Mais l'atout clé de ce vaccin pourrait être sa méthode de conception qui se veut "traditionnelle", fondée sur la technologie du virus inactivé, comme celle utilisée pour les classiques vaccins antigrippaux par exemple, et qui pourrait rassurer les réfractaires à la vaccination réalisée avec des produits conçus selon la technologie de l'ARN messager (ARNm), dont ils craignent une mauvaise évaluation d'hypothétiques effets secondaires de très long terme.

Pour avoir une idée du marché potentiel pour ce vaccin, on peut citer à titre d'exemple le nombre de non vaccinés en France qui est de 5 millions de personnes, ou celui des Allemands non vaccinés qui était estimé entre 12 et 15 millions de personnes fin 2021.

Le Royaume-Uni renforce son arsenal anti-Covid-19

Le Royaume-Uni renforce donc son arsenal avec un sixième vaccin contre le coronavirus, après ceux d'AstraZeneca, Pfizer, Moderna, l'unidose Janssen (Johnson & Johnson), et Novavax.

Concernant la polémique sur les risques de thrombose comme effets secondaire du vaccin AstraZeneca qui avaient subi certaines interdictions temporaires, les autorités britanniques avaient d'abord expliqué qu'il n'y avait pas d'augmentation du risque de thromboses chez les vaccinés comparé à la population générale.

Mais néanmoins, ce risque extrêmement rare était bien repéré et les autorités britanniques finançaient une recherche sur son origine et son fonctionnement. Et en décembre 2021, l'origine de ce problème était identifiée et le laboratoire Astrazeneca dit travailler depuis à une solution pour supprimer cet effet secondaire très rare.

Pour rappel, le Royaume-Uni a été durement affecté par la pandémie de coronavirus qui y a fait plus de 171.000 morts. Plus de 92% de la population âgée de 12 ans et plus a reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19, 86,2% une deuxième dose et 67,8% une dose de rappel.

Quant à l'Union européenne, elle a payé un lourd tribut à cette pandémie avec près de 920 000 morts du coronavirus depuis début 2020. Le bilan mondial des décès dépasse les 6 millions décès depuis 2020.

Après la suspension, le cours de Bourse bondit de 15%

A la Bourse de Paris, très logiquement l'action Valneva s'envolait jusqu'à 22% (autour de 18,70 euros) juste après la reprise de sa cotation à 11h30 GMT (13h30, heure de Paris). Le titre avait été temporairement suspendu, à la demande de Valneva, avant l'ouverture du marché dans l'attente de la publication du communiqué de presse du laboratoire confirmant l'autorisation. Puis le titre redescendait petit à petit ramenant vers 15h40 la hausse à 10,91% (16,92 euros).

Pour rappel, le parcours en Bourse de l'action Valneva a été particulièrement chahuté depuis l'annonce du lancement de son vaccin: l'action a perdu 37,7% depuis le début de l'année après avoir gagné 216% en 2021 et 202% en 2020.

(avec AFP et Reuters)

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ANNEXE

(*) Le communiqué publié aujourd'hui par le laboratoire Valneva après l'approbation du régulateur britannique est accessible ici.