L'inégalité d'accès aux soins, la première crainte des Français

Par Jean-Yves Paillé  |   |  366  mots
Une immunothérapie coûterait au moins 80.000 euros par an et par patient dans l'Hexagone, et grimperait jusqu'à 116.000 euros, selon l'institut Curie.
L'accès aux soins est, pour les Français, le sujet qui risque d'être le plus porteur d'inégalités à l'avenir, selon un sondage Viavoice publié jeudi. Les sondés s'inquiètent notamment du prix des nouvelles molécules, qui poussent à la hausse, les dépenses de l'Assurance maladie dédiées aux cancers.

La santé et l'avenir de l'Assurance maladie préoccupe toujours autant les Français. L'institut de sondage Viavoice, dans un questionnaire commandé par l'institut Curie, a demandé aux Français "quels sujets risquent d'être les plus porteurs d'inégalités en France dans les années à venir". L'inégalité d'accès aux soins était la plus citée, par 30% d'entre eux. Et ce, devant l'emploi et l'assurance chômage (26 %) et le système de retraite (23 %). En outre, 42% des personnes interrogées estiment que le système ne pourra pas garantir l'accès aux traitements innovants pour tous dans quelques années. Parmi ces derniers, les trois-quarts jugent que le coût des traitements innovants en sera la cause. Actuellement, pourtant, les traitements contre le cancer, un des domaines thérapeutiques les plus concernés par l'arrivée de ces nouveaux médicaments, représentent un cinquième des dépenses de l'Assurance maladie (3,2 milliards sur 16 milliards d'euros de prise en charge annuelle de la maladie).

Une croissance non-maîtrisée, selon l'Institut Curie

Mais pour le président de l'Institut Curie Thierry Philip, qui avait signé l'appel de 110 cancérologues demandant aux autorités de maîtriser le prix des nouveaux anticancéreux, la crainte des Français est justifiée. "Si l'on se projette en 2025 avec la croissance des prix actuelle, le coût des traitements grimperait à dix milliards d'euros", fait-il valoir, lors de la présentation du sondage, jeudi 7 septembre. Il évoque ainsi un surcoût annuel attendu à plus de 1 milliard d'euros par an, qui mettrait en difficulté les objets de l'Assurance maladie. Le Conseil national de l'institution avait lui-même souligné en mai une augmentation des dépenses dédiées au cancer, mais de 1,568 milliard d'euros entre 2012 et 2015. Une croissance dopée par les immunothérapies en particulier (des traitements qui stimulent les défenses immunitaires contre les tumeurs).

Selon l'Institut Curie, une immunothérapie coûterait au moins 80.000 euros par an et par patient dans l'Hexagone, et grimperait jusqu'à 116.000 euros. A noter que l'institution se base sur le prix facial, c'est-à-dire sans compter les remises éventuelles - et non dévoilées - faites par le laboratoire à l'Assurance maladie.