"Vaccin de singe" : l'UE accuse la Russie de calomnier les concurrents de son Spoutnik V pour préserver ses parts de marché

Par Reuters  |   |  572  mots
Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne, est le haut-représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Service européen pour l’action extérieure. Le SEAE gère les relations diplomatiques de l’UE avec les pays non membres et mène la politique étrangère et de sécurité de l’Union. (Crédits : Reuters)
Trop, c'est trop. Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, vient de mettre le holà à la guerre de propagande à base de "fake news" à laquelle se livre Moscou à l'encontre des vaccins concurrents du sien. La Russie a maintes fois nié ces accusations et affirme de son côté que Spoutnik V est la cible d'une campagne de désinformation soutenue par l'étranger.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a affirmé lundi après-midi que les médias publics russes ont diffusé de fausses informations sur les vaccins anti-coronavirus européens et américains dans les pays où la Russie entend commercialiser son propre vaccin.

"Les concepteurs de vaccins occidentaux sont ouvertement tournés en dérision par les médias russes multilingues contrôlés par l'État, ce qui a conduit dans certains cas à des affirmations absurdes selon lesquelles les vaccins transformeront les gens en singes", a déclaré Josep Borrell dans un article publié sur son blog sur le site du Service Européen pour l'Action Extérieure (SEAE).

"De tels récits sont apparemment dirigés vers des pays où la Russie veut vendre son propre vaccin, Spoutnik V", a ajouté Josep Borrell, notant que ces démarches menaçaient la santé publique dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Il n'a donné aucun exemple précis. (voir cependant notre exemple ci-après)

La Russie nie les accusations de l'Union européenne

Moscou a maintes fois nié ces accusations et affirme, de son côté, que, au contraire, c'est son vaccin Spoutnik V qui est la cible d'une campagne de désinformation soutenue par l'étranger.

Les trois entités impliqués dans le vaccin russe (le Fonds russe d'investissement direct qui est chargé de commercialiser le vaccin à l'étranger, le ministère russe de la Santé et Roskomnadzor, le service de supervision des communications) n'ont pas répondu immédiatement à des demandes de commentaire.

Les autorités russes en première ligne de l'offensive médiatique

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la presse que le vaccin Spoutnik V était plus fiable parce qu'il était basé sur un adénovirus trouvé chez l'homme, comparé à celui d'AstraZeneca, un "vaccin de singe", dont les essais clinique ont momentanément été interrompus en septembre en raison d'une maladie inexpliquée contractée par un participant.

Lire aussi : Coronavirus : près de 900.000 morts et suspension des essais du vaccin d'Oxford

Le vaccin d'AstraZeneca, développé en collaboration avec l'Université d'Oxford, fait appel à une version modifiée d'un virus du rhume des chimpanzés, ce qui est différent des vaccins à ARN messager développés par Pfizer/BioNTech et Moderna. La technologie ARN messager consiste à injecter des brins de code génétique, et non un virus inactif, pour déclencher une réponse immunitaire.

-

[Dimitri Kiselev, présentateur vedette de Russia24, la chaîne télé gouvernementale russe, expliquait à sa manière en octobre dernier les avantages du vaccin russe sur le vaccin d'AstraZaneca et de l'Université d'Oxford et revenait sur les accusations des médias britanniques qui avaient crié au scandale quand Kiselev avait présenté sur son plateau une caricature anti-vaccin britannique (à droite de l'image: "Don't worry, Monkey Vaccine is fine"). Crédit: Russia24 via Youtube à partir de ce JT mis en ligne le 18 octobre 2020 - pour les non-russophones, activez l'option sous-titrage de Youtube]

10 millions de doses du Spoutnik V pour l'Argentine

La semaine dernière, la Russie a expédié son premier lot de vaccins anti-coronavirus à l'Argentine dans le cadre d'un marché de 10 millions de doses. Elle a signé des accords d'approvisionnement avec un certain nombre d'autres pays d'Amérique latine et d'Asie. L'injection russe coûte moins de 20 dollars (16,37 euros) par personne pour les deux doses nécessaires.