Onze pays européens n’envisagent pas de sortir du charbon

Par Frédéric Simon, Euractiv  |   |  580  mots
En 2030, la production d'électricité en Europe se concentrera surtout en Pologne et en Allemagne. (Crédits : China Daily CDIC)
Plusieurs États européens – Pologne en tête – ne prévoient pas de baisse significative ou de sortie du charbon, tout en bénéficiant de fonds européens pour la transition énergétique. Un article de notre partenaire Euractiv.

L'analyse des 28 projets de plans nationaux en matière d'énergie et de climat soumis par les États à la Commission européenne révèle que certains pays n'ont aucune intention de se priver du charbon. Selon les ONG Réseau Action Climat Europe et Sandbag, 11 pays ne prévoient qu'une légère diminution, voire pas de diminution du tout, de leurs capacités d'ici 2030, Seuls huit États membres proposent concrètement d'éliminer le charbon de leur bouquet énergétique. Deux pays ont promis de le faire, mais sans spécifier de date. Un niveau d'engagement bien en deçà de ce qui est nécessaire pour respecter l'accord de Paris pour le climat, selon lequel le charbon doit être éliminé aussi rapidement que possible partout dans le monde, afin de limiter le réchauffement planétaire à 2°C. Pour les régions riches, comme l'Europe, cela revient à éliminer le charbon d'ici 2030, au plus tard.

« Notre analyse montre que l'UE passera bien loin de son objectif climatique », préviennent CAN Europe et Sandbag. Sur le papier, les capacités liées au charbon encore présentes en 2030 se concentreront dans six États : Pologne, Allemagne, République tchèque, Bulgarie, Roumanie et Grèce. Il devrait alors y avoir 60 GW de capacités installées dans toute l'UE, soit 58 % de moins que les 143 GW actuels. 22,9 GW seront en Pologne et 17 GW en Allemagne. Cela ne veut pas dire qu'aucun effort n'est fait. C'est aussi en Allemagne, par exemple, que le plus de capacités seront éliminées : -61 %, de 44,4 à 17 GW. Le Royaume-Uni est aussi ambitieux et prévoit de passer de 11,6 GW à zéro. Par contre, en Pologne, la réduction est plus modeste, à seulement 15 %, de 26,9 à 22,9 GW. La Slovaquie, la Slovénie et la Bulgarie ne prévoient quant à elles aucun changement d'ici 2030. Elles produisent respectivement 0,6, 1,0 et 4,7 GW.

« Les retardataires du climat ne doivent pas s'en tirer comme ça »

Pour les groupes de défense du climat, c'est tout simplement inacceptable. « Nombre des États membres qui n'ont aucun plan de sortie du charbon bénéficient déjà de divers programmes européens de soutien à la transition énergétique et demandent davantage de financements », soulignent les auteurs de l'analyse. La Pologne est le pays qui demande des fonds supplémentaires avec le plus de véhémence, arguant que les fonds climatiques ont pour but de minimiser les aspects sociaux de la transition énergétique. Outre les milliards d'euros de fonds régionaux européens, les pays qui dépendent encore du charbon pourraient recevoir jusqu'à 26 milliards d'euros du Fonds de modernisation du marché du carbone entre 2021 et 2030.

« Les États membres dépendant du charbon veulent le beurre et l'argent du beurre », dénonce Charles Moore, de Sandbag. « La Commission européenne ne peut continuer à assister financièrement ces pays que s'ils présentent des projets concrets de sortie du charbon. » Joanna Flisowska, coordinatrice sur le charbon de CAN Europe trouve aussi que l'exécutif « doit demander des comptes aux gouvernements sur la qualité de leurs plans nationaux »« Les retardataires du climat ne doivent pas s'en tirer comme ça. L'UE doit contribuer à une transition énergétique juste dans les régions charbonnières, sur la base d'engagements crédibles et ambitieux clairement articulés dans les plans nationaux », ajoute-t-elle.

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Par Frédéric Simon Euractiv.com (traduit par Manon Flausch)

(Article publié le vendredi 31 mai 2019 à 8:00)

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