Charbon : Société Générale accentue son désengagement

La banque a annoncé ce jeudi 23 mai qu'elle arrêterait de traiter avec des entreprises dont plus de 50% de l'activité est réalisée dans le charbon thermique ou n'ayant pas de stratégie de transition. Les ONG font pression pour que banquiers et assureurs cessent financements et investissements dans ce secteur, le ministre des Finances Bruno Le Maire aussi.
Delphine Cuny
Soc Gen va « arrêter de fournir de nouveaux services ou produits aux entreprises clientes dont l'activité dans le charbon thermique est supérieure à 50% ».

En mode transition. Si certaines institutions financières ont pris des engagements fermes vers une sortie totale du charbon, notamment la Caisse des Dépôts, Société Générale a décidé d'accélérer la cadence de son désengagement progressif. La banque de La Défense a annoncé ce jeudi 23 mai qu'elle allait « arrêter de fournir de nouveaux services ou produits aux entreprises clientes dont l'activité dans le charbon thermique est supérieure à 50% » mais n'ayant « pas de stratégie permettant de la réduire à 30% en 2025 » voire au contraire des plans d'expansion dans le domaine.

« Une nouvelle politique sectorielle reflétant ces engagements sera publiée avant le 1er juillet 2019 » précise la banque dans un communiqué.

La banque fait valoir qu'elle a été « l'une des premières banques à réduire son exposition au secteur du charbon en arrêtant dès 2016 le financement des projets » et que le groupe a atteint « fin 2018, avec deux ans d'avance, l'objectif de limiter à 19% avant 2020 la part charbon du mix énergétique de la production d'électricité financée. »

Cible des ONG

Société Générale est régulièrement la cible des ONG environnementales, qui se rendent à l'assemblée générale des actionnaires des banques pour les interpeller sur le sujet. Les Amis de la Terre ont épinglé BNP Paribas et Crédit Agricole ce mardi « pour leurs soutiens au charbon en Europe ». Selon une étude de la coalition d'ONG Europe Beyond Coal qui pointe du doigt huit institutions financières (les autres étant le Fonds de pension du gouvernement norvégien, Deutsche Bank, Standard Life Aberdeen, UniCredit, Santander et Barclays), Crédit Agricole aurait investi 1 milliard d'euros dans « les producteurs d'électricité les plus polluantes d'Europe : RWE, PGE, EPH, Fortum/Uniper, CEZ, Enel/Endesa » et BNP Paribas les aurait financées à hauteur de 2,57 milliards d'euros.

Si Société Générale n'est pas citée dans la liste des huit établissements les plus exposés, elle apparaît au 25e rang en tant qu'investisseur dans ces producteurs (357 millions d'euros d'actifs engagés contre 222 millions pour BNP Paribas) et au 8ème rang des créanciers, à 2,52 milliards d'euros, juste derrière BNP. Les associations de défense de l'environnement font pression pour que les banques appliquent des critères stricts d'exclusion à l'égard des producteurs de charbon et dans toutes leurs activités (y compris la gestion passive).

L'ONG les Amis de la Terre leur demande de s'engager « à réduire à zéro leurs exposition et soutiens au secteur du charbon d'ici 2030 dans les pays européens et de l'OCDE, et d'ici 2040 ailleurs. » Société Générale précise qu'elle entend prendre de nouveaux engagements sur d'autres secteurs d'activités au-delà de 2020, comme elle l'avait promis dans le cadre de la COP24 à Katowice, en Pologne, en décembre dernier. A la même époque, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait demandé aux banques, assureurs et gestionnaires d'actifs d'arrêter définitivement.

Delphine Cuny

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