Areva dément tout plan social en France

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  653  mots
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Areva prévoit d'annoncer en décembre 2.700 à 2.900 suppressions d'emplois, dont 1.300 en Allemagne et plus de 1.000 en France, selon des sources proches du dossier. L'information a été démentie sur son volet français par la direction du groupe et le ministre de l'Energie, Eric Besson.

Le ministre de l'Economie, François Baroin, qui recevra mardi le PDG du groupe nucléaire public Luc Oursel, a assuré lundi soir que "l'objectif d'amélioration de la rentabilité fixé à Areva par l'Etat actionnaire ne sera pas poursuivi au détriment de l'emploi en France".

Outre les réductions d'effectifs, Areva, dans le brouillard sur son avenir depuis la catastrophe de Fukushima, a également prévu d'annoncer, dans son plan stratégique du 13 décembre en cours de finalisation, une réduction de 40% de ses investissements dans les cinq prochaines années ainsi que d'importantes cessions pour parvenir à partir de 2013 à des économies de 500 millions d'euros par an, selon les sources proches du dossier.

La direction a "démenti catégoriquement" les informations "sur les suppressions d'emplois en France".

Un document interne, dont l'AFP détient une copie, stipule néanmoins qu'"il est prévu de réduire les effectifs des fonctions support en France d'environ 1.000 à 1.200 personnes. Cela représente 15-18% des fonctions support du groupe et environ 4% des emplois français".

"Ce dispositif serait annoncé en décembre 2011 dans le cadre de la présentation du plan stratégique", précise le texte.

"Aucune suppression d'emploi n'est prévue en France chez Areva", a maintenu Eric Besson dans un communiqué.

De son côté, François Baroin "tient à ce qu'Areva, au même titre que toutes les entreprises publiques, soit mobilisée sur le maintien de l'emploi en France. Celui-ci ne doit être en aucun cas une variable d'ajustement", a assuré Bercy.

Areva emploie 48.000 personnes dans Le Monde, dont 28.000 en France. Les réductions d'effectifs dans l'Hexagone visent les "fonctions support" (services juridique, financier, communication, ressources humaines, etc). Elles se feraient par le biais "des départs en retraites et démissions" mais Areva juge "nécessaire de mettre en place un plan de départs volontaires", selon le document obtenu par l'AFP.

Aucune fermeture de site industriel n'est prévue à ce stade, mais un éventuel abandon de l'EPR de Penly (Seine-Maritime) pourrait changer la donne.

En Allemagne, où il a subi l'arrêt programmé de l'atome civil d'ici 2022, Areva prépare des "mesures sévères" entraînant 1.300 suppressions d'emplois (20% du personnel allemand). Enfin, le groupe public français veut supprimer 360 postes aux Etats-Unis et en Belgique.

Mais le plan du fleuron nucléaire français, dont la version finale doit être validée en conseil de surveillance le 12 décembre, ne s'arrête pas là.

Areva veut ramener les investissements prévus d'ici 2016 de 12 milliards d'euros à 7 milliards. S'ajoute aussi un important plan de cession: le groupe veut vendre ses 26% dans le groupe minier Eramet (nickel, manganèse, alliages), qui valent au cours actuel environ 600 millions d'euros.

Areva veut également céder sa participation majoritaire de 63% dans le groupe d'or canadien La Mancha (160 millions d'euros au cours actuel) et sa filiale Canberra, numéro 1 mondial de la mesure nucléaire, pour boucler le financement de son plan.

Objectif: parvenir dès 2013 à 500 millions d'euros d'économies annuelles, puis 750 millions d'euros d'ici 2015, soit 9% de ses coûts.

Pour Areva, il y a urgence: la situation financière du groupe est jugée "très difficile" en interne, selon une source proche du dossier, et le gouvernement a donné injonction au groupe public (détenu à 87% par l'Etat) d'améliorer ses résultats.

Les effectifs ont augmenté 11% plus vite que le chiffre d'affaires et Areva prévoit un résultat opérationnel de nouveau "lourdement négatif" cette année, après la perte de 423 millions en 2010. Les investissements ont explosé et amputé la trésorerie, négative depuis 2006, tout en gonflant la dette.

La poursuite de cette trajectoire "n'est pas tenable" selon le document interne d'Areva, qui veut marquer une "inflexion nette à brève échéance", dans un contexte où il est lui difficile d'emprunter avec la baisse de sa note du fait de la catastrophe de Fukushima et la crise financière.