Cure de rigueur en vue pour Areva

Cessions, reports d'investissements... Devant les députés, Luc Oursel a dessiné une stratégie à la fois "post-Fukushima" et "post-Lauvergeon".
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Fukushima a bon dos. Sous prétexte d'adapter Areva au marché mondial du nucléaire sous le choc après la catastrophe japonaise, Luc Oursel, à la tête du groupe depuis début juillet, dresse un bilan très critique de la gestion d'Anne Lauvergeon, qui a fondé le groupe en 2001 et l'a dirigé jusqu'au printemps dernier. "Il faut que le client revienne au centre des préoccupations d'Areva et notamment resserrer les liens avec le premier d'entre eux, EDF", a-t-il lancé devant la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Mais surtout le nouveau patron d'Areva veut "améliorer significativement la performance opérationnelle et financière d'Areva".

Tranchant avec le triomphalisme de l'ancienne dirigeante, Luc Oursel a déploré que sur "les 10 milliards d'euros d'investissements consentis par Areva ses dernières années, seulement 4 milliards provenaient des capitaux propres, le reste ayant été financé par endettement, augmentation de capital et cessions d'activité". "Il faut trouver un équilibre plus raisonnable entre le développement des activités et notre capacité de financement", a-t-il déclaré.

Alléger le fardeau financier

Le ralentissement mondial du marché nucléaire post-Fukushima vient encore renforcer cette nécessité. Et le nouveau patron, s'il réaffirme son attachement au "modèle intégré" d'Areva, envisage toutes les options pour en alléger le fardeau financier. D'abord "lisser et décaler un certain nombre d'investissements pour limiter les risques et améliorer notre situation financière". Quant aux énergies renouvelables, Areva va arrêter sa coûteuse politique d'acquisitions et s'attacher à les "transformer en réussite".

Luc Oursel annonce également des "réflexions sur le périmètre du groupe". "On va se demander si certaines activités ont vocation à rester, si elles ne sont pas à la périphérie du groupe", a-t-il déclaré. Selon nos informations, la participation de 20% dans Sofradir, codétenu par Thales et Safran, est ainsi à vendre. Le patron d'Areva a également confirmé son souhait de sortir d'Eramet : "les titres Eramet sont essentiellement un actif financier pour Areva". Le gouvernement travaille sur des scénarios qui permettraient à ces titres de rester dans le giron de l'Etat, sans que cela pèse trop sur les finances publiques (cf. La Tribune du 3 octobre). Le groupe envisage également de réduire ses activités en Allemagne où il emploie 5.000 personnes.

Enfin, la nouvelle filiale mines d'Areva pourrait voir des "partenaires industriels" entrer à son capital, mais le groupe garderait "un fort contrôle". "C'est une réflexion théorique, aucune discussion n'est engagée", a tenu à préciser Luc Oursel. Le détail de son plan stratégique sur cinq ans sera dévoilé en décembre prochain.

NOUVEAU RETARD EN VUE POUR L'EPR

Luc Oursel n'a pas caché son agacement. Son client finlandais TVO a annoncé mercredi un nouveau retard sur le chantier de l'EPR construit par Areva. Reporté en dernier lieu à fin 2013, contre 2009 prévu à la commande, le démarrage du réacteur "pourra être retardé jusqu'en 2014", affirme TVO en se fondant sur les "dernières informations du fournisseur". "Je peux vous dire que j'ai été quelque peu surpris par cette déclaration parce que nous sommes en train de travailler avec eux sur le détail du planning", a déclaré le nouveau patron d'Areva.

Luc Oursel était d'autant plus surpris qu'il était lundi sur place pour faire visiter le site au ministre français de l'industrie, Eric Besson. Quant à l'éventualité de nouvelles provisions, annoncées par un rapport parlementaire (cf. La Tribune du 11 octobre), il botte en touche. "S'il y en a besoin, elles seront intégrées." Areva a passé 2,6 milliards d'euros de provisions pour ce contrat qui devait lui apporter 1,8 milliard de chiffre d'affaires (sur les 3 milliards facturés par le consortium Areva-Siemens).

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