Les Etats-Unis vont doubler la Russie comme premier producteur mondial de gaz

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  552  mots
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Les gaz de schistes vont permettre aux Etats-Unis de devenir premier producteur mondial de gaz en 2017, en doublant la Russie, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). L'industrie européenne pourrait souffrir des faibles prix du gaz outre Atlantique.

Les gaz de schistes n'ont pas fini de révolutionner le monde de l'énergie. Malgré un ralentissement récent de leur production aux Etats-Unis lié aux prix très bas, la production supplémentaire de gaz outre Atlantique en 2011 a représenté l'équivalent de la moitié des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) du Qatar, a souligné l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) en présentant ce mardi à Kuala Lumpur son dernier rapport sur les perspectives à moyen terme du gaz. Selon l'AIE, la production de gaz aux Etats-Unis devrait croître de 17% d'ici 2017, passant de 653 à 769 milliards de mètres cubes (bcm). Ce qui lui permettrait de ravir à la Russie son titre de premier producteur mondial. La production de gaz russe devrait, pendant la même période, progresser de 659 à 757 milliards de mètres cubes.

Sept projets de terminaux d'exportation aux Etats-Unis
Mais, d'ici 2017, la demande de gaz aux Etats-Unis devrait augmenter de près de 13%, passant de 690 à 779 milliards de mètres cubes, ce qui obligera le pays à rester importateur net, notamment via ses approvisionnement en provenance du Canada par gazoducs. Les Etats-Unis pourraient en même temps exporter du GNL en convertissant à l'export (liquéfaction) les terminaux méthaniers sur la côte Est destinés initialement à l'import (regazéification). Sept projets de ce type sont actuellement en cours. Le premier, dans le Golfe du Mexique, a été validé il y a quelques semaines. GDF Suez mène des négociations sur ce sujet avec l'américain Sempra.
Autre conséquence de ce boom de la production américaine de gaz et des prix extrêmement bas qui en découlent sur le continent nord américain (moins de 2 dollars l'unité de mesure BTU aux Etats-Unis, 6 à 8 dollars en Europe, 16 à 18 au Japon), le gaz pourrait en 2017 faire jeu égal avec le charbon dans les centrales électriques américaines. Le charbon, à l'origine de 42% de l'électricité produite aux Etats-Unis en 2011, domine le parc américain depuis 100 ans.

Des prix trois à quatre fois supérieurs en Europe
Enfin, ces prix très bas du gaz aux Etats-Unis donnent un avantage compétitif non négligeable aux industries fortement consommatrices d'énergie, souligne l'AIE, et par conséquent pénalisent l'Europe. « Le secteur industriel européen fait face à des prix du gaz trois ou quatre fois supérieurs à ceux en vigeur aux Etats-Unis, qui devient un nouveau concurrent des industries européennes pétrochimiques et de fertilisants », affirme l'Agence.
Globalement, la demande mondiale de gaz devrait exploser d'ici 2017, passant de 3. 360 à près de 4.000 milliards de mètres cubes, selon l'AIE. A elle seule, la Chine va peser un quart de cette augmentation. La Chine va devenir le troisième consommateur mondial, derrière les Etats-Unis et la Russie, avec une demande en gaz qui devrait doubler, de 130 à 273 milliards de mètres cubes.

La demande ne va pas repartir en Europe
Ce boom de la consommation fait devenir importateurs des pays jusqu'à présent exportateurs, comme l'Indonésie, la Malaise ou la moitié des producteurs du Moyen Orient.
A l'inverse la demande européenne de gaz, qui a chuté de 9% en 2011, ne devrait pas, selon l'AIE, récupérer d'ici 2017 son niveau de 2010. En cause : la faiblesse de la croissance économique, les prix élevés et « une dépendance croissante aux énergies renouvelables », selon l'Agence.