Que vaut le démenti de Proglio sur la demande d'indemnités pour l'arrêt de Fessenheim ?

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  331  mots
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EDF a démenti dimanche avoir demandé des indemnités au gouvernement pour la fermeture de Fessenheim. Pourtant Henri Proglio l'avait lui-même annoncé à ses actionnaires lors de son assemblée générale le 24 mai dernier.

C'est un démenti digne d'un télex diplomatique. Réagissant à l'information du Journal du Dimanche selon laquelle EDF réclamait 2 milliards d'euros d'indemnités au gouvernement pour fermer Fessenheim, l'électricien français a affirmé « n'avoir formulé aucune demande au gouvernement ». Oubliant d'ajouter « pour l'instant » !

"L'ensemble des actionnaires doit en sortir indemne", selon Henri Proglio
Henri Proglio, PDG d'EDF, avait en effet annoncé la couleur devant ses actionnaires, lors de l'assemblée générale du groupe le 24 mai dernier. Une fermeture anticipée de Fessenheim "serait inévitablement associée à une discussion financière avec les pouvoirs publics", avait-t-il déclaré publiquement. "A la fin de la négociation, l'ensemble des actionnaires devrait en sortir indemne", avait-il ajouté en évoquant les actionnaires suisses et allemand de la centrale alsacienne. Fessenheim est détenue à 32,5 % par des électriciens allemand (EnBW, ex filiale d'EDF, qui possède 17,5% de la centrale) et suisses (Alpiq, Axpo et BKW, 15% à eux trois).

38 ans au lieu de 60 ans
Nul doute que l'électricien va entamer ces discussions. L'électricien avait prévu de faire fonctionner cette centrale, comme toutes les autres en France, pendant 50 ans, voire 60 ans. Au lieu de quoi, il doit la fermer à l'âge de 38 ans. Certes, l'électricien avait déjà anticipé en changeant des composants majeurs comme les générateurs de vapeur. Mais le chiffre avancé par le Journal du dimanche ne tient pas compte des travaux, effectués ou à venir (estimés autour de 800 millions d'euros pour prolonger la vie d'un réacteur jusqu'à 60 ans). Il ne se fonde « que » sur le manque à gagner de « 200 millions d'euros de marges par an pendant dix ans ».
L'Agence de sureté nucléaire (ASN), qui a donné son feu vert en juillet 2011 pour une prolongation de 30 à 40 ans de la durée de vie de la tranche 1, doit se prononcer sur la poursuite de l'exploitation de la tranche 2 début 2013. L'arrêt pour le contrôle décennale a eu lieu du 16 avril 2011 au 6 mars 2012.