Faut-il accepter le rachat d'une entreprise de pétrole par un groupe public chinois ? : le Canada ne sait pas sur quel pied danser

Par latribune.fr  |   |  456  mots
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Le gouvernement canadien a prolongé de 30 jours la période de l'examen du rachat de Nexen, une société canadienne de pétrole, par le géant chinois CNOOC pour 15,1 milliards de dollars. Le gouvernement est divisé. Nexen détient des actifs jugés stratégiques.

 La période initiale de 45 jours s?est avérée insuffisante, il faut 30 jours de plus. C?est ce qu?a annoncé vendredi soir le ministre canadien de l'Industrie, Christian Paradis, pour l'examen du plus gros projet de rachat d'une société chinoise à l'étranger, celui du groupe pétrolier canadien Nexen par la société CNOOC, d'un montant de 15,1 milliards de dollars. Considéré favorable à l'investissement étranger, le gouvernement du Premier ministre Stephen Harper est divisé sur ce rachat, des ministres ayant exprimé publiquement leur réserve, tandis que des députés, notamment de la province pétrolière de l'Alberta, fief du parti conservateur, se sont prononcés contre, au même titre que le principal parti d'opposition au Parlement fédéral à Ottawa.

Projet annoncé en juillet

Le projet de CNOOC suscite la controverse au Canada depuis qu'il a été annoncé en juillet. Nexen n'est que la dixième compagnie pétrolière du pays par son chiffre d'affaires, mais elle détient des actifs dans les sables bitumineux de l'Alberta, province de l'ouest du pays qui abrite la troisième réserve de pétrole de la planète. Une majorité de Canadiens, selon plusieurs sondages, considère qu'il s'agit là d'actifs "stratégiques" que le Canada ne devrait pas laisser passer sous contrôle étranger, d'autant que l'acheteur est une société d'Etat, sur laquelle de surcroît ils n'exercent aucun contrôle.
Néanmoins, Nexen tire plus des deux tiers de son chiffre d'affaires de ses projets à l'étranger, notamment en mer du Nord, soulignent les analystes favorables à ce rachat.
Selon pratiquement tous les analystes, la décision du Canada dans ce dossier jouera en grande partie, du moins à cour terme, un rôle majeur dans l'avenir de ses relations économiques avec la Chine, qu'il souhaite améliorer, Pékin étant son deuxième partenaire commercial après les Etats-Unis.

Une acquisition de Pétronas rejetée il y a une semaine
La décision finale "reposera sur les six facteurs clairs décrits à l'article 20 de la Loi (ndlr: sur les investissements étrangers), ainsi que sur les lignes directrices sur les investissements au Canada par des entreprises d'État étrangères", a indiqué Christian Paradis. Les conservateurs ont déjà refusé deux rachats étrangers au Canada depuis leur arrivée au pouvoir en 2006 et c'était les premiers que le pays bloquait depuis la promulgation de sa loi sur les investissements étrangers en 1985.
il y a une semaine, le gouvernement a rejeté, dans sa forme initiale, le projet de rachat d'une autre société pétrolière canadienne, Progress Energy, par une autre société d'Etat étrangère, la malaisienne Petronas, pour près de 5,2 milliards de dollars.