Alstom : L'Elysée reçoit le PDG de General Electric à 9h30

Par latribune.fr  |   |  557  mots
François Hollande a convié dimanche soir à une réunion sur l'avenir d'Alstom le Premier ministre, Manuel Valls, ainsi que les ministres de l'Economie Arnaud Montebourg et de l'Energie Ségolène Royal. (Photo : Reuters)
Jeffrey Immelt aurait dû être reçu dimanche matin mais la contre-proposition de Siemens pour le rachat d'Alstom a chamboulé les plans du gouvernement. Le groupe français doit poursuivre jusqu'au mercredi 30 avril sa "réflexion stratégique". Son cours restera suspendu jusque là.

François Hollande reçoit lundi matin à 9h30 le PDG du groupe américain General Electric, candidat au rachat de la branche énergie d'Alstom (14 milliards d'euros de chiffre d'affaires), également convoitée par l'Allemand Siemens, alors que le groupe s'est donné deux jours de réflexion supplémentaires.

Au terme d'un conseil d'administration dimanche soir, le groupe industriel français a décidé de poursuivre pendant deux jours sa "réflexion stratégique" sur l'avenir de sa branche énergie. Et "informera le marché d'ici mercredi 30 avril matin" du fruit de sa réflexion et que, "dans cette attente", la cotation du titre à la Bourse de Paris "reste suspendue".

Réunion du gouvernement sur l'avenir d'Alstom

Un peu plus tôt dans la soirée, François Hollande avait convié à une réunion sur l'avenir d'Alstom le Premier ministre, Manuel Valls, ainsi que les ministres de l'Economie Arnaud Montebourg et de l'Energie Ségolène Royal.

Bien que l'État ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, l'exécutif entend défendre les intérêts stratégiques français et "les objectifs d'emplois, de localisation des activités et d'indépendance énergétique" dans le cadre d'un éventuel rachat de quelque 70% des activités d'Alstom. Le ministère de l'Économie a ainsi prévenu:

"Compte tenu des enjeux stratégiques pour l'industrie et l'économie française, le gouvernement n'acceptera pas qu'une décision soit prise, quelle qu'elle soit, dans la précipitation et sans l'instruction conjointe avec les intérêts de la nation des choix alternatifs."

Montebourg très actif met en garde GE

Dans un courrier adressé à Jeffrey Immelt, le PDG de General Electric, et mis en ligne par BFMTV dimanche, Arnaud Montebourg a affirmé qu'une acquisition d'actifs dans l'énergie, et en particulier le nucléaire, par un investisseur étranger, requérait une autorisation préalable des autorités françaises, similaire à celles délivrée par le Comité des investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS).

Les négociations étaient déjà bien avancées avec le groupe français dirigé par Patrick Kron, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros, qui ne concernerait pas la branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV). Le groupe diversifié Bouygues, premier actionnaire d'Alstom avec 29,4% et dont le PDG, matin Bouygues a été reçu par Arnaud Montebourg, serait favorable à l'opération.

La contre-proposition de Siemens, menacé

Malgré l'avancée des négociations avec GE, Siemens a annoncé dimanche martin avoir fait part à Alstom "de sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future". Il a proposé par écrit de reprendre l'activité énergie d'Alstom convoitée par GE contre une somme en cash, à laquelle s'ajoute "la moitié de sa branche transports", selon ce courrier.

Siemens évalue cette activité entre 10 et 11 milliards d'euros et assure vouloir "maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans" et "continuer à développer l'activité". Lors du sauvetage d'Alstom en 2003-2004 alors au bord de la faillite, l'État français s'était pourtant opposé à un rachat par Siemens.

Le PDG d'Alstom est fortement opposé à tout rapprochement avec le groupe allemand, qui craint visiblement de se retrouver face à un très puissant concurrent dans le domaine de l'énergie, l'une de ses sources majeures de revenus et de bénéfices