DIRECT Alstom : les syndicats insistent sur la priorité de préserver l'emploi

Par latribune.fr  |   |  2023  mots
GE proposerait 12,35 milliards d'euros au total pour acquérir les activités d'Alstom dans l'énergie.
Courtisé par General Electric depuis plusieurs semaines, par Siemens depuis quelques jours... le groupe français Alstom réfléchit à la vente de son activité énergie. Mais pas question pour le gouvernement de laisser filer un champion national, dans un secteur stratégique, entre les mains d'un acteur étranger. Suivez les dernières évolutions du dossier Alstom tout au long de la journée.

Qui décrochera le gros lot? Le suspens se prolonge dans le dossier Alstom. Après la révélation le 24 avril de négociations entre l'américain General Electric et le groupe français en vue du rachat éventuel de la branche énergie de ce dernier par Bloomberg, les annonces, réunions et déclarations diverses se succèdent et se poursuivent ce mercredi. 

  • 16:16:

Une délégation syndicale était reçue mercredi en fin de matinée au siège d'Alstom à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où près de 200 salariés se sont rassemblés à l'appel de la CFE-CGC et de la CFDT.

A l'issue de la réunion Laurent Santoire, délégué CGT, a déclaré :

"Nous demandons à l'Etat d'intervenir pour que le scénario écrit par Patrick Kron, Martin Bouygues et GE n'aboutisse pas". "Nous n'avons eu aucune réponse précise", "les salariés sont en danger (...) aucune garantie n'est donnée sur le maintien de l'emploi", a-t-il expliqué.

Son collègue CFE-CGC, Jean-Lou Olivier, membre de la délégation, a ajouté :

"On aimerait une solution française mais il faudrait que quelqu'un remplace Martin Bouygues", "il y a une plus forte probabilité qu'il y ait une scission".

"Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas des partenariats possibles pour permettre une certaine synergie entre les futures entités", a-t-il toutefois estimé, en ajoutant : "Ce dont a besoin Alstom est maintenant une solution industrielle qui préserve l'emploi (...) que ce soit Alstom, que ça change de nom ou que cela se fasse par des partenariats".

Comparant les deux offres sur la table, le délégué de la CFDT du site de Massy, Patrice Pujol, a de son côté estimé :

"Il y a moins de doublons et plus de complémentarité avec General Electric qu'avec Siemens". Il a lui aussi convenu que "ce qui est important, c'est le maintien de l'emploi".

  • 13:55: Le gouvernement ne mettra pas de veto

Emboîtant le pas d'Arnaud Montebourg, le ministre des Finances, Michel Sapin, a à son tour précisé le point de vue du gouvernement français dans le cadre de l'émission "Questions d'Info" (réalisée en partenariat par LCP, France Info, Le Monde et l'AFP) :

"Nous n'avons pas juridiquement de veto à mettre, c'est une entreprise à 100% privée (...)", a-t-il reconnu concernant la préférence pour General Electric affichée ce mercredi par Alstom.

Il a toutefois précisé que l'éxécutif entendait bien préserver "les intérêts fondamentaux" de la France.

Michel Sapin, pour qui le temps pris par Alstom "était nécessaire pour qu'éventuellement d'autres propositions puissent être formulées", n'a d'ailleurs pas exclu de peser sur le choix final de la société française, assurant que "personne ne se formaliserait aux Etats-Unis" si un tel discours protectionniste y était tenu concernant une firme américaine.

"Nous parlons avec des entreprises qui dépendent considérablement de la commande publique", a-t-il rappelé : "par ce biais-là vous pouvez comprendre qu'il y a quelques capacités d'influence".

  • 12:38: L'action d'Alstom bondit de 9%

La préférence affichée par Alstom pour l'offre de reprise de General Electric était relativement bien reçue par la bourse de Paris, où le groupe reprenait mercredi sa cotation. A 12h30, son action gagnait 9,44% à 29,55 euros, dans un marché en baisse de 0,36%. Bouygues, l'actionnaire de référence d'Alstom, prenait pour sa part 0,33%, à 32,185 euros.

Un "retour en force", même si "le marché s'attendait à une hausse beaucoup plus forte", selon le responsable du trading Europe continentale d'Oddo Securities, Mikaël Jacoby, qui a expliqué :

"Un paquet d'investisseurs ont pris leur profit sur le titre", préférant ne pas prendre de risque "face à un mois où Alstom se réserve le droit de prendre sa décision définitive".

Il n'empêche, a-t-il souligné, que "le cours s'est apprécié de presque 12 euros" en moins d'un mois, passant de d'un point bas en séance de 18,69 euros le 14 mars à un point haut de 30,95 euros peu après la reprise des cotations.

  • 11:48: Les syndicats d'Alstom inquiets

"On attend maintenant une troisième offre, publique, avec soutien des banques, pour qu'il n'y ait pas de démantèlement du groupe", a indiqué Didier Lesou, délégué CFE-CGC chez Alstom Transport à l'AFP. Le représentant syndical souligne l'inquiétude des salariés. 

Plusieurs délégués syndicaux doivent être reçus ce mercredi à 11h30 à Levallois-Perret, au siège du groupe Alstom, où environ 200 salariés se sont réunis à l'appel de la CFE-CGC et de la CFDT. 

Cette dernière a publié un communiqué demandant au gouvernement d'"examiner en priorité, avec les dirigeants du groupe et l'actionnaire principal, une solution de consolidation financière et actionnariale qui permette le maintien de l'intégrité et de l'indépendance d'Alstom".

  • L'Etat étudie une montée au capital d'Alstom

A la demande des syndicats, les équipes d'Arnaud Montebourg planchent sur une possible montée au capital d'Alstom, dont la France détient près de 1% via la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le ministre de l'Economie en a fait part à la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. 

"Nous voulons des alliances, nous ne voulons pas des absorptions", a-t-il en outre déclaré aux députés. Il a ajouté qu'il avait demandé à General Electric de transférer à Alstom ses propres activités dans le ferroviaire en cas d'échange avec les activités dans l'énergie de ce dernier. Arnaud Montebourg a enfin tenu à réaffirmé que rien n'était encore décidé. "Ce n'est pas plié. Nous avons été entendus. Nous avons un mois pour décider", a-t-il insisté. 

  • 09:32: "L'Etat aura son mot à dire" (Patrick Kron)

Le PDG d'Alstom a évoqué l'implication du gouvernement français dans la vente de son activité énergie. "Il est clair que l'Etat aura son mot à dire", a-t-il dit lors d'un point presse téléphonique. 

Par ailleurs, il a précisé que l'actionnaire principal du groupe qu'il dirige, Bouygues, resterait actionnaire à environ 29% de l'entité restante, focalisée sur le ferroviaire. 

A la Bourse de Paris, le titre Alstom prenait quasiment 12% à l'ouverture. 

  • 08:55 - Immelt plaide pour son cas

Le patron de General Electric, Jeffrey Immelt, défend son dossier. D'après lui, son offre est "bonne pour le pays", selon des propos rapportés par l'AFP. GE a proposé que le siège et les centres mondiaux pour ses activités turbine à vapeur, énergie hydraulique, éolien offshore et réseaux soient localisés en France, tandis que le "centre d'excellence" pour les turbines à gaz resterait à Belfort.

Un comité d'administrateurs indépendants présidé par l'ancien patron de Peugeot Jean-Martin Folz devrait procéder à l'examen de l'opération d'ici au 2 juin et qu'une période d'exclusivité serait accordée à GE "au plus tard à cette date" si les conclusions de l'examen devaient être favorables. 'opération se ferait sur la base d'une valeur d'entreprise de 13,5 milliards de dollars (9,9 milliards d'euros), auxquels s'ajouteraient les 3,4 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) de trésorerie nette des activités reprises. Au total, l'opération porterait donc sur 16,9 milliards de dollars (12,35 milliards d'euros).

>> Jeffrey Immelt (GE), un patron républicain qui soigne son image "green"

Mardi, le patron de GE a adressé un courrier à François Hollande . "Nous mesurons et respectons au plus haut point l'importance d'Alstom pour la France", assure-t-il au président de la République. Il y détaille les implantations actuelles de son groupe dans le pays, met en avant ses "10.000 collaborateurs sur le sol français" tout en s'engageant à créer des emplois s'il remporte la victoire dans le dossier Alstom.  A propos de l'activité convoitée, l'entreprise américain dit vouloir faire de l'entité qu'il créerait "un leader mondial de l'énergie en France, notamment en y implantant quatre sièges mondiaux". (Cette lettre est insérée dans son intégralité en fin d'article). 

  • 08:52 - Siemens aurait amélioré son offre

Le groupe allemand, qui a confirmé mardi son intention de déposer une offre, proposerait de céder ses trains à grande vitesse et son activité dans les métros, selon le courrier adressé au conseil d'administration d'Alstom et consulté par l'AFP. L'offre serait comprise entre 10,5 et 11 milliards d'euros (plusieurs milliards de moins que celle de General Electric).

Par ailleurs, Siemens, qui n'a reçu de réponse de la part du français à aucun de ses courriers, se serait dit  "déçu du manque de coopération" du patron d'Alstom, Patrick Kron.

>> Qui est Joe Kaeser, le patron de Siemens qui veut sa part du gâteau Alstom?

Dans le même temps, le conglomérat allemand a confirmé être "en discussions" avec Rolls Royce pour lui racheter des actifs dans l'énergie. Le conseil de surveillance de Siemens se penchera sur la question le 6 mai : de son feu vert dépendra la décision finale du groupe. Selon ce qu'avait annoncé le groupe britannique Rolls Royce dans la nuit entre mardi et mercredi, les négociations en cours porteraient sur une cession de ses activités de turbines à gaz et de compresseurs. Ses activités dans le nucléaire, qui avec les turbines à gaz et les compresseurs forment sa division énergie, ne seraient donc pas concernées.

  • 08:49: Manuel Valls déplore une accélération "brutale"

Le Premier ministre a donné son avis sur le dossier Alstom, lors d'une interview sur France inter. 

"L'accélération brutale de ces derniers jours n'était pas acceptable et nous l'avons fait savoir, notamment par la voix du président de la République et d'Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, aux acteurs.

(...) Notre priorité c'est l'emploi, ce sont les investissements dans notre pays et c'est notre indépendance énergétique (...) Nos demandes sont légitimes et la discussion maintenant peut s'ouvrir."

  • 08h30 -  "Alstom a approuvé l'offre de GE

Les administrateurs d'Alstom auraient accepté à l'unanimité la proposition, "ferme et financée". Le conseil d'administration a annoncé étudier "l'adossement" de sa branche énergie à l'américain General Electric, dont il a reçu une offre de 12,35 milliards d'euros, sans fermer la porte à d'autres offres non sollicitées, notamment celle de l'allemand Siemens.

Le groupe français aurait commandé une expertise indépendante de l'offre de GE. Un comité procédera d'ici fin mai à un "examen approfondi" de la proposition. Une période d'un mois est ouverte pendant laquelle le français n'aura pas le droit de démarcher d'autres acquéreurs potentiels, même s'il pourra examiner toute proposition alternative qui lui sera faite. 

Le groupe précise dans un communiqué : 

"Le conseil d'administration d'Alstom reconnaissant à l'unanimité les mérites stratégiques et industriels de cette offre, et ayant pris note des engagements publics souscrits par GE, a décidé de mettre en place un comité d'administrateurs indépendants, conduit par Jean-Martin Folz, pour procéder, d'ici à la fin du mois de mai, à un examen approfondi de l'offre", a indiqué le groupe.

"Le produit de la cession permettra de renforcer nos activités transport, lde eur donner le moyen d'un développement ambitieux, de rembourser la dette et de redistribuer le solde aux actionnaires"

Siemens fera-t-il monter les enchères?

La direction d'Alstom ne ferme pas la porte à d'autres propositions. Il a dit avoir pris connaissance de la déclaration d'intérêt de l'allemand Siemens, qui "aura un accès équitable à l'information lui permettant, le cas échéant, de soumettre une offre ferme".

La veille, Siemens a en effet publiquement annoncé son projet d'offre, soumis à la condition qu'il puisse mener à bien une procédure de "due diligence", c'est-à-dire une enquête approfondie sur les comptes d'Alstom. Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, qui entend défendre les intérêts de la France dans ce dossier, et ce même si l'Etat n'est plus actionnaire d'Alstom, avait confirmé peu avant cette intention de la part de Samsung.

>> Siemens fera une offre à Alstom... à condition d'avoir accès à ses comptes (et toutes les annonces du 29 avril sur ce dossier)

(Article créé le 30/04/2014 à 07:00, dernière mise à jour: 11:58)