Alstom : Siemens préparerait un échange d'actifs avec un droit de regard pour le gouvernement

Par latribune.fr  |   |  462  mots
Le groupe munichois avait présenté fin avril les grandes lignes d'une contre-offre valorisant la branche d'énergie d'Alstom à 14,5 milliards de dollars. (Photo : Reuters)
Malgré une offre de l'Américain General Electric qui a sa préférence, Alstom a ouvert ses comptes à Siemens, sous la pression du gouvernement. Le groupe allemand a jusqu'au 2 juin pour faire une offre, après quoi Alstom sera en négociations exclusives avec GE.

Siemens travaille sur une proposition d'échange d'actifs avec Alstom qui donnerait au gouvernement français un droit de regard sur l'avenir du groupe recentré sur le rail et pourrait être présentée dès la semaine qui vient, ont déclaré à Reuters des sources proches des discussions.

Si Alstom a engagé des négociations avec l'Américain General Electric, qui offre 12,35 milliards d'euros pour reprendre ses actifs dans l'énergie, il a ouvert ses comptes à Siemens sous la pression du gouvernement, qui juge inacceptable en l'état l'offre de GE. Le groupe allemand a jusqu'au 2 juin pour déposer une offre, date prévue pour l'entrée en négociations exclusives avec GE.

Créer des champions nationaux dans les trains et l'énergie

Le groupe munichois avait présenté fin avril les grandes lignes d'une contre-offre valorisant la branche d'énergie d'Alstom à 14,5 milliards de dollars (10,6 milliards d'euros) et incluant du cash et des transferts de certains actifs ferroviaires au groupe français.

Mais après deux semaines d'examen du dossier, Siemens semble à présent plus enclin à soumettre une offre en bonne et due forme qui tiendrait compte et des demandes d'Alstom, et des critères du gouvernement.

"(L'accord) créera des champions nationaux dans les trains et dans l'énergie. Tout restera en Europe. (Siemens) a ajouté quelques nouveaux éléments, qui améliorent sa proposition", détaille une source proche des préparatifs.

Selon deux sources proches du dossier, la proposition de Siemens comporterait maintenant le transfert de l'ensemble de ses actifs ferroviaires à Alstom et la constitution d'une coentreprise dans la signalisation ferroviaire.

Vers une montée au capital de l'État ?

Pour limiter son influence sur le nouvel Alstom recentré sur les transports, Siemens discute avec Paris et Berlin de l'opportunité pour l'État français de se renforcer au sein d'Alstom, ont ajouté des sources politiques et financières. L'État ne détient plus que 0,9% de l'ex-groupe public via la Caisse des dépôts et consignations.

Paris pourrait ainsi monter au capital d'Alstom - une source évoquant même une participation de plus de 10% - afin de garantir que le groupe, sauvé de la faillite par des fonds publics il y a dix ans et resté un important employeur industriel dans l'Hexagone.

Le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg, qui ne cache pas depuis le début une préférence pour une alliance avec Siemens, ne l'a pas exclu vendredi :

"On va regarder (...) Je ne l'exclus pas (...) On ne se l'interdira jamais."

Le groupe allemand pourrait également proposer de vendre les actifs d'Alstom dans l'énergie éolienne et l'énergie nucléaire à Areva, répondant ainsi aux inquiétudes du gouvernement sur l'indépendance énergétique du pays, selon deux sources financières.