A 19 ans, sa solution pour "nettoyer" les océans approuvée par les scientifiques

Par Tiphaine Honoré  |   |  511  mots
En plaçant des capteurs dans les gyres océaniques (tourbillons marins) qui concentrent les déchets, le dispositif intercepte facilement les tonnes de plastiques "en permettant à la faune et la flore de passer librement dessous" explique Boyan Slat. /The Ocean Cleanup
Un jeune étudiant hollandais a mis au point un "entonnoir géant" pour filtrer et extraire les 340 millions de déchets plastiques qui envahissent les océans. Son idée vient d'être légitimée par une étude de faisabilité. Mais le projet nécessite encore 2 millions de dollars pour voir le jour.

Venir à bout du 6e continent. A 19 ans, Boyan Slat veut s'attaquer à cette montagne de 3,5 millions de km² à la dérive, qui empoisonne les océans. A l'aide d'un entonnoir se déplaçant avec les courants marins, il espère débarrasser la planète de cette masse polluante, découverte en 1997 par le capitaine et océanographe Charles Moore.

Des entonnoirs tentaculaires pour capter les plastiques 

Tout a commencé pendant ses vacances en Grèce. Le jeune Hollandais a été surpris d'observer plus de sacs en plastique que de poissons lors de ses plongées en mer. Il y a deux ans, il se lance donc dans d'intenses recherches et expérimentations pour trouver une solution à cette catastrophe écologique. 

Après avoir abandonné l'idée d'un râteau géant, trop destructeur pour les fonds marins, l'étudiant en école d'ingénieur aboutit finalement à un concept de plate-forme assemblant des tuyaux en bouées à des panneaux immergés de trois mètres. Vue de ciel, elle ressemble à une raie manta géante, sous l'eau elle s'apparente plus à une grande pieuvre. 

Dans un entretien au journal suisse Le Matin, il explique :

"Dans les méthodes de nettoyage traditionnelles, on utilise des bateaux équipés de filets pour récolter les déchets. Mais le plastique ne reste jamais au même endroit. Il se déplace, et c'est un problème car il faut se déplacer avec lui. C'est pourquoi j'ai décidé de me servir des courants et des vents pour amener le plastique à moi".

 En plaçant des capteurs dans les gyres océaniques (tourbillons marins) qui concentrent les déchets, le dispositif intercepte facilement les tonnes de plastiques "en permettant à la faune et la flore de passer librement dessous", complète Boyan Slat.

A la recherche de financements via crowdfunding

L'idée est là, reste à trouver l'argent. Après avoir lancé en 2013 sa fondation, The Ocean Cleanup, qui a rassemblé 100 volontaires, le jeune homme ambitionne aujourd'hui de lever 2 millions de dollars en cent jours pour construire une plate-forme pilote totalement opérationnelle dans les trois à quatre prochaines années. Pour cela, il a lancé un appel au don via une plateforme de crowdfunding. 65 000 euros ont déjà été récoltés.

Pour légitimer son projet, le jeune homme a commandé une étude de faisabilité dont les conclusions sont tombées le 3 juin dernier. Le rapport mené par des experts scientifiques juge "le concept viable et efficace" pour nettoyer les océans.

Si son système est finalement mis en place, il pourrait redonner un second souffle aux océans. Selon lui, la méthode utilisée pourrait débarrasser le Pacifique de la moitié de ses ordures en 10 ans. Mais Boyan Slat reste lucide, "les déchets plastiques ne sont qu'une partie du problème. Il y a également l'acidification, la surpêche, et ainsi de suite. Il faudrait également penser à un moyen pour empêcher les plastiques d'arriver dans l'eau".

 Il aura au moins gagné son premier combat : attirer l'attention sur ce défi environnemental.