Carburants : TotalEnergies répond à l'appel du gouvernement et annonce plafonner les prix « tant qu'ils resteront élevés »

Par latribune.fr  |   |  898  mots
Le prix à la pompe dans les stations de TotalEnergies est plafonné à 1,99 euro le litre. (Crédits : BENOIT TESSIER)
La semaine dernière, le ministre de l'Economie avait appelé le groupe pétrolier à prolonger le plafonnement des prix à la pompe à 1,99 euro « au-delà du 31 décembre 2023 », date initialement prévue. Ce à quoi TotalEnergies a donc répondu positivement, tout comme Intermarché qui a annoncé vendre ses carburants à prix coûtant le dernier week-end du mois.

[Article publié le mardi 12 septembre à 09H24 et mis à jour à 14H55] C'est une réponse favorable que TotalEnergies a donné au gouvernement. Pour rappel, le ministre de l'Economie l'avait incité le 7 septembre dernier à prolonger son plafonnement des prix des carburants au-delà de la fin de l'année.

« Je souhaite que TotalEnergies, qui a pris un engagement de plafonner les prix de tous les carburants, diesel et essence, à 1,99 euro jusqu'à la fin de l'année, prolonge ce plafonnement (...) au-delà du 31 décembre 2023 », avait-il suggéré sur franceinfo.

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En effet, le groupe pétrolier plafonne actuellement les prix dans 2.600 de ses stations sur le SP-95, le SP-98 et le diesel. Ce mardi 12 septembre, il a donc annoncé qu'il prolongera l'an prochain cette mesure « tant que les prix resteront élevés ».

L'Arabie saoudite vise un baril à 100 dollars

Les prix de l'or noir se sont installés au-dessus des 88 dollars pour le baril de Brent qui a même atteint plus de 90 dollars le 5 septembre dernier après que l'Arabie saoudite a décidé d'étendre jusqu'à la fin de l'année la réduction d'un million de barils par jour de son offre qu'elle applique depuis juillet. Moscou va appliquer également une baisse de son offre de 300.000 barils par jour jusqu'à fin décembre dès ce mois-ci.

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Sans compter que Riyad vise désormais les 100 dollars, en raison de l'inflation mondiale et des besoins de financement des coûteux projets du prince héritier. Or, un baril à 80 dollars, est, selon le Fonds monétaire international (FMI), le cours permettant d'équilibrer le budget public. Quant à la Russie, le niveau des cours est encore plus vital pour le pays qui doit financer son effort de guerre en Ukraine. D'autant que ses revenus générés par le pétrole et le gaz ont baissé de 38,1% sur les huit premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2022, selon les données du ministère des Finances russe, citées par l'agence Reuters.

Des décisions qui se ressentent à la pompe. La semaine dernière en moyenne, le SP95-E10 se vendait à 1,9359 euro le litre (+0,9 centime par rapport à la semaine précédente), le gazole à 1,88 euro (+2,3 centimes) et le SP-98 à 2 euros (stable) : des tarifs qui n'avaient pas été aussi élevés depuis avril pour l'essence et février pour le gazole, selon les statistiques du ministère de la Transition énergétique.

Réunion avec les distributeurs

De quoi pousser le gouvernement à appeler les distributeurs de carburants à faire un « effort de solidarité ». Ils devaient d'ailleurs être reçus au ministère de la Transition énergétique, ce mardi matin. Saluant la décision de TotalEnergies, Bruno Le Maire a dit espérer « que cette réunion sera conclusive. L'Etat ne peut pas prendre sur ses seules épaules le fardeau de l'inflation », appelant les distributeurs à annoncer des mesures pour le pouvoir d'achat.

De son côté, la ministre Agnès Pannier-Runacher a déclaré, ce mardi matin sur RMC être en contact avec « Système U, Carrefour et les autres acteurs de la grande distribution » et elle « croi(t) savoir qu'effectivement il y aura d'autres annonces ». « Je remercie et Total et Intermarché de prendre leurs responsabilités, et j'attends des autres fournisseurs et distributeurs de carburants » qu'ils en fassent autant, a-t-elle ajouté. Intermarché a annoncé vendre ses carburants à prix coûtant le dernier week-end du mois. Une mesure qu'il doit encore détailler.

Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion ce mardi, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a affirmé que son appel avait « été entendu » et que fournisseurs et distributeurs faisaient preuve de « responsabilité ». Elle a demandé « un effort de solidarité par la maîtrise des prix tout au long de la chaîne et jusqu'au consommateur final », « des marges nettes de raffinage et de distribution ».

Dans les stations de la grande distribution, les enseignes n'étant pas productrices de carburant comme TotalEnergies ont plutôt annoncé des opérations de vente à prix coûtant, ce qui a un impact plus réduit, puisque leurs marges sont de l'ordre de 1 à 2 centimes, selon l'Ufip (distributeurs de pétrole). Intermarché, Casino et Système U ont d'ores et déjà annoncé de telles opérations et la ministre a déclaré attendre des autres distributeurs qu'ils en fassent autant.

Le président du groupement Les Mousquetaires, Thierry Cotillard, avait appelé lundi à généraliser les opérations à prix coûtant qu'Intermarché mènera les derniers vendredis et samedis de chaque mois jusqu'à la fin de l'année. Casino avait déjà annoncé qu'il proposerait le carburant à prix coûtant du vendredi au dimanche, à partir du 1er septembre jusqu'au 22 octobre.

« Nous avons fait des opérations prix coûtant tout l'été au moment des chassés-croisés et on va le refaire. Mais quand on fait une opération prix coûtant, c'est 1 ou 2 centimes de remise au litre, ça ne change plus grand-chose pour les clients », a rappelé mardi matin Dominique Schelcher, directeur général Système U, sur France Inter.

Les supermarchés Leclerc avaient, eux aussi, mené des opérations similaires pendant l'été.

(Avec AFP)