
L'Arabie saoudite a décidé de prolonger la baisse de sa production de pétrole de l'ordre d'un million de barils par jour appliquée, en place depuis juillet, jusqu'à la fin de décembre, a indiqué le ministère de l'Energie du royaume dans un communiqué. De son côté, Alexander Novak, le vice-Premier ministre russe, a annoncé que son pays étendrait la baisse de sa production de 300.000 b/j appliquée depuis septembre jusqu'à la fin de l'année.
Ces décisions ont fait bondir les cours du brut. En début d'après-midi, le prix du baril de Brent progressait de 1,3%, repassant la barre des 90 dollars, à 90,1 dollars, soit 6,39 % sur un mois. Celui du baril de WTI, la référence américaine, augmentait de 1,7% à 87,4 dollars (+7,22% sur un mois). Il s'agit là de niveaux de prix inédits depuis début novembre 2022.
La production de l'Arabie saoudite va avoisiner les 9 mb/j
La production saoudienne « s'élèvera approximativement à 9 mb/j (millions de barils par jour) » dans les prochains mois, indique le communiqué, tout en précisant que cette décision « sera réexaminée chaque mois pour évaluer le besoin de réduire davantage ou augmenter la production ». Le pays dispose, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), d'une capacité de production de 12,2 mb/j.
L'Arabie saoudite ne veut plus se contenter d'un baril à 80 dollars, qui selon le Fonds monétaire international (FMI) est le cours permettant d'équilibrer le budget public. Riyad vise désormais les 100 dollars, en raison de l'inflation mondiale et des besoins de financement des coûteux projets du prince héritier. Mohammed ben Salmane veut moderniser et diversifier l'économie du pays pour moins dépendre de la rente des hydrocarbures, qui génèrent toujours aujourd'hui quelque 70% des recettes de l'Etat.
Pour Moscou, le niveau des cours est encore plus vital pour pouvoir financer son effort de guerre en Ukraine. Ses revenus générés par le pétrole et le gaz ont baissé de 38,1% sur les huit premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2022, selon les données du ministère des Finances russe, citées par l'agence Reuters. Pour le seul mois d'août, ces revenus ont chuté de 21 % par rapport à juillet, et de 4,3% sur un an. Le ministère des Finances russe anticipe désormais une baisse des revenus des hydrocarbures de 23% cette année par rapport à 2022.
Sous la houlette de Riyad et de Moscou, l'Opep+ (qui réunit les 13 membres de l'Opep et 10 autres pays exportateurs dont la Russie) cherche à contrôler l'orientation des cours du baril, quitte à perdre des parts de marché. L'organisation est la seule aujourd'hui à pouvoir augmenter rapidement son offre si c'est nécessaire, grâce à ses capacités de production en réserve, estimées à 5,7 mb/j en juillet, par l'AIE. En août, l'agence estimait que l'offre de l'Opep+ était 2,2 mb/j en dessous de son niveau habituel au troisième trimestre et de 1,2 mb/j au quatrième trimestre.
Le risque d'une forte correction des prix existe
Cette politique de l'Opep+ a néanmoins trouvé une justification à la grande messe de l'énergie asiatique, la conférence Appec (Asia Pacific Petroleum Conference), qui a débuté lundi à Singapour. Frédéric Lasserre, directeur de la recherche chez l'un des plus importants négociants de pétrole au monde, Gunvor Group, estime dans un entretien avec l'agence Bloomberg que le prix du baril de Brent pourrait subir une « correction significative » et tomber jusqu'à 71-72 dollars dans les six prochains mois.
Un jugement justifié par la faible demande en Europe où plusieurs pays sont déjà tombés en récession et aux Etats-Unis qui connaît un ralentissement économique. En outre, les incertitudes sur la future consommation d'or noir de la Chine, premier importateur mondial avec plus de 10 mb/j, sont loin d'avoir disparues.
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