Pétrole : Riyad et Moscou font flamber les cours en restreignant leur offre jusqu'à la fin de l'année

Riyad étend jusqu'à la fin de l'année la réduction d'un million de barils par jour de son offre qu'elle applique depuis juillet. Moscou va appliquer également une baisse de son offre de 300.000 barils par jour jusqu'à fin décembre dès ce mois-ci. La décision a fait gagner plus de 1,5% au prix du baril, le Brent passant la barre des 90 dollars, au plus haut depuis novembre 2022.
Robert Jules
Pilotée par le géant pétrolier saoudien Aramco, la production saoudienne « s'élèvera approximativement à 9 mb/j » dans les prochains mois.
Pilotée par le géant pétrolier saoudien Aramco, la production saoudienne « s'élèvera approximativement à 9 mb/j » dans les prochains mois. (Crédits : Reuters)

L'Arabie saoudite a décidé de prolonger la baisse de sa production de pétrole de l'ordre d'un million de barils par jour appliquée, en place depuis juillet, jusqu'à la fin de décembre, a indiqué le ministère de l'Energie du royaume dans un communiqué. De son côté, Alexander Novak, le vice-Premier ministre russe, a annoncé que son pays étendrait la baisse de sa production de 300.000 b/j appliquée depuis septembre jusqu'à la fin de l'année.

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Ces décisions ont fait bondir les cours du brut. En début d'après-midi, le prix du baril de Brent progressait de 1,3%, repassant la barre des 90 dollars, à 90,1 dollars, soit 6,39 % sur un mois. Celui du baril de WTI, la référence américaine, augmentait de 1,7% à 87,4 dollars (+7,22% sur un mois). Il s'agit là de niveaux de prix inédits depuis début novembre 2022.

La production de l'Arabie saoudite va avoisiner les 9 mb/j

La production saoudienne « s'élèvera approximativement à 9 mb/j (millions de barils par jour) » dans les prochains mois, indique le communiqué, tout en précisant que cette décision « sera réexaminée chaque mois pour évaluer le besoin de réduire davantage ou augmenter la production ». Le pays dispose, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), d'une capacité de production de 12,2 mb/j.

L'Arabie saoudite ne veut plus se contenter d'un baril à 80 dollars, qui selon le Fonds monétaire international (FMI) est le cours permettant d'équilibrer le budget public. Riyad vise désormais les 100 dollars, en raison de l'inflation mondiale et des besoins de financement des coûteux projets du prince héritier. Mohammed ben Salmane veut moderniser et diversifier l'économie du pays pour moins dépendre de la rente des hydrocarbures, qui génèrent toujours aujourd'hui quelque 70% des recettes de l'Etat.

Pour Moscou, le niveau des cours est encore plus vital pour pouvoir financer son effort de guerre en Ukraine. Ses revenus générés par le pétrole et le gaz ont baissé de 38,1% sur les huit premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2022, selon les données du ministère des Finances russe, citées par l'agence Reuters. Pour le seul mois d'août, ces revenus ont chuté de 21 % par rapport à juillet, et de 4,3% sur un an. Le ministère des Finances russe anticipe désormais une baisse des revenus des hydrocarbures de 23% cette année par rapport à 2022.

Sous la houlette de Riyad et de Moscou, l'Opep+ (qui réunit les 13 membres de l'Opep et 10 autres pays exportateurs dont la Russie) cherche à contrôler l'orientation des cours du baril, quitte à perdre des parts de marché. L'organisation est la seule aujourd'hui à pouvoir augmenter rapidement son offre si c'est nécessaire, grâce à ses capacités de production en réserve, estimées à 5,7 mb/j en juillet, par l'AIE. En août, l'agence estimait que l'offre de l'Opep+ était 2,2 mb/j en dessous de son niveau habituel au troisième trimestre et de 1,2 mb/j au quatrième trimestre.

Le risque d'une forte correction des prix existe

Cette politique de l'Opep+ a néanmoins trouvé une justification à la grande messe de l'énergie asiatique, la conférence Appec (Asia Pacific Petroleum Conference), qui a débuté lundi à Singapour. Frédéric Lasserre, directeur de la recherche chez l'un des plus importants négociants de pétrole au monde, Gunvor Group, estime dans un entretien avec l'agence Bloomberg que le prix du baril de Brent pourrait subir une « correction significative » et tomber jusqu'à 71-72 dollars dans les six prochains mois.

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Un jugement justifié par la faible demande en Europe où plusieurs pays sont déjà tombés en récession et aux Etats-Unis qui connaît un ralentissement économique. En outre, les incertitudes sur la future consommation d'or noir de la Chine, premier importateur mondial avec plus de 10 mb/j, sont loin d'avoir disparues.

Robert Jules
Commentaires 9
à écrit le 06/09/2023 à 9:09
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C'est l'effet de l'effondrement de l'économie russe? Explique-nous tonton Bruno.

à écrit le 06/09/2023 à 8:37
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Bah c'est pas grave ce sont les véritables travailleurs qui vont encore en prendre plein la poire ! Toutes les grosses feignasses oligarchiques elles ne risquent rien bien entendu.

à écrit le 05/09/2023 à 22:15
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Poutine écologiste? On aura tout vu!

à écrit le 05/09/2023 à 21:40
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C'est tout de même cocasse d'accuser la Russie de rationner le marché en fermant le robinet de ses ventes de pétrole quand c'est tout l'Occident qui cherche à empêcher la Russie de le vendre, par tous les moyens dont il dispose, dans le cadre de ses ...

à écrit le 05/09/2023 à 18:39
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Voila qui devrait faire plaisir aux écolos, à moins que ce soient eux qui aillent protester les premiers contre le prix du pétrole.

à écrit le 05/09/2023 à 18:18
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Bonjour, Personnellement, je propose de réduire encore nos beaucoup nos besoins de pétrole brut... Certe de n'est pas simple , plus de mobilité électrique ( mesure de réduction des prix sur les véhicules électriques) Mise en place d'une législatio...

le 05/09/2023 à 18:37
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L'hydrogène c'est un gouffre énergétique. L'hydrogène vert, c'est l'électricité. Quand vous rentrez 1000 watts dans le système, vous en sortez 500. Si on se mettait tous à consommer de l'électricité pur les déplacements, nous serions obligés de mettr...

le 06/09/2023 à 7:59
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C'est du long terme votre solution mais à court terme ce sera quoi hausse des prix 3€ le litre d'essence et j'en passe.

à écrit le 05/09/2023 à 18:18
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sa va couter cher pour rouler nous voila reparti a 2 euros et plus le litre et je ne parle pas du fuel pour se chauffer va falloir investir dans des bonnes doudounes

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