Chauffage : Engie veut redonner du pouvoir d'achat

Par Propos recueillis par Dominique Pialot  |   |  1040  mots
La directrice générale d'Engie, Isabelle Kocher, plaide pour une "transition énergétique compétitive" (Crédits : Reuters)
Isabelle Kocher explique à La Tribune comment elle veut permettre aux ménages de bénéficier d'une "transition énergétique compétitive". La directrice générale annonce pour janvier une « offre packagée » permettant d'acquérir une chaudière neuve sans en débourser le prix d'achat et en faisant baisser sa facture mensuelle.

LA TRIBUNE - L'énergie est un sujet central dans la crise actuelle du pouvoir d'achat. Au-delà du gel provisoire des tarifs réglementés de l'électricité et du gaz, annoncé par le gouvernement, quel rôle peuvent jouer les entreprises ?

ISABELLE KOCHER -

L'énergie n'est pas un bien comme les autres. Tout le monde a besoin d'énergie. Tous les ménages consomment de l'énergie. Et c'est aujourd'hui une part non négligeable de leur budget. Surtout en hiver pour le chauffage.

Chez Engie, nous pensons que la transition énergétique doit être une chance pour tous les Français et tout de suite, sinon elle n'aura pas lieu. On a beaucoup entendu parler au cours des dernières semaines de l'opposition entre fin du mois et fin du monde. Ces deux enjeux sont réconciliables et nous allons le prouver concrètement dès la mi-janvier.

Notre fil rouge à nous, c'est ce que j'appelle « la transition énergétique compétitive ». Les ménages comme les entreprises doivent payer leur énergie moins cher, c'est une question de pouvoir d'achat pour les premiers et de compétitivité pour les seconds.

A nous d'être capable de leur proposer une énergie propre tout en les aidant à faire des économies et à gagner réellement de l'argent.

Nous avons lancé des offres en ce sens depuis trois ans.

Mais face au malaise de la société française, il faut accélérer très fortement. Et j'ai mis toutes les équipes d'Engie en tension positive pour que nous soyons capables de proposer dans les quatre semaines des offres nouvelles, simples et qui redonnent tout de suite du pouvoir d'achat aux ménages.

Concrètement, que proposez-vous ?

Aujourd'hui, nous avons décidé de régler définitivement le sujet des vieilles chaudières, c'est-à-dire celles qui ont plus de 8 ans. Il y en a trois millions en France, elles concernent près de 12 millions de Français et elles consomment 30% d'énergie de trop pour un confort de chauffage moindre que les chaudières modernes. Or ceux qui ne changent pas de chaudière sont ceux qui n'ont pas les moyens de faire le chèque pour les remplacer. C'est pourquoi nous allons proposer une offre simple et packagée intégrant le remboursement mensuel d'une nouvelle chaudière, qui sera d'un montant inférieur aux économies d'énergies réalisées. Cela va donc être un gain immédiat de pouvoir d'achat pour tous les Français qui choisiront de remplacer leur chaudière dès la mi-janvier.

Cette offre nous l'avons testée en 2018, et les résultats nous ont prouvé que notre intuition de départ était juste. Tout le monde a envie de moderniser sa façon de consommer de l'énergie, mais il ne faut pas que cela coûte plus cher, il fait que cela soit simple et il faut que les économies réalisées soient pour tout de suite.

Qu'annoncez-vous de nouveau aujourd'hui ?

Nous allons encore travailler cette offre d'ici mi-janvier. D'une part en abaissant encore les « loyers » mensuels proposés, d'autre part en prenant en charge toute la gestion des aides auxquelles peuvent prétendre les ménages. Aujourd'hui beaucoup d'aides existent mais elles sont trop compliquées pour les consommateurs. J'en discutais récemment avec les associations de consommateurs qui font le même constat. C'est pourquoi nous avons décidé de nous occuper de tout. Nous formons actuellement des équipes dédiées pour accompagner nos clients. Dans quatre semaines, elles seront sur le terrain prêtes à s'occuper de tout pour changer une chaudière.

Cette baisse des loyers mensuels est rendue possible à la fois par l'optimisation de nos process, et par l'élargissement du mécanisme des CEE (les Certificats d'Economie d'Energie) dont les fournisseurs d'énergie doivent émettre un certain volume chaque année en échange des économies d'énergie qu'ils font réaliser à leurs clients, et qui n'englobaient pas jusqu'à présent le changement de chaudière.

Souhaitez-vous vous présenter comme l'énergéticien champion du pouvoir d'achat ?

Notre offre illustre très clairement notre valeur ajoutée, nous allons faire faire des économies à nos clients, que nous allons leur redonner tout de suite, dès le premier mois en pouvoir d'achat. Et cela représentera en moyenne près de 250 euros par an.

Et moins consommer, c'est lutter contre le réchauffement climatique. C'est par ces offres que nous réconcilions la fin du mois et le souci de la planète.

Toute notre organisation est articulée autour de ces gains de pouvoir d'achat pour les ménages et de compétitivité pour les entreprises. En tant que spécialistes de l'efficacité énergétique, nous savons que les gisements d'économies d'énergie sont considérables.

Nous proposons déjà à nos clients industriels des offres dans lesquelles nous finançons des changements d'équipement. Ou à des villes, auxquelles nous proposons des systèmes d'éclairage publics alimentés en énergie verte et qui, mieux régulés, peuvent entraîner jusqu'à 50 % d'économies d'énergie.

Et nous n'allons pas nous arrêter là. En 2019, nous allons nous attaquer à la remise à niveau de tous les équipements de la maison. Nous commençons avec les chaudières, puis ce sera au tour des radiateurs, des convecteurs, des pompes à chaleur...

Les résultats de la COP24 ont été plutôt décevants, considérez-vous que les acteurs privés peuvent agir seuls indépendamment des négociations internationales ?

La COP24 n'a pas été l'échec annoncé. Il faut continuer ce travail partenarial entre acteurs publics et privés. Nous pensons qu'il faut à la fois traiter l'urgence climatique et entendre la demande sur le pouvoir d'achat.

Passer à grande échelle sur les mécanismes qui permettent de réconcilier ces deux enjeux, c'est ce que j'appelle la « transition énergétique compétitive ».

On ne peut pas ne pas écouter ceux qui parlent de leurs fins de mois. Mais il est compliqué également de faire la sourde oreille face à ceux qui parlent de la préservation de la planète. Car sinon, cela deviendra pour nos enfants un sujet de... fin du mois !

Propos recueillis par Dominique Pialot