Climat : le monde s'éloigne de la trajectoire prévue par l'accord de Paris, alerte un rapport très attendu de l'ONU

Par latribune.fr  |   |  745  mots
Selon un rapport de l'ONU, les pays du monde entier doivent faire « beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts » pour lutter contre le changement climatique, selon un premier bilan de l'application réelle par les Etats de l'accord de Paris de 2015. (Crédits : Reuters)
A 83 jours de la COP28 et à la veille du sommet du G20, « le monde n'est pas sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de long terme de l'accord de Paris », estime le bilan publié sous l'égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Voilà de quoi alimenter les discussions au sommet du G20, qui s'ouvre à New Delhi ce samedi, avec peu d'espoir de réaliser des avancées ambitieuses sur la question climatique. Selon un rapport de l'ONU, les pays du monde entier doivent faire « beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts » pour lutter contre le changement climatique, selon un premier bilan de l'application réelle par les Etats de l'accord de Paris de 2015.

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A 83 jours de la COP28, « le monde n'est pas sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de long terme de l'accord de Paris », estime le bilan publié sous l'égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Pour parvenir à limiter le réchauffement à 1,5°C, la limite la plus ambitieuse de cet accord historique, les émissions de CO2 sont censées atteindre un pic avant 2025. L'atteinte de la neutralité carbone nécessitera ensuite le développement des énergies renouvelables, ainsi que la sortie de toutes les énergies fossiles sans captage de CO2.

Un rapport appuyé sur les données du GIEC

Cette mise au point, alimentée par les volumineux et alarmants rapports scientifiques du Giec, servira de point de base aux âpres négociations de la 28e conférence climatique de l'ONU, du 30 novembre au 12 décembre aux Emirats arabes unis, annoncée comme la plus grande COP jamais réunie, avec au cœur des discussions l'avenir des énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz.

Ce rapport chiffré de l'ONU publié ce vendredi était un document attendu de longue date, le premier exercice du genre depuis l'accord de 2015. Objectif, vérifier l'effet réel de ce dernier sur le réchauffement. Avec déjà près de 1,2°C de réchauffement, le monde souffre déjà d'événements climatiques extrêmes comme les canicules, les sécheresses, les inondations et les méga-feux qui ont ravagé diverses régions du monde cet été, le plus chaud jamais mesuré sur le globe.

« Il existe une fenêtre qui se referme rapidement pour augmenter les ambitions et mettre en œuvre les engagements existants afin de limiter le réchauffement à 1,5°C », prévient le bilan, qui suggère une nouvelle fois de multiplier les efforts en faveur de la finance, en premier lieu vers les pays en développement, de la baisse des émissions ou encore de l'adaptation au changement climatique.

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« La charge de la réponse incombe à 20 pays »

Atteindre une hypothétique neutralité carbone nécessitera des transformations profondes dans tous les secteurs et domaines, « y compris le développement des énergies renouvelables et la sortie des énergies fossiles sans captage du CO2 », souligne-t-il. Pour atteindre ses objectifs, l'humanité doit « réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43 % d'ici à 2030 et de 60 % d'ici à 2035 par rapport aux niveaux de 2019 », et toucher la neutralité carbone en 2050, dans seulement 27 ans.

Ce nouveau rappel à l'ordre intervient au moment où les dirigeants des grandes nations du G20 se réunissent à New Delhi, avec peu d'espoir de réaliser des avancées ambitieuses sur la question climatique. Les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis et de l'Europe baissent depuis des années, tandis que celles de la Chine (1er émetteur) et de l'Inde continuent d'augmenter.

« Les principes fondamentaux de l'accord de Paris ne sont pas encore respectés par les 197 parties », mais « la charge de la réponse incombe à 20 pays » en premier lieu, a ainsi rappelé jeudi à l'AFP le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, en direction des dirigeants du G20.

Le président de la COP28 et de la compagnie pétrolière nationale émiratie, Sultan Al Jaber, a réagi en appelant à « tripler les énergies renouvelables d'ici à 2030, commercialiser d'autres solutions sans carbone, comme l'hydrogène, et développer un système énergétique exempt de tout combustible fossile sans captage de CO2, tout en éliminant les émissions des énergies que nous utilisons aujourd'hui ».

« La réussite de la COP28 dépendra en grande partie de la manière dont le monde réagira aux résultats du bilan mondial », a réagi Kaveh Guilanpour, du centre de recherches sur le climat C2ES. Mais « l'heure de vérité sonnera au début de l'année 2025, lorsque les pays devront mettre sur la table de nouveaux objectifs climatiques », comme prévu par l'accord de Paris.

(Avec AFP)