Comment les pouvoirs publics misent, non sans peine, sur le GPL

Par Nabil Bourassi  |   |  528  mots
De gauche à droite, Marc Teyssier d'Orfeuil, DG du Club des voitures écologiques, Christophe Najdovksi, adjoint au maire de Paris, Joël Pedessac, DG du CFBP (Comité Français du Butane et du Propane) et Michèle Salvadoretti, DG de Q-Park France, remplacent un panneau d'interdiction du GPL dans un parking parisien.
Alors que le diesel est sur la sellette par les pouvoirs publics, le GPL pourrait être mis en avant pour ses faibles émissions de gaz à effet de serre mais aussi pour son absence d'émissions de particules fines. Ce carburant est très embryonnaire en France, alors qu'il représente un marché conséquent en Europe.

Et si une partie de la solution était juste sous notre nez et depuis plusieurs décennies déjà ? Aux yeux des pouvoirs publics, le GPL est redevenu le carburant alternatif prioritaire dans le cadre des politiques de lutte contre la pollution. Il faut dire que ce carburant composé de propane et de butane a mauvaise presse, et pourtant... Il est le carburant le moins cher à la pompe (0,81 euros le litre en moyenne).

Moins polluant et plus économe

Mais il est surtout beaucoup moins polluant. D'après l'Ademe, il ne produit pas de particules fines et limite les émissions de Nox, responsables de maladies respiratoires. Si le GPL émet des gaz à effet de serre, le Comité français du Butane et du Propane estime qu'il en émet moins que l'essence ou le diesel.

"Le fait d'équiper au GPL 1% du parc automobile essence actuel, permettrait de réduire immédiatement les émissions de C02 de 36.675 tonnes par an", écrit le Comité français du Butane et du Propane dans un communiqué.

Enfin, le choix d'une motorisation GPL n'impacte pas le prix d'achat de la voiture. Jusqu'en 2012, il profitait même d'un bonus écologique. Sa disparition a fait passer les ventes de 75.000 véhicules en 2010 à 2.500 immatriculations en 2014.

Résultat : les voitures à motorisations GPL représentent moins de 1% du parc roulant en France, loin, très loin des niveaux d'autres pays comme l'Italie (30% des ventes), l'Allemagne ou encore la Pologne. Avec un parc roulant de 260.000 véhicules seulement, la France est largement à la traîne alors qu'on en compte 14 millions sur l'ensemble du continent. En Asie, des pays comme la Corée du Sud et le Japon ont fait leur la cause du GPL.

Les Français se méfient encore du GPL

Et pour cause, le GPL n'est pas rentré dans les mœurs françaises. Alors que l'obstacle réglementaire a sauté en 2006 - la loi interdisait les GPL non-munis de soupapes d'entrer dans un parking, alors que tous les GPL roulants avaient remplacés en 2000 - celle-ci a néanmoins façonné l'inconscient collectif qui a une image négative du GPL. Ainsi, 50% des Français continuent à penser que les parkings souterrains sont encore interdits aux véhicules roulant au GPL. Autre idée reçue: le manque de stations services disponibles. Pourtant, il existe plus de 1.700 stations dans toute la France, et huit à Paris.

Du coup, les pouvoirs publics tentent de réhabiliter le GPL. La loi sur la transition énergétique devrait être une première étape, puisqu'elle devrait permettre aux collectivités locales de créer des zones à circulation restreinte. Or, la Ville de Paris, qui a adopté le 9 février dernier un plan anti-pollution, souhaite intégrer le GPL dans ce dispositif, aux côtés des voitures hybrides et électriques. En attendant, les pouvoirs publics ont pris une décision forte : supprimer les panneaux d'interdiction de GPL à l'entrée des parkings. Ils seront remplacés par des panneaux verts où il sera écrit "Bienvenue aux GPL". Symbolique ? Oui, mais nécessaire alors que l'interdiction a sauté depuis... 9 ans !

Le panneau d'interdiction des voitures GPL avant son remplacement par un panneau de "bienvenue".