Déchets nucléaires : le projet de Bure est en partie à revoir selon l'ASN

Par latribune.fr  |   |  403  mots
L'ASN réclame aussi "des compléments en vue de la demande d'autorisation de création", portant sur la justification de l'architecture de stockage, le dimensionnement de l'installation pour résister aux aléas naturels, sa surveillance et la gestion des situations post-accidentelles. (Crédits : Gleb Garanich)
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) considère que le projet Cigéo "a atteint, dans son ensemble, une maturité technique satisfaisante". Mais elle demande de réétudier les options de stockage des déchets bitumineux inflammables.

Le projet est sur la bonne voie mais doit encore être amélioré. C'est le verdict prononcé lundi 15 janvier par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à propos du projet Cigéo d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). Ce projet, qui vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets radioactifs de moyenne ou haute activité à vie longue, "a atteint dans son ensemble une maturité technique satisfaisante au stade du dossier d'options de sûreté", estime l'ASN dans son avis définitif. Mais la partie concernant les déchets bitumineux, qui représenteront environ 18% de l'ensemble des déchets stockés par Cigéo et sont très inflammables, n'est pas au point selon le gendarme du nucléaire.

"Sur ce point, l'Andra [Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui gère ce projet, NDLR] doit revoir sa copie. Si ce sujet n'est pas traité de manière satisfaisante, le stockage de ces déchets ne sera pas autorisé par l'ASN", indique le président de cette dernière, Pierre-Franck Chevet, dans un entretien au journal Le Monde.

Un calendrier tenable

Cette question avait été soulevée par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), bras technique de l'ASN, qui avait demandé à l'Andra d'étudier deux options pour y remédier: d'une part la possibilité d'un prétraitement de ces déchets pour neutraliser leur inflammabilité avant leur enfouissement, d'autre part celle de revoir la conception de leur stockage. Dans son avis définitif, l'ASN demande que la première solution soit privilégiée mais que la seconde piste soit également étudiée. Elle réclame aussi "des compléments en vue de la demande d'autorisation de création que l'Andra prévoit de déposer en 2019", portant sur la justification de l'architecture de stockage, le dimensionnement de l'installation pour résister aux aléas naturels, sa surveillance et la gestion des situations post-accidentelles.

"Le dossier est très bien avancé. Il est tout à fait possible de tenir le calendrier", juge Pierre-Franck Chevet.

L'Andra prévoit en effet de soumettre sa demande d'autorisation de création de Cigéo en 2019 avant un démarrage de la phase pilote prévu vers 2025. Issus essentiellement de combustibles des réacteurs nucléaires, les déchets devant être stockés à Bure représentent 3,2% du volume total des résidus radioactifs, mais ils concentrent à eux seuls 99,9% de la radioactivité.