Du gaz russe à l'éolien en mer : une société néerlandaise lance un appel d'offres géant jusqu'à 30 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  670  mots
TenneT évalue sa capacité actuelle de connexion offshore à environ 7,2 gigawatts en mer du Nord allemande et environ 2,5 gigawatts en mer du Nord néerlandaise. (Crédits : DR)
Pour sortir rapidement de la dépendance au hydrocarbures russes, un groupe néerlandais a élaboré un projet sur près de dix avec l'Allemagne et d'autres pays d'Europe du Nord. Objectif à terme : être capable de fournir 230 millions de foyers européens d'ici à 2050. En France, la filière doit combler son retard. Le points sur les chiffres.

En France, les acteurs de l'éolien en mer sont en attente de l'accélération de leur marché, encore plus depuis le début du conflit mené par la Russie en Ukraine. Alors que l'Hexagone est en retard pour déployer cette énergie qui utilise la force du vent au large des côtes, le coup d'accélérateur risque d'abord de venir des Pays-Bas et de l'Allemagne voisins. Le groupe néerlandais TenneT vient en effet d'annoncer le lancement d'un appel d'offres "à grande échelle", afin de répondre aux objectifs d'éolien offshore des deux pays, a annoncé le gestionnaire de réseau jeudi. Montant du chantier colossal à décrocher : jusqu'à 30 milliards d'euros.

Alors que l'annonce d'un recours accru au charbon en Allemagne et aux Pays-Bas suscite l'inquiétude de la Commission européenne, TenneT a indiqué dans un communiqué qu'il produira 40 gigawatts d'électricité en mer du Nord d'ici à 2030. Soit l'équivalent de l'ambition fixée par Emmanuel Macron pour la filière française mais pour... 2050.

Atteindre cet objectif "nécessite une nouvelle approche d'appel d'offres", selon TenneT, qui évalue sa capacité actuelle de connexion offshore à environ 7,2 gigawatts en mer du Nord allemande et environ 2,5 gigawatts en mer du Nord néerlandaise.

Fournir 230 millions de foyers

Le gestionnaire conclura un accord de coopération avec des partenaires clés du marché pour "une période pouvant aller jusqu'à huit ans", couvrant "les plates-formes offshore et les stations terrestres, ainsi que les convertisseurs".

L'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique ont annoncé en mai vouloir installer pour près de 150 gigawatts d'éoliennes en mer du Nord d'ici à 2050, pour en faire la "centrale électrique verte de l'Europe" et se passer d'hydrocarbures russes. Un objectif intermédiaire de 65 gigawatts a lui été fixé pour 2030.

Une puissance de 150 gigawatts dans l'éolien marin permet de fournir l'électricité nécessaire à 230 millions de foyers, selon les quatre pays.

Alors que la Russie réduit progressivement ses flux de gaz vers l'Europe, les Pays-Bas ont annoncé en début de semaine la levée des restrictions de production électrique au charbon.

L'Allemagne a activé jeudi le "niveau d'alerte" sur son approvisionnement en gaz, qui rapproche le pays de mesures de rationnement après la baisse drastique des livraisons de Moscou via le gazoduc Nord Stream.

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ZOOM : les chiffres de l'éolien offshore en France

- En France, Emmanuel Macron a promis la construction de 50 parcs éoliens offshore (fournissant 40 GW) d'ici 2050.

- Sept parcs (3,6 gigawatts au total) ont à ce jour été attribués à des opérateurs, mais l'Hexagone vient juste de produire ses premiers électrons, avec son parc de Saint-Nazaire en cours d'achèvement.

L'année 2021 a vu le lancement d'un 4ème chantier éolien offshore, celui de Courseulles-sur-Mer (Calvados), et la poursuite de Saint-Nazaire, Fécamp (Seine-Maritime) et Saint-Brieuc.

- Il faut aujourd'hui 10 ans en France pour mettre un site offshore en service, cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni...

- Selon toutes les projections, pour atteindre en 2050 la neutralité carbone nécessaire et éviter les pires effets du réchauffement, la France devra massivement déployer l'éolien offshore, qu'elle relance le nucléaire ou pas. Pour RTE, le gestionnaire du réseau haute tension, il en faudra 22 à 62 GW, selon le bouquet choisi.

- Dans son ensemble, la filière des énergies marines renouvelables a fourni en 2021 plus de 6.500 emplois (équivalent temps plein) en France, avec la construction des parcs éoliens et l'implantation d'usines, selon un bilan annuel publié par le secteur.

- Outre l'éolien, les énergies marines renouvelables sont l'hydrolien, le houlomoteur et l'énergie thermique des mers. Quelque 2,6 milliards d'euros ont été investis en 2021 dans le secteur, dont 2,2 par les développeurs, selon l'Observatoire. Prestataires et fournisseurs ont réalisé 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires (65% de plus que l'année précédente).

(Avec AFP)

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