Grande première, la France produit enfin de l'électricité éolienne offshore

Douze ans après les premiers appels d'offres, de l'électricité d'origine éolienne a été produite au large des côtes françaises près de Saint-Nazaire. L'Hexagone accuse un grand retard dans ce domaine sur les pays d'Europe du Nord où des parcs entiers fonctionnent déjà. D'autres sites éoliens offshore français doivent encore voir le jour dans la Manche et l'Atlantique dès 2023, et à termes en mer Méditerranée, alors que le développement de l'éolien terrestre marque le pas.
Un parc éolien offshore.
Un parc éolien offshore. (Crédits : Reuters)

Dans l'éolien offshore, la France part de loin. Malgré ses 2.800 kilomètres de côtes en métropole, l'Hexagone est très en retard dans l'éolien en mer par rapport au Royaume-Uni, la Scandinavie ou même l'Allemagne. Le pays avait pourtant décidé de se lancer dès 2009 sur ce créneau énergétique. Les premiers appels d'offres ont été lancés dès 2010 et 2012, suite au Grenelle de l'environnement. Mais, de procédures administratives en recours, aucune éolienne en mer ne fonctionnait jusqu'à aujourd'hui.

De l'électricité provenant d'éoliennes en mer, au large de Saint-Nazaire, vient enfin d'être produite pour la première fois en France cette semaine, ont annoncé vendredi l'opérateur et le gestionnaire du réseau. «Le parc éolien en mer de Saint-Nazaire a produit les premiers mégawattheures issus de l'éolien en mer français», ont annoncé le consortium détenant le parc (par EDF Renouvelables, Enbridge et CPP) et RTE. Cela représente «une étape importante pour la transition énergétique», ont jugé les partenaires.

Le parc en mer de Saint-Nazaire, tout premier en France à entrer en service, comptera à terme 80 éoliennes, qui seront progressivement posées d'ici la fin de l'année. Depuis la première pose en avril, il compte désormais 27 éoliennes installées. D'autres parcs éoliens en mer sont en cours de construction en France sur la façade atlantique. Celui de Fécamp (Seine-Maritime) doit être mis en exploitation courant 2023, avant ceux de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados). En Méditerranée, deux sites d'éoliennes offshore doivent être construits au large de Port-la-Nouvelle (Aude) et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Pour combler le retard français dans ce domaine, le président Emmanuel Macron souhaite installer 50 parcs éoliens en mer d'ici 2050, d'une puissance totale de 40 GW. Il souhaite en revanche freiner le développement prévu de l'éolien terrestre, qui se heurte à des contestations locales.

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Une plainte pénale vise le parc éolien en mer du Calvados

Le comité des pêches du Calvados a porté plainte auprès du Parquet national financier (PNF) pour des soupçons de "favoritisme" et de "détournement de fonds publics" dans l'attribution (après appel d'offres) à Eolien Maritime France (EMF) en 2012 d'un parc éolien en mer au large du département, au large de Courseulles-sur-Mer.  Composé de 64 éoliennes situées à plus de 10 kilomètres des côtes normandes, il doit être mis en service à l'horizon 2024 et devrait produire l'équivalent de la consommation annuelle en électricité de plus de 90% de la population du Calvados, selon les porteurs du projet.

Dans un communiqué, Mes William Bourdon et Vincent Brengarth ont annoncé avoir saisi le 29 avril le PNF d'une "plainte contre X des chefs d'atteinte à la liberté d'accès et à l'égalité des candidats dans les marchés publics - aussi appelé délit de favoritisme, de détournement de fonds publics par négligence, et de recel de ces infractions".

Elle a été déposée au nom du Comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins (CDPMEM) du Calvados. Vendredi, le PNF a confirmé avoir reçu cette plainte, "en cours d'analyse interne".

L'actionnariat d'EMF était alors détenu par EDF Renouvelables et le danois Dong Energy, remplacé en 2016 par le canadien Enbridge qui, selon les plaignants, "ne disposait à cette date d'aucune expertise industrielle dans la construction ou l'exploitation de parc éolien en mer".

Le CDPMEM estime que ce "changement d'intervenant aurait dû déclencher l'émission d'un nouvel appel d'offres, en ce qu'il était susceptible de dégrader les capacités techniques mises en oeuvre sur le projet de construction du parc éolien offshore". Les plaignants estiment également que "l'absence de remise en concurrence a empêché tout réajustement des subventions accordées", qui aurait dû être selon le comité revues à la baisse, au bénéfice du contribuable.

(Avec AFP)

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