Electricité : l'espagnol Iberdrola alerte ses clients français du risque d'une flambée de leur facture

Par latribune.fr  |   |  772  mots
Le fournisseur d'électricité espagnol, Iberdrola, a précisé toutefois qu'il ne se retire pas du marché français des particuliers. (Crédits : Sergio Perez)
Le fournisseur d'électricité ibérique a prévenu ses clients français qu'en cas de renouvellement de leur contrat d'électricité, il ne pourrait leur offrir des prix aussi bas que ceux permis en France par le « bouclier tarifaire ». Ce dernier limite, en effet, la hausse des tarifs réglementés de vente de l'électricité à 4% en 2022. A l'inverse, les clients français d'Iberdrola pourrait voir leur facture « doubler ou tripler ».

« S'ils ne réagissent pas, les prix vont doubler ou tripler pour eux ». C'est l'appel adressé par le fournisseur d'électricité espagnol, Iberdrola, à une partie de ses clients français. Ces derniers sont désormais invités à « se fournir ailleurs » sous peine de voir leurs tarifs exploser.

« Les prix élevés et l'extrême volatilité du contexte des marchés de l'énergie nous contraignent à transférer ces coûts aux clients lorsque nous établissons de nouveaux contrats avec eux », a expliqué le fournisseur qui achète de l'électricité sur le marché pour fournir les particuliers. Il admet ainsi qu'il lui est impossible d'appliquer lui-même le « bouclier » qui protège beaucoup de clients français. « Nous ne serons pas capables de fournir de l'électricité à un prix compétitif », dit le porte-parole, dimanche.

Contre la flambée des prix de l'électricité démarrée en 2021, le gouvernement français a, en effet, adopté une série de dispositifs pour protéger le pouvoir d'achat des ménages dont une limitation de la hausse des tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité à 4% en 2022. Un chiffre bien faible au regard des niveaux historiquement élevés atteints par les contrats de livraison d'électricité sur les marchés. « Sans cette décision, (les tarifs de l'électricité pour le consommateur) auraient augmenté de 38 % TTC au 1er janvier 2022 », stipule l'Etat français. Au total, selon un rapport de la Cour des Comptes datant de juillet, 67% des ménages français bénéficient de ces tarifs réglementés de l'électricité, dont le prix est fixé une fois par an par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), et approuvé par le ministre chargé de l'énergie.

Seulement 2% des clients en France

Si les clients de fournisseurs français pourront donc bénéficier de ce « bouclier tarifaire » encore plusieurs mois -- son échéance a été décalée par le gouvernement à la fin de l'année contre juin 2022 initialement -- ceux d'Iberdrola risquent de voir leur facture « doubler ou tripler » lors du renouvellement automatique de contrat, a confirmé le groupe qui a déjà envoyé un courrier, ces derniers jours, à tous ses clients français dont les contrats arrivent à échéance en octobre: « C'est tellement inexplicable comme situation que nous avons préféré donner les moyens à nos clients de protéger leurs propres intérêts », a assuré un porte-parole du groupe joint à Madrid.

Cela concerne toutefois « moins de 10.000 clients», précise-t-il, « soit 2% de nos clients en France, une toute petite partie », a indiqué à l'AFP. « Jusqu'à la fin de leur contrat, ils vont continuer de recevoir l'électricité au même prix, mais ils doivent prendre une décision pour pouvoir continuer de bénéficier de tarifs régulés auprès d'autres fournisseurs, et éviter un renouvellement automatique de contrat avec nous. S'ils ne réagissent pas, les prix vont doubler ou tripler pour eux », a-t-il indiqué.

Le groupe espagnol insiste néanmoins sur le fait qu'il ne se retire pas du marché français des particuliers, contrairement à Leclerc Energies, ou à CDiscount Energie qui n'accepte plus de nouveaux clients. « Iberdrola va continuer de fournir les clients français », a-t-il affirmé.

EDF lance un recours contre l'Etat

Mais ces derniers devraient donc se tourner de nouveau vers des fournisseurs français dont le prix de l'électricité restera plafonné dans le cadre du « bouclier tarifaire » qui consiste en une forte baisse de la taxe sur l'électricité, ramenée à 1 euro/MWh pour les ménages, 0,5  euros pour les entreprises, contre 25,83 euros auparavant et une augmentation du volume d'électricité nucléaire vendu à bas coût par EDF à ses concurrents. Cette vente se fait dans le cadre du mécanisme baptisé « Accès régulé à l'électricité nucléaire historique » (Arenh), régulièrement dénoncé par EDF. Et pour cause, l'électricien français estime que cette mesure amputera son excédent brut d'exploitation (Ebitda) de quelque 10 milliards d'euros cette année. Il a d'ailleurs lancé un recours contentieux auprès du Conseil d'Etat le 9 août. Il entend ainsi faire une « une demande indemnitaire, pour un montant estimé à date de 8,34 milliards d'euros, auprès de l'Etat ». Ce dernier « continuera à défendre le dispositif de rehaussement de l'Arenh devant le Conseil d'Etat, qui a encore rappelé en juillet dernier l'intérêt général associé à cette décision », a-t-on répondu du côté du ministère de l'Economie.

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