Énergie : le charbon se maintient, une mauvaise nouvelle pour le climat

Par Dominique Pialot  |   |  612  mots
La demande mondiale en charbon est repartie à la hausse en 2017 et 2018 (Crédits : REUTERS/Kristina Barker)
Au lendemain d’une COP24 décevante, un rapport de l’Agence internationale de l’énergie montre que, tout comme les émissions de gaz à effet de serre, la consommation de cette source d’énergie, la plus polluante d’entre toutes, est repartie à la hausse en 2017 et probablement en 2018. L’agence prévoit que sa consommation mondiale demeure stable dans les cinq prochaines années, une prévision alarmante au regard des enjeux climatiques.

Le parallèle avec les émissions de CO2 est frappant. Comme elles, après deux ans de baisse, la consommation de charbon est repartie à la hausse (+1%) en 2017, et ce devrait également être le cas en 2018.

La Chine est le plus gros consommateur (48% des volumes mondiaux) de cette source énergie. Bon marché, abondante et également répartie dans le monde, elle représente la deuxième source d'énergie derrière le pétrole, avec 27% de l'énergie primaire consommée dans le monde et 38% de l'électricité. En dépit du développement exponentiel des énergies renouvelables, de l'abondance de gaz de schiste américain et des initiatives engagées pour des raisons climatiques, cette proportion n'a pas bougé d'un iota en 30 ans. Mais la Chine s'est lancée dans un plan visant à limiter les effets du charbon sur la santé publique, et l'Agence internationale de l'énergie prévoit une baisse de 1% par an dans les cinq prochaines années.

Mais c'est en Inde (aujourd'hui 12% de la consommation mondiale) que la hausse est à la plus sensible. Une croissance économique de 8% par an d'ici à 2023 et de la demande en électricité de 5% devraient générer une consommation de charbon en augmentation de +3,9% chaque année. Autres pays où la demande augmente d'année en année : l'Indonésie, les Philippines, le Vietnam, le Bangladesh et le Pakistan.

Une demande stable pour les cinq prochaines années...au moins

Certes, dans d'autres régions du monde, la consommation s'effrite. Ainsi, aux États-Unis, le manque de compétitivité de « King coal » face aux énergies renouvelables et au gaz de schiste empêche pour l'heure Donald Trump de concrétiser ses promesses de campagnes consistant à relancer l'industrie du charbon. Contrairement à l'Europe centrale et à l'Europe de l'Ouest, la sortie du charbon s'accélère dans les pays de l'Ouest de l'Europe. À l'instar de la France, la Suède ou l'Angleterre, plusieurs pays se sont fixé des dates de fermetures de leurs dernières centrales en fonctionnement, et au-delà de 2023, l'Allemagne (dont 40% de l'électricité provient aujourd'hui du charbon), devrait après 2023 être le seul État à en consommer encore.

Dans la nuit du 18 au 19 décembre, les négociateurs des États membres et du Parlement européen sont parvenus à un accord sur la refonte du marché de l'électricité, qui fixe notamment une date de fin pour les subventions accordées aux centrales à charbon. En effet, les centrales émettant plus de 550 grammes de CO2 par kilowattheure produit et qui entreront en service après que la nouvelle réglementation soit entrée en vigueur ne pourront pas participer au mécanisme de capacité. Ce mécanisme permet de rémunérer les producteurs d'électricité susceptibles de mettre à disposition des capacités de production en cas de pics de consommation.

Mais globalement, la tendance est au moins à la stabilité de la demande mondiale, une situation qui risque de perdurer, au vu de l'âge moyen des centrales asiatiques, qui s'établit à 11 ans (contre 40 en moyenne pour les centrales occidentales).

Et c'est une bien mauvaise nouvelle pour le climat, lorsque l'on sait que 45% des émissions mondiales de CO2 proviennent précisément de la combustion du charbon. Les scientifiques qui n'ont de cesse d'exhorter le monde entier à laisser sous terre les énergies fossiles, et le charbon en particulier, semblent prêcher dans le désert. Ainsi, au lendemain de la dernière COP qui s'est achevée le 14 décembre, l'Europe a accepté que le plafond ne 550 gr/kWh ne s'applique qu'aux centrales entrant en service après publication de la nouvelle réglementation, laissant la porte ouverte à des contrats signés avant son entrée en vigueur...