Energie : Yannick Jadot veut « renationaliser » EDF

Par latribune.fr  |   |  598  mots
(Crédits : CHARLES PLATIAU)
A moins de trois mois de la présidentielle, le candidat écologiste a affirmé dimanche sa volonté que l’Etat reprenne « le contrôle total d’EDF », en refaisant du groupe un établissement public industriel et commercial (EPIC). La proposition tombe au moment où l'entreprise enchaîne les déboires, puisqu'elle est confrontée à la fois à une exigence du gouvernement d'augmenter le volume d'électricité qu’elle vend à prix cassé à ses concurrents, et à une faiblesse historique de la disponibilité de ses centrales nucléaires.

La question n'est pas nouvelle, mais les déboires que traverse le fleuron français de l'énergie remettent le sujet sur la table : faut-il nationaliser EDF ? Pour Yannick Jadot, la réponse est oui : le candidat écologiste à la présidentielle a plaidé, ce dimanche 16 janvier, pour que l'Etat reprenne « le contrôle total d'EDF ». Et ce, en lui conférant un changement de statut, d'une société anonyme de droit privé cotée à la bourse de Paris et détenue à 83,77% par l'Etat, à un établissement public industriel et commercial. Ce qui, selon l'eurodéputé, coûterait « autour de 5 à 6 milliards d'euros ».

« L'électricité est un bien commun. Il faut renationaliser l'EDF comme un établissement public EPIC », a-t-il ainsi lancé sur Twitter.

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le candidat (qui demande par ailleurs que la France sorte du nucléaire) a justifié cette proposition par la volonté qu' « EDF devienne un outil stratégique puissance, cohérent, au service de la transition énergétique ».

« Quand l'Etat ferme une centrale nucléaire, on paye des indemnités astronomiques à EDF et aux actionnaires. Aujourd'hui vous avez un opérateur EDF qui, à travers les décisions du gouvernement, est en train de se faire hara-kiri pour que Total et Engie fassent des records de bénéfices et versent des dividendes astronomiques à leurs actionnaires », a-t-il fustigé.

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Explosion de la facture de l'EPR de Flamanville

La proposition ne tombe pas au hasard : depuis plusieurs jours, EDF accumule les revers, malgré l'accord de principe d'Emmanuel Macron de relancer l'atome civil en France. En effet, pour limiter la hausse des tarifs de l'énergie subie par les consommateurs, l'exécutif lui a demandé d'augmenter de 20% le volume d'électricité nucléaire vendue à prix cassé à ses concurrents cette année. Une mesure qui lui coûtera près 8 milliards d'euros, et s'ajoute à une conjoncture déjà peu favorable. Pour cause, l'entreprise fait face à une faiblesse inédite de la disponibilité de ses réacteurs nucléaires, et a donc annoncé revoir à la baisse ses prévisions de production d'électricité pour 2022, à un niveau historiquement bas.

Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, le groupe a fait savoir en début de semaine que le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche), le seul actuellement en construction en France, accusait un énième surcoût et un nouveau retard. A cet égard, le candidat Yannick Jadot a demandé la tenue d'une commission d'enquête parlementaire, pour expliquer le « fiasco absolu » de cet EPR.

« Personne, pas un ministre, pas un responsable d'EDF n'est devant une commission d'enquête pour justifier des 17 milliards d'euros » de dépassement, selon lui [19,2 milliards selon la Cour des comptes, contre 3,3 milliards prévus initialement, ndlr] [...] Vous vous rendez compte que 17 milliards, c'est presque le budget de l'enseignement supérieur ? et vous avez des gens qui brassent les milliards d'euros d'argent public sans jamais rendre de comptes », a-t-il déploré.

Attention cependant : les deux chiffres mentionnés par Yannick Jadot ne sont pas vraiment comparables, car les 3,3 milliards d'euros prévus initialement n'intègrent pas les coûts de financement, estimés à l'époque à près d'1,3 milliard d'euros. Or, l'estimation récente de 19,2 milliards d'euros formulée par la Cour des comptes incorpore, elle, l'intégralité de ces coûts. Sans ces derniers, EDF considère que la facture de l'EPR de Flamanville est passée de 3,3 milliards à 12,7 milliards d'euros.

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