Exploitations laitières : les pâturages, la solution économique et écolo  ?

Par Alexandre Gadaud  |   |  653  mots
Les exploitations laitières ayant recours aux pâturages seraient plus écologiques et plus économiques selon une récente étude.
Selon une étude, le recours aux pâturages pour les exploitations laitières serait non seulement plus écologique, mais aurait également l'avantage d'être plus rentable.

Quel type de ferme est plus rentable et plus écologique en France ? Le réseau des Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam) s'est interrogé dans une étude publiée ce mardi sur les liens qui existent entre l'importance de l'exploitation laitière et la rentabilité qui en découle. Plus précisément, Joël Restif, agriculteur en Ille-et-Vilaine pour le réseau Civam, a expliqué qu'ils cherchaient ainsi "une corrélation entre la taille de la ferme et le résultat économique".

Et pour ce faire, le Civam a analysé les résultats de 170 fermes du réseau Agriculture durable (AD). Ce réseau, directement relié à la Civam, met en place une approche différente des systèmes de production agricoles, afin qu'ils soient plus autonomes et économes, en laissant par exemple leurs vaches pâturer pour obtenir une meilleure qualité plutôt que d'uniquement rechercher la production de masse.

Les fermes en question ne sont pas "bio", et sont toutes situées dans l'ouest de la France. Le Civam les a comparées avec un "échantillon ciblé" de 354 fermes, appartenant au réseau d'information comptable agricole (Rica), qui alimente les informations statistiques du ministère de l'Agriculture, et qui prend seulement en compte les exploitations laitières dont la production brute standard (PBS) est d'au moins 25.000 euros.

Moins de production, pour plus de richesse

Les résultats de leur étude mettent en évidence, sans grande surprise, que les fermes appartenant au réseau AD  -et qui achètent peu de compléments d'alimentation - utilisent moins de produits phytosanitaires et ont des émissions de carbone moins élevées. En plus de ces premières observations, ils ont relevé que "le volume produit ne génère pas obligatoirement plus de revenus" d'après les propos de Joël Restif.

L'agriculteur affirme aussi que dans les fermes qui préfèrent les pâturages aux autres modes d'élevage pour leur bétail, la course à la production n'est pas nécessaire compte tenu qu'elles "travaillent surtout sur l'efficacité économique et la création de valeur ajoutée". Les fermes du réseau AD créeraient même davantage de richesse (+24% de valeur ajoutée) par rapport aux exploitations du Rica, et ce malgré une production de lait de vache inférieure.

Pour l'agriculteur, "la rémunération du travail est plus importante sur (leurs) fermes, même avec des tailles inférieures". En comparaison avec les fermes Rica, il souligne par la même occasion que "les fermes AD ont 12.000 euros de résultat courant avant impôt en plus, avec 19.000 euros de production en moins". Un écart significatif qui serait en faveur du modèle prôné par les exploitants du réseau AD.

"Porter un modèle agricole alternatif"

De plus, dans les fermes de l'AD, 48% de la valeur ajoutée et des aides de la PAC serviraient à rémunérer le travail, contre 33% seulement dans les fermes Rica. L'étude assure que "le revenu disponible annuel pour l'exploitant non salarié est de 21.123 euros", et qu'en comparaison il est de 6.974 euros dans les fermes Rica.

D'après Arnaud Gauffier, responsable agriculture au WWF France, ces différences notables serviraient aussi à "porter un modèle agricole alternatif", qui ne fonctionnerait plus à partir du seul point de vue économique, mais également à partir du point de vue environnemental. Le problème ne serait plus seulement économique, car il constate que "l'augmentation de la productivité du travail dans les exploitations agricoles, la forte dépendance aux intrants et la course aux investissements ne sont plus gage d'efficacité économique". Pour l'ONG, l'urgence réside avant tout dans le changement des mentalités, afin de finalement "sortir de la religion des volumes". Un débat qui pourrait avoir lieu dans le cadre des discussions des états généraux de l'alimentation, qui sont ouvertes à tous depuis le mois de juin.

(avec agences)