Fuites d'eau : 1 litre sur 5 est actuellement perdu alerte l'UFC-Que Choisir

Par latribune.fr  |   |  909  mots
Un milliard de m3 par an est perdu à cause des fuites d'eau, selon l'UFC-Que Choisir (Crédits : Pixabay / CC)
20% de l’eau en France est perdu à cause de fuites, selon l’association de défense des consommateurs. Ce, alors que la majorité des nappes phréatiques du pays sont sous leur niveau habituel. Face à cette « gabegie économique et environnementale », l'UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à « mettre en œuvre un véritable plan de rénovation des réseaux d'eau ».

Après avoir analysé les données officielles de l'Observatoire national des services publics d'eau et d'assainissement, l'UFC-Que Choisir « sonne l'alarme ». Elle alerte « sur le niveau considérable des pertes d'eau potable relevé et la faiblesse des mesures prises pour y remédier », au moment où « l'eau doit être plus que jamais économisée ».

Car, sur l'ensemble de la France, un litre sur cinq distribués (19,9%) est perdu, ce qui représente un milliard de m3 par an. Un niveau équivalent à la consommation cumulée des agglomérations de Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice, soit 18,5 millions d'habitants, souligne l'association de défense des consommateurs.

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Jusqu'à 1 litre sur 2 perdu dans certaines villes

La situation varie évidemment selon les villes. Douze agglomérations ont des taux de fuites supérieurs d'au moins 10 points à la limite légale de 15%, fixée en 2012. Dans cinq d'entre elles, un litre sur trois disparaît : Évreux (35,5%), Aix-les-Bains (30,5%), Cavaillon (30,3%), Amiens (30,3%) et Sens (30%), selon l'association.

Pour les communes rurales, les fuites autorisées peuvent monter jusqu'à 35%, du fait de leurs spécificités (budgets limités, réseaux ramifiés et étendus...). Mais environ un quart des communes de moins de 1.000 habitants perdent dans les faits un litre sur deux.

Reste un peu d'espoir malgré tout, comme le souligne l'enquête. « De nombreuses agglomérations montrent qu'il est possible » de maîtriser les fuites, indique-t-elle. À l'instar de Cholet (0% de fuite), Saint-Malo (0,9%), Saint-Brieuc (1,3%) ou encore Fréjus (2,1%).

Faire payer l'agriculture intensive

L'UFC-Que Choisir « presse » donc les pouvoirs publics d'agir. Elle préconise la mise en place d'un « véritable plan de rénovation des réseaux d'eau ». Ce dernier pourra être « financé grâce à un rééquilibrage des redevances payées par les acteurs professionnels, au premier rang desquels l'agriculture intensive », souligne-t-elle.

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L'association de défense des consommateurs recommande ainsi de renforcer les aides venues des Agences de l'eau aux collectivités prioritaires en matière de raréfaction de la ressource et de fuites, et d'augmenter le budget de ces agences en relevant les redevances payées par les acteurs professionnels. Aujourd'hui les aides venues des Agences de l'eau sont « limitées en raison de l'inéquité des contributions des différents acteurs », d'après l'UFC. Les utilisateurs de l'eau sont censés contribuer en proportion de leurs pollutions et des volumes qu'ils prélèvent, mais la contribution de l'agriculture intensive est comprise entre 2% et 15% alors qu'elle représente 48% des consommations nettes (et au moins 80% en été).

« Si l'on ajoute les montants que l'agriculture devrait payer pour les pollutions dont elle est responsable, cela représente un manque de financement considérable pour les agences de l'ordre de 1,6 milliard d'euros par an », estime l'UFC-Que Choisir.

« Dans le cadre du plan Eau, le président de la République a bien évoqué le sujet des fuites, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2,5 à 3 milliards annuels, le président a annoncé 180 millions, abondés par une augmentation des redevances payées en grande partie par les consommateurs et ciblés sur les plus petites communes... bref, une goutte d'eau ! », souligne encore l'association.

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Enfin, selon l'association, il faut aussi développer l'appui technique des départements aux petites communes. L'aide de l'État en matière d'ingénierie (connaissance de l'état des réseaux, programmation des travaux, maîtrise d'ouvrage...) a été totalement supprimée en 2016, laissant démunies les plus petites communes, déplore-t-elle.

L'eau, ressource à préserver

Le sujet de la préservation des ressources en eau est au cœur de l'actualité des derniers mois, particulièrement depuis 2022, année marquée par une forte sécheresse. Le gouvernement a d'ailleurs lancé au début de ce mois de juin une campagne de communication pour rappeler « six gestes simples » afin d'économiser l'eau dans son quotidien. Parmi eux, vérifier et réparer les fuites. Mais aussi : installer un mousseur sur les robinets et un pommeau de douche économe, prendre une douche de 4 à 5 minutes et éviter les bains, installer un récupérateur d'eau de pluie, installer un goutte-à-goutte pour l'arrosage ou encore planter des plantes peu gourmandes en eau.

Une large majorité des nappes phréatiques françaises sont aujourd'hui à des niveaux préoccupants, confirmant les prévisions d'une nouvelle sécheresse estivale du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Selon les chiffres de cet institut chargé de la surveillance des nappes, le niveau de 66% d'entre elles était en dessous des normales au 1er juin, dont 19% à des niveaux très bas.

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De ce fait, plusieurs départements ont des secteurs classés en situation de « crise sécheresse », le niveau d'alerte le plus élevé qui implique d'importantes restrictions de l'usage de l'eau. C'est le cas de l'Oise, les Pyrénées-Orientales, l'Eure-et-Loir, l'Indre, le Loiret, la Vienne, la Côte d'Or ou la Vendée. Dans le sud-est de la France, en revanche, les nombreuses averses orageuses de la fin du printemps ont entraîné un allègement des mesures de restriction, pour le moment en tout cas.

(Avec AFP)