Fusion nucléaire : les Etats-Unis assurent avoir accompli une « avancée scientifique majeure »

Par latribune.fr  |   |  716  mots
La secrétaire d'État américaine à l'Energie, Jennifer Granholm, organisera mardi un événement au cours duquel elle « annoncera une percée scientifique majeure » au sujet de la fusion nucléaire. (Crédits : Reuters)
Selon le département américain de l'énergie et une enquête du média britannique, Financial Times, les Etats-Unis seraient parvenus à « une avancée scientifique majeure » en matière de production d'énergie grâce à la fusion nucléaire. Cette technique, qui repose sur le fait d'associer deux noyaux atomiques légers pour en créer un lourd contrairement à la fission actuellement utilisée, est considérée comme l'énergie de demain, car elle produit peu de déchets et par de gaz à effet de serre.

« Si cette percée (...)  est réelle, cela pourrait changer la donne pour la planète », s'est réjouit Ted Lieu, membre du Congrès de Californie. Et pour cause, les Etats-Unis pourraient bien dévoiler une « avancée scientifique majeure cette semaine » dans le domaine de la fusion nucléaire. C'est ce qu'a annoncé le département américain de l'énergie, dimanche. Le même jour, quelques heures plus tôt, le média britannique, Financial Times, avait également rapporté que des scientifiques du Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL), situé en Californie, avaient récemment obtenu un « gain net d'énergie » d'un réacteur à fusion expérimental. Leur installation se compose de près de 200 lasers de la taille de trois terrains de football, qui ciblent un point minuscule avec de hauts niveaux d'énergie pour initier une réaction de fusion. Selon le FT qui citait trois personnes ayant eu connaissance des résultats préliminaires, la réaction de fusion qui a produit un gain net d'énergie de 120% s'est produite au cours des deux dernières semaines.

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Fission et fusion

Pour rappel, il existe deux techniques pour produire de l'énergie. Celle dite de fission, et qui est utilisée dans les centrales nucléaires actuellement, consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds pour en récupérer l'énergie. La fusion est le processus inverse : on « marie » deux noyaux atomiques légers pour en créer un lourd. En l'occurrence deux isotopes (variantes atomiques) de l'hydrogène, donnant naissance à de l'hélium. Cette méthode est donc considérée par ses défenseurs comme l'énergie de demain, notamment car elle produit peu de déchets et pas de gaz à effet de serre.

Mais elle n'est pas encore totalement maîtrisée et, si les annonces américaines étaient avérées, il s'agirait de la première fois que des chercheurs réussissent à produire plus d'énergie dans une réaction de fusion - comme celle qui anime le Soleil - qu'ils n'en ont consommé au cours du processus. Cela constituerait, en effet, une avancée importante dans la recherche d'une énergie sans carbone.

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Invités à commenter l'article du FT, les porte-paroles du département de l'Energie et du LLNL ont indiqué à l'AFP que la secrétaire d'État américaine à l'Energie, Jennifer Granholm, organisera mardi un événement au cours duquel elle « annoncera une percée scientifique majeure » à ce sujet. Le porte-parole du LLNL a ajouté que « l'analyse (était) toujours en cours ». « Nous avons hâte de partager plus d'informations mardi lorsque ce processus sera terminé », a-t-elle assuré.

La France veut lancer son propre projet de réacteur à fusion nucléaire

Les Français ne sont pas en reste. Des chercheurs veulent, en effet, développer leur propre projet de centrale à fusion nucléaire. En octobre dernier, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) espérait ainsi obtenir le financement d'une étude de faisabilité d'un réacteur à fusion nucléaire. « L'idée est de travailler à la conception d'une centrale à fusion nucléaire compacte et rapide à construire à l'image de ce que font les Anglais », expliquait Jérôme Bucalossi, à la tête de l'Institut de recherche sur la fusion magnétique du CEA.

Et ce, en parallèle de la participation de la France au projet international du réacteur Iter, dont le chantier pharaonique se poursuit à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Initié en 2006 et réunissant six pays et l'Union européenne, ce projet doit justement faire la démonstration de la viabilité scientifique et technique de cette solution à grande échelle. « Iter sera la plus grande installation de ce type au monde », revendique ainsi l'organisation internationale sur son site en précisant que la machine, une fois finalisée, pèsera quelque 23.000 tonnes.

Plusieurs autres pays ont également lancé leur propre projet national dont le Royaume-Uni « qui est le plus gros promoteur de la fusion nucléaire en Europe », selon Jérôme Bucalossi. « Son programme STEP vise à développer un réacteur à fusion connecté au réseau électrique avant 2040 », précisait-il.

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