La Chine a gravement sous-évalué sa consommation de charbon pendant des années

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Il est néanmoins encore difficile de mesurer les éventuelles répercussions sur les engagements chinois en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
De nouvelles données gouvernementales, rapportées par le "New York Times", font état d'une consommation de charbon annuelle supérieure de 17% aux précédentes estimations. Un écart qui entraîné un supplément d'émissions de CO2 qui représente plus que toutes celles produites par l'Allemagne en un an.

L'entente entre la Chine et la France pour parvenir à un accord contraignant à la conférence de Paris sur le climat constitue sans doute un important pas en avant.

Il n'empêche que non seulement rééquilibrer le modèle chinois de croissance, traditionnellement tiré par l'industrie lourde, l'immobilier et les infrastructures, secteurs très gourmands en énergie, ne se fera pas en un jour. Mais surtout, Pékin aurait également sous-évalué, pendant plus d'une décennie, sa consommation de charbon, révèlent de nouvelles données établies par le Bureau national des statistiques (BNS) et rapportées mercredi 4 novembre par le New York Times.

600 millions de tonnes de trop

Selon ces chiffres, la Chine a brûlé jusqu'à 17% de plus de charbon par an que ce qui était précédemment estimé. L'ampleur de cette correction, qui figure dans un rapport gouvernemental annuel sur l'énergie, donne le vertige: pour la seule année 2012, la consommation chinoise aurait été, selon le NYT, de 600 millions de tonnes supérieure au niveau initialement annoncé.

Cela équivaut à plus de 70% de la consommation annuelle de charbon des Etats-Unis, et cela a entraîné des émissions chinoises de CO2 supplémentaires dépassant le volume annuel des émissions allemandes. Les chiffres officiels étaient sous-évalués depuis l'an 2000 mais le décalage s'est exacerbé ces dernières années.

Une révision qui fait l'effet d'un pavé dans la mare à quelques semaines de la conférence de Paris sur le climat, alors qu'on juge déjà la Chine responsable d'environ 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

"En Chine, le charbon est partout! "

Interrogé mercredi par l'AFP, le BNS s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat. Mais plusieurs experts ont confirmé à l'agence française cette importante correction.

Les chiffres "ont bien été ajustés", a indiqué Zhou Fengqi, expert rattaché à la National Development and Reform Commission, la puissante agence de planification gouvernementale chinoise. "Nous avions depuis longtemps constaté des écarts importants entre les chiffres du BNS et ceux de la fédération professionnelle des producteurs de charbon", a-t-il ajouté en marge d'une conférence à Pékin.

Le décalage était dû, de l'avis général, à une compilation compliquée des données. "En Chine, le charbon est partout! Au niveau des districts et des villes, il y a de nombreux usages du charbon (encore couramment utilisé comme mode de chauffage, NDLR), qui n'étaient pas pris en compte dans les statistiques", a souligné Song Guojun, professeur à l'Université du Peuple à Pékin.

Pas d'impact sur les engagements chinois?

Il est encore difficile de mesurer les éventuelles répercussions sur les engagements chinois en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La Chine a déjà promis un pic de ses émissions de CO2 "autour de 2030". Yang Fuqiang, conseiller du Natural Resources Defense Council, une ONG environnementale américaine, tempère:

"Cela ne devrait pas faire de différence, puisque Pékin s'est engagé sur un pic de ses émissions, et non sur un volume chiffré"

Avant de reconnaître:

 "Mais concernant l'objectif de limiter la hausse de la température mondiale en-dessous de 2°C, cela va susciter des inquiétudes accrues".

(Avec AFP)