La « colère verte » des jeunes Français sur le climat

Par Aline Robert, Euractiv  |   |  606  mots
Greta Thunberg. (Crédits : Reuters)
Les étudiants plutôt que les lycéens tirent la mobilisation des jeunes sur le climat, qui démarre doucement en France. Un article de notre partenaire Euractiv.

Alors que la Suédoise Greta Thunberg est à Bruxelles, le 15 février, pour participer à une marche pour le climat belge, les Français embraient à leur tour. Des étudiants franciliens doivent se rassembler vendredi 15 février devant le ministère de la transition écologique vendredi matin, et contribuer aux premiers mouvements de jeunes constatés ces dernières semaines dans l'Hexagone, comme à Valence ou Nantes. « Greta Thunberg appelle à la grève mondiale de la jeunesse pour le climat le 15 mars (...) Nous, la jeunesse, consciente de l'urgence climatique, allons commencer sans attendre la mobilisation à Paris (...) en reconduisant la grève tous les vendredis à partir du 15 février », annoncent des étudiants du groupe « Désobéissance écolo Paris ».

D'ordinaire prompts à débrayer, les lycées français n'ont pas fait preuve de grande réactivité sur la question climatique, alors que leurs comparses belges, suisses, néerlandais, allemands, britanniques et écossais ont déjà multiplié les mouvements et autres défilés. « Je pense que suffisamment de gens ont réalisé à quel point la situation est absurde. Nous sommes au beau milieu de la plus grande crise de l'histoire de l'humanité et rien n'est fait pour l'empêcher. Je pense que ce que nous voyons en ce moment, c'est le début de grands changements, et c'est très encourageant », assure Greta Thunberg, qui sera à Paris le 15 mars  prochain.

La mobilisation prend de l'ampleur en France

Le franc-parler de la jeune fille, qui a tancé les ministres de l'Environnement et chefs d'État de la planète à Katowice en Pologne en décembre, avant de reprocher aux chefs d'entreprise réunis à Davos leur immobilisme, tranche avec les discours lénifiants des politiques sur le sujet. Si elle semble plus discrète, la mobilisation progresse néanmoins singulièrement en France, notamment depuis la démission de Nicolas Hulot en septembre dernier qui a joué les électrochocs.

Dans la foulée, des dizaines de marches plus ou moins spontanées pour le climat ont été organisées, rassemblant des centaines de milliers de manifestants. Dans les grandes écoles, jusqu'alors plutôt conservatrices, un « Manifeste pour un réveil écologique » a récolté près de 30.000 signataires en quelques mois. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes » souligne le texte.

Les ingénieurs rompus aux algorithmes délaissent pour certains les filières auxquelles ils étaient au départ destiné, comme ce trentenaire polytechnicien qui a quitté la filière nucléaire pour s'engager sur la lutte contre le changement climatique. « Je n'y avais pas tant réfléchi durant mes études, mais quand il s'est agi de travailler, je ne pouvais pas faire quelque chose qui aille à l'encontre de mes convictions sur l'environnement » avance-t-il. Un autre courant, plus radical que celui des grandes écoles, a également rédigé un texte d'engagement plus radical, publié par Reporterre le 8 février. Le texte, abrupt comme les discours de Greta Thunberg, évoque la « colère verte » des jeunes face à l'immobilisme des gouvernants. La prise de conscience de l'enjeu climatique s'est aussi manifestée dans le résultat des consultations citoyennes sur l'Europe, qui ont touché près de 80.000 personnes en France en 2018 : le thème le plus récurrent a été celui de l'environnement.

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Par Aline Robert, Euractiv.fr

(Article publié le vendredi 15 février 2019 à 09h22 et mis à jour à 12h09.)

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