Pétrole : la production russe bat un nouveau record

Par Emmanuel Grynszpan, à Moscou  |   |  617  mots
Le total de la production russe a atteint 10,776 millions de barils par jour en octobre, selon des statistiques publiée lundi par le ministère de l'énergie russe.
Malgré la stagnation du cours du brut, les groupes pétroliers russes n’ont jamais autant produit depuis la fin de l’URSS. Mais le sous-investissement et les sanctions occidentales menacent cette résurgence.

Moscou pompe frénétiquement son sous-sol pour compenser la déprime du marché pétrolier. Les groupes pétroliers russes sont parvenus à augmenter leur production en dépit de la faiblesse prolonger des cours du baril. Le total de la production russe a atteint 10,776 millions de barils par jour en octobre, selon des statistiques publiée lundi par le ministère de l'énergie russe. C'est une progression de 0,3% par rapport au mois précèdent et 1,3% de mieux que qu'au mois d'octobre 2014. La Russie se maintient dans le trio de tête des pays producteurs de pétrole, avec les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite.

Environ la moitié de la production de brut russe est exportée, soit 5,42 millions de barils par jour en octobre. En glissement annuel, les exportations ont progressé de 9% par rapport à 2014, atteignant 202,7 millions de tonnes, toujours d'après le ministère de l'énergie russe.

Effets bénéfiques de la dévaluation du rouble

Cette résilience à la baisse des cours du pétrole s'explique par plusieurs facteurs. Les groupes pétroliers bénéficient d'un allègement fiscal, car les taxes à l'exportation sont indexées sur le prix du baril. D'autre part, la baisse des cours du pétrole ayant fait dévisser le rouble, les pétroliers en tirent avantage, car leurs coûts de production et d'exploration sont chiffrés en roubles.

C'est le gouvernement russe qui a donc encaissé le choc, avec une réduction drastique des recettes budgétaires. Or, le budget russe dépend pour la moitié des recettes de l'industrie du pétrole et du gaz. Le Kremlin à l'automne à accentuer la pression fiscale sur l'industrie pétrolière, avant d'y renoncer face au lobbying intense des groupes pétroliers. L'arbitrage s'est fait au dépend des dépenses sociales. Les retraités, par exemple, verront leurs retraites fondre alors que le Kremlin a décidé de ne plus les indexer sur l'inflation, qui devrait atteindre 14% cette année.

Des experts soulignent également un effet d'inertie. L'industrie pétrolière russe poursuit sur sa lancée grâce aux gros investissements dans de nouveaux gisements réalisés lorsque le prix du baril dépassait les 100 dollars.

Sous-investissement et déclin

La perspective d'un maintient des cours du pétrole dans la fourchette 40 à 60 dollars le baril inquiète le gouvernement et les groupes pétroliers russes. Le mois dernier, le vice-premier ministre russe Akady Dvorkovich a admit que "Si les prix du baril restent à un bas niveau sur une très longue période, disons plusieurs années, une réduction de 5 à 10% de la production pétrolière est tout à fait envisageable". Pour lui, la baisse de la production ne sera pas provoquée par des mesures gouvernementales, mais par une conséquence "naturelle" : la réduction des bénéfices des compagnies pétrolières se traduira par une baisse des investissements. Depuis le début de la baisse des prix du pétrole, les compagnies pétrolières russes ont réduit de 15 à 30% leurs investissements dans la production, estime Alexeï Gromov, de l'Institut de l'énergie et des finances.

Les sanctions bloquent tous les gisements prometteurs

L'autre facteur menaçant la production russe sont les sanctions internationales imposées dans le cadre de la crise ukrainienne. Ces sanctions frappent tous les transferts de technologies liés à l'exploitation ou l'exploration en zone offshore. Or, la Russie reste très dépendante de technologies concentrées entre les mains de groupes occidentaux. Conséquence, tous les nouveaux projets prometteurs en zone arctique, menés avec des groupes étrangers, sont gelés. Ils doivent remplacer progressivement les gisements de Sibérie occidentale, qui s'épuisent rapidement.