La Turquie se place au centre d'un nouveau gazoduc reliant le Turkménistan et l'Europe

Par latribune.fr  |   |  532  mots
Recep Tayyip Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie. (Crédits : Murad Sezer)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan soutient la création d'un nouveau gazoduc entre l'Europe et le Turkménistan, pays riche en énergie, en passant par la Turquie. Un projet censé aider l'UE à réduire sa dépendance au gaz russe. Mais dans cette région et à Ankara, Moscou accroît parallèlement son influence.

C'est un nouveau projet qui tombe à pic pour l'Union européenne dans sa stratégie de se dégager de sa dépendance énergétique à la Russie, depuis l'invasion de l'Ukraine. Le président turc défend l'idée de création d'un nouveau gazoduc entre le Turkménistan et l'Europe, sur le même modèle que ce qui se fait actuellement via le gazoduc transanatolien. Ce dernier achemine le gaz de la mer Caspienne vers l'Europa via un corridor au travers de l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie.

« Nous devons lancer les travaux permettant le transport du gaz naturel turkmène vers les marchés occidentaux de la même manière », a déclaré Recep Tayyip Erdogan dont les propos ont été rapportés par ses services. Le chef de l'État turc s'exprimait lors d'un sommet tripartite avec ses homologues d'Azerbaïdjan et du Turkménistan, accueilli par ce dernier dans la ville isolée d'Awaza.

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Un projet triplement gagnant

Le nouveau projet pourrait relier le Turkménistan au pipeline existant entre l'Azerbaïdjan et la Turquie. Une aubaine pour l'Union européenne qui disposerait d'une nouvelle source d'approvisionnement, réduisant au passage sa dépendance aux énergies russes comme elle souhaite le faire depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Pour autant, les entreprises russes, telle Gazprom, tente depuis quelques années d'augmenter leur influence dans cet ex République soviétique.

L'Europe ne serait pas la seule gagnante. D'après l'administration américaine chargée de l'énergie, le Turkménistan dispose des sixièmes réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Jusqu'à présent, son gaz était exporté via le marché russe. Il cherche aujourd'hui à accéder à d'autres marchés, particulièrement en passant par la Turquie. Ce projet lui permettrait d'atteindre cet objectif.

Enfin, Recep Tayyip Erdogan rêve depuis longtemps d'utiliser la position géographique de la Turquie, aux confins du Moyen-Orient et de l'Europe, pour en faire l'un des principaux centres mondiaux du commerce de l'énergie.

La Turquie joue sur deux tableaux

Reste que le président turc joue sur deux tableaux depuis le début de la guerre en Ukraine. Il conserve de bonnes relations avec le président russe, tout en fournissant des armes et en discutant avec Kiev. Début août, la Russie et la Turquie (membre de l'Otan) ont signé un accord pour renforcer la coopération économique et énergétique entre les deux pays. Poutine et Erdogan s'étaient aussi mis d'accord pour que les livraisons du gaz russe à la Turquie soient « partiellement payées en roubles », avait annoncé le vice-Premier ministre russe.

Erdogan a même soutenu l'idée de Vladimir Poutine de créer un nouveau « hub gazier » en Turquie permettant de poursuivre les exportations de gaz russes vers l'UE, en contournant les pipelines existants à travers l'Ukraine et sous la mer Baltique. Pour Moscou, le « TurkStream » est la voie principale pour acheminer le gaz russe.

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(Avec AFP)