Le pétrole a perdu un cinquième de sa valeur en deux semaines

Par latribune.fr  |   |  599  mots
Le brut a reculé de plus de 60% depuis l'été 2004, lorsqu'il dépassait les 100 dollars le baril, et se trouve à des niveaux qui n'ont plus été vus depuis la crise financière internationale.
Depuis que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a refusé de limiter ses niveaux de production en dépit de l'offre excessive, la dégringolade du Brent et du WTI s'accélère.

La baisse de l'"or noir" continue, dans un marché plombé par une surabondance de l'offre. Lundi 21 décembre en Asie, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier cédait 20 cents, à 34,53 dollars, dans les échanges électroniques. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en février, reculait pour sa part de 33 cents, à 36,55 dollars. Depuis l'été 2014, le brut a reculé de plus de 60%. Au début du mois de septembre de cette année-là, il oscillait entre 110 et 120 dollars le baril.

Opep, Iran et Chine... Trois facteurs de baisse des cours

Depuis le 4 décembre, lorsque l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a refusé de limiter ses niveaux de production en dépit de l'offre excessive, les cours ont perdu près d'un cinquième de leur valeur. A cela, il faut ajouter la perspective d'un retour plus rapide que prévu de l'Iran sur le marché des hydrocarbures, à la faveur de progrès substantiels dans les contrôles des sites nucléaires par l'AIEA.

Cette surabondance d'or noir est également à comparer avec une demande qui n'a cessé de ralentir. Le coup de frein de l'économie chinoise enclenché en 2014 et qui s'est accentué en 2015 a ainsi fortement touché les cours du pétrole.

Les Etats-Unis pèsent sur les cours du pétrole

Si la Chine est un élément déterminant du marché du pétrole, la conjoncture américaine a également fortement impacté le marché ces derniers jours. Ainsi, l'annonce la semaine dernière des stocks de brut américains bien plus élevés que prévu, a beaucoup surpris. Autrement dit, les Etats-Unis qui avaient réussi à relancer leur croissance économique grâce au pétrole de schiste produit sur leur territoire (réduisant ainsi leur facture énergétique à l'époque où le baril coûtait plus de 110 dollars), croule désormais sous les stocks de pétrole. Etonnant, puisque les analystes craignaient que les puits de pétrole de schiste ferment les uns après les autres avec la chute des cours du pétrole. Il faut dire que cette technologie est extrêmement couteuse puisque la production d'un baril de pétrole de schiste coûte en moyenne 70 dollars... Pourtant, les Etats-Unis continuent à compter de plus en plus de puits de pétrole. D'après la société de services pétroliers Baker Hughes, les Etats-Unis comptent 17 puits de pétrole supplémentaires depuis la semaine dernière.

"La production américaine de pétrole, qui devait baisser rapidement en 2016 et qui devait être le principal facteur de rééquilibrage du marché, continue à être beaucoup plus résilient qu'attendu", juge ainsi Michael Wittner, analyste à la Société Générale.

Le monde bientôt inondé par le pétrole américain?

Ainsi, non seulement, le pétrole américain ne sera pas un élément de rééquilibrage du marché, mais pourrait être un nouvel élément perturbateur puisque le Congrès américain a décidé de lever l'interdiction pesant depuis 40 ans sur les exportations de pétrole américain. Les Etats-Unis pourraient ainsi inonder le monde de leur pétrole.

Michael Wittner estime toutefois que les exportations de pétrole américain ne seront significatives qu'à partir de 2017. "La production de pétrole américain devrait baisser en 2016, alors que la demande devrait augmenter, ce qui limitera le reliquat destiné à l'export", écrit l'analyste dans une note. Il observe également que cette perspective a déjà été intégrée par le marché dans le prix du WTI.