Le conglomérat américain General Electric va cesser ses activités en Iran avant même le délai accordé aux entreprises par les autorités américaines, soit le 4 novembre, pour résilier définitivement leurs anciens contrats avec Téhéran. À la suite du retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, Washington a en effet décidé de réinstaurer un embargo sur le pays, les entreprises étant sommées de suivre le pas.
Pour le cas de GE, ce n'est pas une surprise : le groupe avait déjà indiqué en mai à l'AFP qu'il se conformera aux injonctions américaines.
« Nous adaptons nos activités en Iran comme il se doit pour nous conformer aux récents changements intervenus dans les lois américaines », a répété jeudi 31 mai par courriel une porte-parole. « Nos activités en Iran ont été limitées jusqu'à présent et sont encadrées par les politiques et règles américaines », a-t-elle ajouté.
General Electric faisait partie de la poignée de sociétés ayant reçu soit des licences spéciales soit le feu vert du Trésor américain pour commercer avec l'Iran après la levée d'une partie des sanctions internationales ayant suivi l'accord sur le nucléaire de 2015.
En jeu, des contrats de plusieurs dizaines de millions de dollars en Iran
Les filiales de General Electric, installées hors des États-Unis, ont reçu, depuis 2017, des contrats totalisant des dizaines de millions de dollars pour vendre des équipements et machines industrielles nécessaires dans l'exploitation des gisements gaziers et le développement des produits pétrochimiques, selon le dernier rapport du conglomérat industriel américain, publié le 1er mai.
Le journal économique Wall Street Journal chiffre à 150 millions de dollars les offres pour des pipelines, des compresseurs et du matériel sous-marin, avant le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire.
Le grand projet South Pars remis en question ?
Aussi, elles lorgnaient sur de nouveaux contrats, dans le gisement pétrolier South Pars - le plus grand gisement de gaz naturel au monde -, situé à une centaine de kilomètres des côtes iraniennes. Il devait recevoir un investissement de 5 milliards de dollars de la part de la major pétrolière française Total associée au groupe chinois CNPC.
Cependant, le groupe français avait déjà fait savoir qu'il renoncera à poursuivre ce grand projet s'il n'obtient pas une dérogation des États-Unis. Lors de l'assemblée générale des actionnaires ce vendredi, Patrick Pouyanné, le Pdg de Total, a jugé "très faible" la probabilité d'obtenir une exemption.
Les constructeurs aéronautique Boeing et Airbus, qui ont reçu des commandes évaluées en milliards de dollars de la part de compagnies aériennes iraniennes, vont néanmoins le plus pâtir du rétablissement de l'embargo américain vis-à-vis de Téhéran.
Ils n'ont pas pour l'instant annoncé quand ils comptaient annuler les commandes.
(avec AFP)