Les déboires s'accumulent pour EDF dans le nucléaire : le chantier des EPR d’Hinkley Point dérape encore, la facture s’envole

Par latribune.fr  |   |  581  mots
La centrale d'Hinkley Point C jouxte Hinkley Point B qui doit arrêter son activité prochainement (Crédits : POOL)
Le groupe d'énergie français a annoncé que le chantier de construction de deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR) à Hinkley Point en Angleterre accuserait un nouveau retard d'un an et des coûts supplémentaires d'au moins 3 milliards de livres.

Les déboires s'accumulent sur EDF. Alors que plus de la moitié des réacteurs de France sont aujourd'hui à l'arrêt pour maintenance, que les problèmes de corrosion observés sur 12 des 56 réacteurs de son parc nucléaire français serait plus lourde puisqu'ils devraient impacter l'Ebidta de l'exercice 2022 à hauteur de 18,5 milliards d'euros contre 16 milliards prévus jusqu'ici, le groupe d'énergie français  est également confronté à des déconvenues outre-Manche. En effet, le chantier de construction de deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR) à Hinkley Point C, dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre, accuserait un nouveau retard d'au moins un an engendrant des coûts supplémentaires d'au moins 3 milliards de livres (3,5 milliards d'euros). Pour rappel, EDF exerce la maîtrise d'ouvrage, tandis que son partenaire chinois CGN détient un tiers du projet.

Démarrage prévu en 2027

Un retard mis sur le compte des deux ans de pandémie: "les personnes, les ressources et la chaîne d'approvisionnement ont été mises à rude épreuve et leur efficacité a été limitée. De plus, le volume d'études et de travaux de génie civil, et le coût de ces travaux et en particulier des ouvrages maritimes, ont augmenté", fait valoir le groupe, en précisant que le prochain jalon sera la pose du dôme sur l'unité 1 de la centrale, au deuxième trimestre 2023, contre fin 2022 précédemment.

Résultat : alors qu'il était prévu fin 2025, puis repoussé l'an dernier à juin 2026, "le démarrage de la production d'électricité de l'unité 1 est désormais prévu en juin 2027. Le risque de report de la livraison des deux unités est évalué à 15 mois, en supposant l'absence de nouvelle pandémie et d'effet additionnel de la guerre en Ukraine", a indiqué EDF dans un communiqué publié hier soir.

Conséquence :  alors qu'il était évalué à 18 milliards de livres en 2016 lors du feu vert du gouvernement britannique et du début du chantier, le coût du projet est désormais estimé "entre 25 et 26 milliards de livres sterling" de 2015.

Des surcoûts qui seront, selon EDF, "sans effet sur les consommateurs au Royaume-Uni", en raison du type de contrat.

Plan de relance du nucléaire en France

Cet énième retard d'un EPR interpelle alors que la France s'apprête à lancer un plan de relance du nucléaire considérable avec la construction de 6 nouveaux EPR2 et 8 en option à partir de 2035-2037, pour un coût estimé à plus de 50 milliards d'euros pour six réacteurs.

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Si trois EPR (European Pressurized Reactor) sont terminés, en Finlande et en Chine, et que trois autres sont en construction (un en France et deux à Hinkley Point), les retards accumulés jettent le trouble sur la capacité de la France à tenir son calendrier. Et pour cause, le réacteur finlandais (Olkiluoto-3) a démarré en mars avec 12 années de retard, et sur les deux EPR chinois mis en service en 2018 et 2019, l'un est à l'arrêt depuis juillet 2021 pour des problèmes techniques. Quant au réacteur français, à Flamanville,  il accumule lui aussi un retard de 11 ans et une envolée des coûts à 12,7 milliards d'euros : contre 3,3 milliards lors de l'annonce de son lancement en 2006. Le chargement du combustible n'est pas attendu avant le 2e trimestre 2023.

(avec AFP)

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