Pétrochimie : la demande explose, l'AIE s'inquiète

Par latribune.fr  |   |  458  mots
La demande de plastique a notamment explosé et dépassé celle des autres matériaux (comme l'acier, l'aluminium ou le ciment), doublant quasiment depuis le tournant du millénaire. (Crédits : iStock)
Dans un rapport publié ce vendredi 5 octobre, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) souligne l'utilisation croissante de pétrole et de gaz pour produire du plastique, des engrais et des détergents. Elle alerte sur l'insuffisance des mesures pour limiter la pollution engendrée par ces produits, et prône la réduction des plastiques à usage unique ainsi que des taxes incitant à les rendre recyclables.

L'utilisation des produits issus du pétrole et du gaz, tels que le plastique et les engrais, mais également les vêtements et les détergents, va continuer à progresser fortement, souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié vendredi 5 octobre. La pétrochimie est d'ailleurs devenue le principal facteur de la croissance de la demande de pétrole, devant les voitures, les camions ou les avions. Elle représentera plus d'un tiers de cette croissance d'ici 2030, et presque la moitié d'ici 2050, relève le rapport.

La demande de plastique a notamment explosé et dépassé celle des autres matériaux (comme l'acier, l'aluminium ou le ciment), doublant quasiment depuis le tournant du millénaire. Mais le "potentiel de croissance dans le monde" est encore "énorme", en raison des futurs besoins de pays émergents tels que l'Inde ou l'Indonésie, qui aujourd'hui utilisent 20 fois moins de plastique et 10 fois moins d'engrais que les États-Unis, l'Europe et les autres économies avancées, note l'AIE.

Un des "angles morts" du débat sur l'énergie

Cette évolution ne s'accompagne toutefois pas de la prise de conscience qu'elle exigerait, s'alarme l'AIE. "Nos économies dépendent fortement des produits pétrochimiques, mais le secteur fait l'objet de beaucoup moins d'attention que ce qu'il mérite", juge notamment son directeur exécutif, Fatih Birol. L'AIE estime ainsi qu'il s'agit d'un des "angles morts" du débat sur l'énergie, avec d'autres sujets qu'elle a déjà abordés comme l'essor de la climatisation.

"La production, l'utilisation et l'élimination de ces produits soulèvent une série de défis en termes de soutenabilité auxquels il faudra faire face", juge-t-elle.

L'AIE prône des contraintes et des taxes

L'agence formule dix recommandations tant sur la production que l'utilisation et l'élimination de ces produits. Elle prône notamment la réduction des plastiques à usage unique, l'amélioration de la gestion des déchets ou encore une "extension de la responsabilité du producteur" avec, par exemple, des taxes qui pénalisent la faible recyclabilité des produits.

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La quantité de plastique qui finit dans les océans chaque année pourrait ainsi être réduite considérablement et la quantité totale de plastique accumulée dans les mers être plus que divisée par deux d'ici 2050, par rapport à un scénario où la tendance actuelle se poursuivrait. Le stock de plastique en mer serait ainsi quasi-stabilisé à cet horizon, sans compter les initiatives éventuelles pour aller retirer les sacs et autres emballages à la dérive.

Côté production, l'AIE encourage aussi des réglementations pour limiter les émissions de CO2 ou encore l'établissement de normes plus strictes pour la qualité de l'air.

(Avec AFP)