Pétrole : le géant Saudi Aramco intensifie sa production... et la guerre des prix

Par AFP  |   |  567  mots
Le royaume saoudien affirme avoir une capacité de production de 12 millions de bpj, mais il reste difficile de savoir si ce rythme sera viable à long terme. (Crédits : Reuters)
Quelques jours après l'offensive de Riyad sur les prix du pétrole, l'entreprise publique annonce une hausse de production à 12,3 millions de barils par jour de brut "en avril". Cela signifie qu'elle ajoutera 2,5 millions de barils par jour, en comparaison de sa production quotidienne actuelle.

Le géant pétrolier Saudi Aramco a annoncé, ce mardi, qu'il allait fournir à ses clients 12,3 millions de barils par jour (bpj) de brut "en avril", faisant état d'une augmentation de sa production alors que Riyad a lancé une guerre des prix contre Moscou.

"Saudi Aramco annonce qu'elle fournira à ses clients 12,3 millions de barils de pétrole brut par jour en avril", a déclaré l'entreprise publique dans un communiqué publié sur le site internet de la Bourse saoudienne.

Plus grand exportateur de brut au monde, l'Arabie saoudite pompe actuellement quelque 9,8 millions de barils par jour, ce qui signifie qu'elle ajoutera 2,5 millions de barils à sa production quotidienne à partir d'avril.

"La société a convenu avec ses clients de leur fournir de tels volumes à partir du 1er avril 2020. L'entreprise s'attend à ce que cela ait un effet financier positif à long terme", a assuré Saudi Aramco.

Tensions russo-américaines

Riyad a déjà réduit le prix de son pétrole à partir du mois d'avril, en réaction à l'échec des négociations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie pour conclure un accord sur des réductions supplémentaires de la production et stimuler des prix en berne en raison de l'épidémie du nouveau coronavirus.

La Russie s'est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour (bpj), les compagnies pétrolières russes craignant de perdre des parts de marché et souhaitant concurrencer offensivement le pétrole de schiste américain.

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La réaction saoudienne, qui a fait chuter les prix du brut, avait entraîné lundi une dégringolade sur les marchés financiers à travers le monde.

L'avenir de l'Opep en question

Mardi, le ministre de l'Énergie russe Alexandre Novak a déclaré ne pas "fermer la porte" à l'alliance Opep-Russie (Opep+) et que le récent désaccord de Moscou "ne signifie pas qu'à l'avenir nous ne pourrons plus coopérer entre pays Opep et non-Opep".

"À court terme, [la Russie] peut augmenter sa production de 200/300.000 bpj, avec un potentiel de 500.000 bpj dans un avenir proche", a-t-il néanmoins prévenu dans une interview télévisée, après l'annonce de Saudi Aramco.

"Une production supérieure à 12 millions de bpj montre que les Saoudiens ont quelque chose à prouver", estime Bill Farren-Price, directeur du centre de recherche britannique spécialisé RS Energy.

"C'est une prise de parts de marché. Les robinets sont ouverts et les prix ont été fortement réduits", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le pétrole en rebond

Le royaume saoudien affirme avoir une capacité de production de 12 millions de bpj, mais il reste difficile de savoir si ce rythme sera viable à long terme.

L'Arabie dispose également de dizaines de millions de barils de brut stockés dans des réserves stratégiques censées être utilisées en cas de besoin et pourrait s'en servir pour fournir les barils supplémentaires.

Les places financières des pays du Golfe ont fortement rebondi à l'ouverture mardi, après plusieurs séances de pertes massives, entraînées par le redressement des cours du pétrole sur les marchés mondiaux.

Le titre du géant de l'énergie Aramco, qui domine le marché saoudien de Tadawul, a gagné 5,5% après une série de séances dans le rouge.