Carburants : Macron veut améliorer le "chèque énergie" et Darmanin veut le simplifier

Par latribune.fr  |   |  795  mots
Évoquant le quotidien de ceux qui doivent faire "30 ou 40 kilomètres chaque jour pour aller travailler", Emmanuel Macron a dit lors de cet entretien diffusé mardi sur Europe1: "Je comprends leur colère, ils se sentent pris au piège et ils considèrent que c'est injuste". (Crédits : Benoit Tessier)
Confronté à une grogne croissante sur le prix des carburants, Emmanuel Macron, a dit mardi sur Europe 1, vouloir aider les ménages les plus modestes à payer leur facture de gaz et d'électricité et le carburant pour se déplacer en voiture. Gérald Darmanin prenait le relai sur LCI, affirmant que le dispositif devait être simplifié, constatant notamment que 560.000 Français qui reçoivent le chèque énergie... ne l'encaissent pas.

[Article publié mardi 6.10.2018 à 11h37, mis à jour à 13h12 avec citations Darmanin]

Emmanuel Macron a annoncé mardi sur Europe 1 vouloir regarder "comment améliorer le chèque énergie" pour les ménages modestes ainsi que l'extension à l'ensemble de la France de la défiscalisation de l'aide au transport mise en place par la région Hauts-de-France.

"Il faut qu'on regarde comment améliorer le chèque énergie parce qu'on ne peut laisser les gens alors que l'hiver commence dans une situation qui ne permet pas de se chauffer dignement", a déclaré le président de la République.

Créé pour remplacer les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, ce chèque sera porté en 2019 à 200 euros par an en moyenne, contre 150 euros cette année. Il est versé à environ 3,7 millions de ménages en situation de précarité.

L'initiative des Hauts-de-France pourrait être étendue à toute la France

Qualifiant de "bonne philosophie" l'aide au transport proposée par les Hauts-de-France pour ceux qui ont plus de 30 km par jour de déplacement, il a par ailleurs confirmé que "cette aide sera défiscalisée". A la question "sur l'ensemble du territoire ?", il a répondu "tout à fait".

"Il faut aider nos citoyens les plus modestes qui n'ont pas le choix", a souligné Emmanuel Macron dans cette interview enregistrée lundi à Verdun.

Évoquant le quotidien de ceux qui doivent faire "30 ou 40 kilomètres chaque jour pour aller travailler", Emmanuel Macron a dit: "Je comprends leur colère, ils se sentent pris au piège et ils considèrent que c'est injuste".

"Démagogie" de l'appel à bloquer les routes le 17 novembre

Concernant l'appel à bloquer les routes le 17 novembre pour protester contre la hausse du prix du diesel, le président de la République a mis en garde contre "la démagogie" qui se fait jour selon lui dans les débats actuels sur les prix des carburants, se "méfiant sur ces grands appels à mobilisation pour tout bloquer". "Parce que généralement derrière on trouve un peu tout et n'importe quoi, des choses qui n'ont rien à voir ensemble et des gens qui n'ont pas beaucoup de projets pour le pays, si ce n'est de le mettre à l'arrêt", a-t-il ajouté.

Le président a défendu l'augmentation de taxes sur le diesel "pour réduire l'écart avec le sans plomb, parce qu'il ne se justifie plus".

"Moins taxer le travail, mais davantage ce qui pollue"

Le gouvernement "va dans la bonne direction. On doit moins taxer le travail, ce qui est le cas: vous avez vu vos cotisations qui ont baissé, et vous allez continuer à voir ce mouvement, et on doit davantage taxer ce qui pollue", a expliqué M. Macron.

Le chef de l'État a enfin souligné la dépendance des prix des carburants à la situation géopolitique mondiale.

"Quand ça monte, plus des trois quarts de l'explication, ce n'est pas les taxes, c'est le reste du monde. Quand vous me voyez me déployer pour éviter tel ou tel conflit avec l'Iran d'un côté, ou essayer d'être présent dans le Proche et Moyen-Orient, d'avoir une diplomatie pour la France, c'est aussi pour défendre vos intérêts au quotidien", a-t-il justifié.

560.000 Français reçoivent ce chèque énergie mais... ne l'encaissent pas

Prenant la suite de Macron ce matin, Gérald Darmanin, sur la fronde contre la hausse des prix des carburants, explique sur LCI que le chèque énergie pourrait être "élargi" à certains contribuables imposables. Mais qu'il y a deux problèmes avec ce dispositif.

"Le premier, c'est que c'est très technocratique comme système, parce que vous recevez un chèque, mais c'est un chèque que vous ne pouvez pas encaisser, c'est un chèque que vous devez déduire de votre tarification", a-t-il rappelé.

"Aujourd'hui, il y a 560.000 Français qui reçoivent ce chèque mais qui ne l'encaissent pas. Ce sont des dizaines de millions d'euros mis à la disposition" des contribuables mais "qu'ils ne dépensent pas", a insisté le ministre, jugeant nécessaire de rendre le dispositif "plus simple".

La deuxième "question qu'on doit se poser", c'est : "Est-ce qu'il faut aider les gens qui sont imposables, c'est-à-dire ceux qui payent l'impôt sur le revenu", et qui ne bénéficient actuellement pas du chèque énergie ?, a poursuivi Gérald Darmanin.

"Je pense qu'effectivement il faut s'occuper de tous les Français modestes", a-t-il déclaré, estimant qu'il fallait peut-être "élargir à d'autres personnes" le chèque énergie, évoquant le cas de certains contribuables payés "au Smic".

"Avec le ministre d'Etat François de Rugy, nous aurons l'occasion de faire cette semaine des propositions au Premier ministre" sur ce sujet, a-t-il prévenu.

(Avec AFP)