Renationalisation d'EDF : un recours des actionnaires minoritaires retarde l'OPA de l'Etat

Par latribune.fr  |   |  448  mots
Dans ce recours, les actionnaires minoritaires invoquaient « une fraude » visant la participation au vote de l'actuel président d'EDF Jean-Bernard Lévy. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Dans un avis, l'Autorité des marchés financiers a indiqué qu'un recours a été déposé devant la cour d'appel de Paris le 2 décembre pour faire annuler son avis de conformité concernant l'offre pour la renationalisation d'EDF. L'OPA de l'Etat sur EDF va donc être prolongée. Une énième tentative des actionnaires minoritaires de l'énergéticien de faire entendre leur voix.

La pression monte sur EDF, en passe d'être nationalisé à 100%, et sur l'Etat français. Depuis le mois de janvier, les actionnaires minoritaires de l'industriel sont vent debout contre l'OPA de Etat, s'estimant lésés d'être dépossédés de leurs titres, notamment en raison d'un prix de rachat jugé insuffisant. Pour se faire entendre, ces actionnaires ont déposé plusieurs recours en justice. De quoi décaler le calendrier de l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui devait prononcer le 22 décembre, sans surprise, un avis de conformité sur l'offre de renationalisation.

« Dans l'attente de la décision de la cour d'appel de Paris sur la demande de sursis, l'offre publique est prorogée », a annoncé l'AMF mercredi dans un communiqué, sans donner de nouvelle date de fin de l'opération.

Pour rappel, une partie des salariés-actionnaires avait déjà assigné EDF devant le tribunal afin de dénoncer les conditions dans lesquelles le conseil d'administration a validé l'OPA dans le but de renationaliser l'électricien à 12 euros par action, étape clé pour son rachat complet par l'Etat, qui en détient pour l'instant 84%. Mais, le 10 novembre dernier, le tribunal de commerce de Paris avait rejeté leur recours en urgence.

Dans ce recours, ils invoquaient aussi « une fraude » visant la participation au vote de l'actuel président d'EDF Jean-Bernard Lévy, lequel « n'a pas révélé l'existence d'un double-conflit d'intérêts », un grief déjà soulevé dans un courrier adressé à l'Autorité des marchés financiers. En cause : le cumul de sa fonction de censeur au conseil d'administration de Société Générale, « l'un des deux établissements présentateurs de l'offre désignée par l'État », avec son statut de dirigeant nommé par l'exécutif.

Le gendarme boursier n'avait pas retenu les critiques et avait donné le 22 novembre son feu vert au projet de rachat, mais un recours a été déposé le 2 décembre devant la cour d'appel de Paris pour annuler cette décision.

En conséquence, l'AMF est contrainte de reporter sa validation. Le règlement général de l'autorité lui permet de reporter la date de clôture d'une OPA « pendant la durée de l'offre ». « Une nouvelle information sera publiée pour faire connaître le calendrier modifié », indique-t-elle.

L'Etat francais et Bpifrance détenaient ensemble plus de 90% des droits de vote d'EDF et 86,2% du capital, selon la dernière déclaration datant de mercredi.

Pour que l'OPA soit réussie et permette à l'Etat d'engager un retrait obligatoire des actions EDF de la Bourse, ces deux seuils doivent dépasser les 90%.

(Avec AFP)

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