Royaume-Uni : la fronde se lève contre un chantier colossal d'EPR d'EDF

Par latribune.fr  |   |  362  mots
Les deux réacteurs EPR de Sizewell C doivent être construits dans l'est du pays. (Crédits : Vincent Kessler)
Alors que le gouvernement britannique a tout fait pour démarrer le plus vite possible ce chantier EPR pharaonique, la contestation d'opposants écologiques pourrait le ralentir et même arriver devant les tribunaux. En cause : leur inquiétude autour de l'approvisionnement en eau de la zone.

La construction de deux réacteurs nucléaires EPR par EDF au Royaume-Uni demeure fastidieuse. Le dernier projet de centrale nucléaire EPR, dit « Sizewell C », dans le Suffolk au Royaume-Uni, remporté par l'énergéticien français EDF à 80% pour une valeur totale évaluée par la presse britannique à 20 milliards de livres (près de 24 milliards d'euros), fait face à la contestation active d'opposants qui s'inquiètent de ses conséquences écologiques.

Rassemblés dans une association portant le nom de "Together Against Sizewell C" (c'est-à-dire "Ensemble contre Sizewell C", et "TASC" en abrégé), les militants disent craindre que la zone prévue manque d'eau pour refroidir la centrale dans une lettre envoyée au gouvernement ce mardi.

La lettre adressée au ministre de l'Énergie Kwasi Kwarteng exige « l'annulation de la décision accordant l'autorisation de développement » avant le 16 août. « Si la réponse n'est pas satisfaisante, la prochaine étape est de déposer une plainte auprès du tribunal », assure l'avocat de TASC.

Le précédent Hinkley Point

Le projet vient pourtant d'être décidé par le gouvernement le 20 juillet au moment où la crise de l'énergie et la canicule qui sévit Outre-Manche ont redonné du poids à l'atome dans la stratégie énergétique du pays. Le ministre de l'Energie Kwasi Kwarteng avait hâté la procédure de décision et argué que « le besoin très important et urgent » de cette centrale nucléaire « l'emporte sur les dommages ». Les Britanniques veulent atteindre la neutralité carbone en 2050 en relançant leur parc nucléaire, actuellement doté de 15 centrales dont la plupart sont en fin de vie.

Au-delà des considérations écologiques, la faisabilité industrielle du projet interroge après les déboires d'EDF. Au Royaume-Uni, EDF est déjà chargé de fabriquer le site EPR de Hinkley Point C, dont les coûts s'envolent et les retards s'accumulent. L'ouverture n'est pas prévu avant 2027. Cela rappelle les déboires d'EDF dans le chantier EPR de Flamanville, confronté aux mêmes lenteurs et problèmes de construction qui l'empêcheront d'ouvrir avant fin 2023, soit dix ans de retard sur les objectifs initiaux.