Sureté nucléaire : Greenpeace condamnée lourdement pour son intrusion à la centrale de Cattenom

Par latribune.fr  |   |  564  mots
(Crédits : GREENPEACE)
Greenpeace France et neuf de ses militants ont été condamnés, mardi, pour s'être introduits le 12 octobre dernier dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle), dont ils voulaient démontrer la vulnérabilité, a-t-on appris auprès de l'organisation écologiste et sur le site internet du Républicain lorrain.

Le parquet a requis mardi à Thionville des peines de six mois de prison avec sursis à six mois ferme à l'encontre de huit militants de Greenpeace qui s'étaient introduits dans la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) en octobre ainsi qu'un  responsable de l'ONG.

La procureure, Christelle Dumont, a également réclamé devant la tribunal correctionnel une amende de 50.000 euros à l'encontre de Greenpeace France, représentée par son directeur général, Jean-François Julliard.

"C'est une première dans l'histoire de Greenpeace France"

 Les activistes avaient franchi deux grillages pour s'approcher d'un bâtiment et avaient tiré des fusées d'artifice avant d'être interpellés par les gendarmes. Deux d'entre eux, déjà impliqués par le passé dans des actions similaires, ont été condamnés à deux mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Thionville.

L'organisation s'est insurgé sur son compte Twitter.

Les sept autres, dont Yannick Rousselet, chargé de campagne chez Greenpeace, qui n'avait pas pénétré sur le site mais qui était présent à l'extérieur et se voyait poursuivi pour complicité, sont condamnés à cinq mois de prison avec sursis.

Greenpeace France devra en outre verser 20.000 euros d'amende et 50.000 euros à EDF en réparation du préjudice moral. Le tribunal a ordonné une expertise pour le préjudice matériel. Les militants encouraient cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende pour "intrusion en réunion et avec dégradation dans l'enceinte d'une installation civile abritant des matières nucléaires".

Le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, qui représentait l'organisation à l'audience, a annoncé son intention de faire appel.

"Ces lourdes sanctions ne sont pas acceptables pour l'organisation, qui a joué son rôle de lanceur d"alerte", affirme-t-il dans un communiqué en dénonçant "l'irresponsabilité d'EDF en matière de sécurité nucléaire".

Sécurité nucléaire et terrorisme

Des États-Unis à l'Allemagne en passant par la France et la Belgique, la chaine franco-allemande avait révèle, dans un documentaire diffusé en décembre 2017, les failles abyssales des systèmes de protection de sites nucléaires, conçus pour la plupart avant les attaques du 11-Septembre. Interrogeant experts, politiques et activistes de Greenpeace, le film montre aussi comment l'industrie nucléaire, aujourd'hui souvent déficitaire et surendettée, peine à mettre en œuvre des mesures efficaces - et forcément coûteuses - face au risque terroriste.

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On découvre ainsi qu'aucune norme internationale n'est imposée aux États nucléarisés, notamment pour ce qui concerne la sécurisation des matières les plus dangereuses, malgré les tentatives de Barack Obama, initiateur du Sommet mondial sur la sécurité nucléaire... Le silence qui entoure cette menace au nom de la confidentialité face à un ennemi potentiel prive de surcroît la société civile du légitime débat sur sa sécurité, quand les décisions pour la garantir relèvent du politique. Une investigation glaçante sur l'un des secrets les mieux gardés au monde.

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(avec agences)