Industrie : la confiance des chefs d'entreprise au plus haut

Par Grégoire Normand  |   |  676  mots
"L'année se termine sur une note très positive pour le secteur manufacturier français", a affirmé Alex Gill, économiste chez IHS Markit, cité dans un communiqué. (Crédits : REUTERS/Stephane Mahe)
La croissance de l'activité dans le secteur manufacturier s'est encore accélérée en décembre en France. Elle affiche son rythme le plus élevé depuis plus de 17 ans selon les résultats définitifs de l'enquête mensuelle d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats publiée mardi.

L'industrie française a retrouvé quelques couleurs en 2017. Selon un communiqué du cabinet Markit publié ce mardi 2 janvier, la croissance du secteur manufacturier a atteint son plus haut niveau depuis 17 ans, soutenue par une forte demande. Et cette situation devrait se maintenir pour 2018 selon les spécialistes.

La confiance au plus haut depuis 2012

Le moral des chefs d'entreprise du secteur industriel s'améliore. Après des années de morosité, la confiance des entreprises industrielles se renforce et atteint son plus haut niveau depuis juillet 2012, date du début de la collecte des données pour cet indicateur. Les répondants à l'enquête du cabinet Markit ont également expliqué qu'ils avaient bâti leurs perspectives de croissance pour 2018 sur une hausse des investissements.

Une croissance soutenue

L'industrie a ainsi conclu l'année 2017 "sur des bases solides", avec une production et les effectifs des fabricants "affichant leurs plus fortes croissances depuis le milieu de l'année 2000, soutenues par la plus forte expansion du volume des nouvelles commandes depuis sept ans".

"L'expansion du secteur repose sur une demande robuste sur le marché intérieur et sur les marchés à l'export, une tendance contribuant aux plus fortes croissances de la production et de l'emploi enregistrées" depuis le début des années 2000, a souligné Alex Gill, économiste chez IHS Markit.

L'indice calculé par Markit a ainsi mis en avant "la plus forte croissance de l'emploi depuis plus de 17 ans en décembre", le volume du travail en attente ayant continué d'augmenter pour cette fin d'année. L'augmentation du volume des ventes a ainsi entraîné une nouvelle hausse marquée de la production.

En parallèle d'un raffermissement de la demande, les fabricants français ont augmenté leur activité d'achats en décembre dernier, le taux de croissance du volume des achats atteignant en outre son plus haut niveau depuis avril 2011. Cette tendance créant des tensions sur les chaînes de distribution, les répondants signalent le plus fort allongement des délais de livraison de leurs fournisseurs depuis mars 2011.

Des perspectives encourageantes

Outre une confiance retrouvée et des carnets de commande bien remplis, les projections d'activité pour l'année à venir semblent montrer des signes encourageants. Pour l'expert Alex Gill :

"Tout semble prédire un maintien de la croissance au cours de l'année 2018, comme en témoigne notamment la nouvelle hausse soutenue des arriérés de production et le plus fort degré de confiance signalé dans le secteur depuis le lancement de l'enquête."

Un poids économique en berne

Malgré la bonne santé de tous ces indicateurs, le poids de l'industrie dans l'économie française continue de décliner. Selon de récents chiffres de la direction générale de l'entreprise, le poids de l'industrie(*) dans l'économie française est passé de 16,5% à 12,5% du produit intérieur brut entre 2000 et 2016.

> Lire aussi : Industrie : un poids économique toujours plus faible

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(Un graphique de notre partenaire Statista)

Du côté du personnel, si la France comptait 2,8 millions de salariés dans l'industrie manufacturière (soit 11,1% de l'emploi salarié total) à la fin du second trimestre 2017, toutes les régions, sauf l'Occitanie et la Corse, ont connu des destructions d'emplois entre 2010 et 2016. Et ce déclin de l'emploi industriel a lieu alors que pour la première fois depuis 2009,  les ouvertures de sites industriels ont été nettement plus nombreuses que les fermetures en France sur les huit premiers mois de l'année 2017, d'après les derniers chiffres du cabinet Trendéo.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé la récente nomination d'un délégué aux restructurations d'entreprises. Il sera chargé d'épauler le ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour "prévenir les risques de fermetures de sites et accompagner les industries" ainsi que pour "préparer l'avenir industriel de la France". Mais cette nomination, qui s'ajoute à la mise en place d'un conseil national de l'industrie, suffira-t-elle à relancer une filière en déclin depuis plusieurs décennies ? 

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(*) Industrie manufacturière, industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution.